LEMONDE.FR [20 janvier 2006]
Les premières estimations sur ce scrutin publiées en décembre 2005 avaient provoqué les protestations de plusieurs partis, en particulier des sunnites, qui, bien que minoritaires, ont gouverné le pays pendant toute la période du régime de Saddam Hussein. Cette contestation s'était concrétisée dans la formation d'un groupe appelé Maram (initiales arabes pour le "Congrès du refus d'élections falsifiées"), composé de partis sunnites et de la liste d'Iyad Allaoui, et menaçant de boycotter le nouveau Parlement si une enquête internationale n'était pas menée sur les fraudes supposées.
La validité du vote ne fait pourtant pas de doutes aux yeux des observateurs internationaux. La Mission internationale pour les élections irakiennes (MIEI), qui avait jugé, le 16 décembre 2005, que le scrutin s'était déroulé "en général, selon les normes internationales", a envoyé une délégation d'experts chargés de vérifier le processus post-électoral. Le 19 janvier, elle a indiqué dans son rapport final ne pas être en mesure de préciser l'étendue exacte des fraudes, mais n'a pas remis en cause le résultat et a rendu hommage aux efforts de la Commission électorale irakienne pour avoir réussi à organiser un scrutin.
SÉCURITÉ RENFORCÉE
Des son côté, la Commission électorale irakienne a annoncé, le 16 janvier, que les bulletins de 227 urnes, sur 31 500 au total dans tout le pays, soit moins de 1 %, avaient été annulés à cause d'irrégularités.
Craignant des violences lors de l'annonce des résultats électoraux, les autorités ont renforcé les mesures de sécurité, fermant pour quarante-huit heures les frontières des provinces à forte population sunnite de Diyala (au nord-est de Bagdad), de Salaheddine (au nord de la capitale) et d'Al-Anbar (ouest de l'Irak).
Les accès de Fallouja, ville sunnite et ancien bastion rebelle à 50 km à l'ouest de Bagdad, ont été aussi fermés pour trois jours, à partir de jeudi.
A Bagdad, une opération de sécurité baptisée "Unité nationale" est en cours.
Voici la répartition des sièges au sein du Parlement irakien de 275 sièges, élu le 15 décembre 2005 pour quatre ans, selon les résultats annoncés par un membre de la Commission électorale, Abdel Hussein Al-Hindaoui :
– Alliance irakienne unifiée (chiites conservateurs) : 128
– Coalition kurde : 53
– Front irakien de la concorde nationale (sunnites) : 44
– Liste nationale irakienne (libéraux et laïques) : 25
– Front irakien pour le dialogue national (sunnites) : 11
– Union islamique du Kurdistan : 5
– Réconciliation et Libération (sunnites) : 3
– Rissalioun (proche de la mouvance chiite radicale) : 2
– Liste Mathal Al-Aloussi, Nation irakienne: 1
– Liste turcomane : 1
– Liste Yazidi : 1
– Liste Rafidaïn (chrétiens) : 1.