LE MONDE | 02.08.05 |
éterminés à respecter les délais, malgré les divergences qui continuent de les opposer sur certaines questions fondamentales, les 71 membres du comité de rédaction d'une nouvelle Constitution pour l'Irak ont décidé, lundi 1er août, de présenter le projet au Parlement à la date prévue du 15 août.A la condition, a déclaré Houmam Hammoudi, le président dudit comité, que les chefs de partis et les responsables politiques assument leurs responsabilités et usent de leur influence pour parvenir à un compromis. Si ces derniers, qui doivent se rencontrer le vendredi 5 août, n'arrivent pas à s'entendre, les questions qui font encore problème seront déférées devant les 275 membres de l'Assemblée nationale transitoire qui devront trouver des solutions, a-t-il dit.
Bien qu'ayant achevé de rédiger 90 % du projet de Constitution, le comité, qui comprend des chiites et des sunnites arabes et kurdes bute sur une poignée de sujets que chaque faction considère capitaux pour l'avenir de l'Irak. Les risques d'impasse avaient poussé M. Hammoudi et d'autres membres du comité à souhaiter dimanche un délai supplémentaire de trente jours pour aplanir les difficultés. Ils ont dû se rétracter sous la pression du président irakien, Jalal Talabani, et des Américains, afin que les délais soient respectés.
LISTES ÉLECTORALES
L'administration Bush considère que le processus constitutionnel est vital pour maintenir l'élan de la relance des institutions politiques, vaincre l'insurrection et aplanir le terrain pour un retrait des forces de la coalition. D'après le magazine américain Newsweek, le Pentagone projette de ramener, à la mi-2006, à 80 000 le nombre de soldats américains déployés en Irak. Ils sont aujourd'hui 140 000.
Une fois approuvé par le Parlement, le texte de la Constitution doit être soumis à référendum le 15 octobre. La commission électorale a annoncé lundi que les Irakiens pourront s'inscrire sur les listes électorales à partir du 3 août.
Les difficultés entre responsables politiques portent principalement sur le rôle de l'islam et sur le fédéralisme. Les Kurdes refusent que l'islam soit désigné comme la principale source du droit. Les Arabes, principalement les sunnites, redoutent que le fédéralisme réclamé par les Kurdes n'entraîne la division du pays.
LES DROITS DES FEMMES
A ces questions s'ajoutent, selon un membre sunnite du comité, Mohammed Abed Rabbo, des divergences concernant la répartition des postes institutionnels sur une base confessionnelle, la détention d'une double nationalité et la désignation de la langue officielle exclusivement l'arabe ou l'arabe et le kurde.
Lors d'une conférence de presse lundi, des activistes des droits de la femme, dont Azhar Al-Cheikhly, membre du comité, ont réclamé l'adhésion de l'Irak aux conventions internationales relatives aux droits des femmes. Elles ont également demandé que 25 % des fonctions au sein des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire soient dévolus à la gent féminine. "Nous voulons voir nos mères, nos soeurs et nos filles participer sur un pied d'égalité avec les hommes à la construction d'un nouvel Irak" , a déclaré Mme Al-Cheikhly.
"L'un des défis les plus grands que doivent relever les Irakiens est celui de rétablir la confiance entre les diverses communautés" qui les composent, a déclaré aux journalistes l'ambassadeur américain, Zalmay Khalilzad. (AP.)
Article paru dans l'édition du 03.08.05