Le gouvernement irakien s'est dit prêt, samedi 3 novembre, à arrêter les dirigeants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui utilisent le nord de l'Irak pour lancer des attaques en Turquie, afin de calmer l'impatience d'Ankara dans sa lutte contre l'insurrection kurde.
Le porte-parole du gouvernement irakien a fait cette annonce en marge de la conférence sur la sécurité de l'Irak, réunie à Istanbul, qui a rassemblé une dizaine de ministres des affaires étrangères et s'est transformée en réunion sur les moyens d'empêcher une offensive turque de grande ampleur dans le nord de l'Irak.
"Ils seront arrêtés et toute menace visant l'Irak sera traitée selon la loi irakienne", a déclaré Ali Al-Dabbagh. Le porte-parole n'a pas exclu une action militaire commune avec la Turquie, mais le ministre irakien des affaires étrangères, Hochiar Zebari, a souligné qu'il existait tout un ensemble de mesures à prendre avant d'en arriver cette éventualité. La Turquie commence à perdre patience face à ce qu'elle considère comme l'inaction des forces américaines en Irak et de l'armée irakienne face au PKK. Elle a massé jusqu'à 100 000 hommes à sa frontière avec l'Irak, en prévision d'une éventuelle offensive. Samedi, la partie turque a à nouveau fait part de son exaspération, en prévenant que "toutes les options restent sur la table", y compris une intervention armée.
"NOTRE ENNEMI COMMUN"
La position turque a reçu le soutien d'une partie de la communauté internationale, le secrétaire général de l'ONU estimant notamment "inacceptable que le territoire irakien soit utilisé pour lancer des attaques transfrontalières". Présente à la réunion, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a affirmé que les Etats-Unis étaient résolus à aider la Turquie dans son combat. Les ministres des affaires étrangères américain, turc et irakien devaient se réunir en marge de la conférence, afin de se mettre d'accord sur une stratégie pour combattre ceux que Mme Rice a appelés "notre ennemi commun". Washington serant prêt à accepter des frappes ciblées de l'armée turque contre des camps d'entranement du PKK mais s'oppose à une offensive de grande ampleur dans la seule région d'Irak jusque-là relativement épargnée par les violences.En signe de bonne volonté, le gouvernement régional du Kurdistan a annoncé dès samedi que les locaux du petit Parti pour une solution démocratique au Kurdistan, qui soutient le PKK, avaient été fermés. Par ailleurs, l'agence de presse Firat, proche du PKK, a affirmé samedi que les huit soldats turcs retenus depuis le 21 octobre par l'organisation seraient remis dimanche à des députés kurdes turcs qui se sont rendus dans le nord de l'Irak. Trois députés du principal parti pro-kurde de Turquie, le parti pour une société démocratique (DTP), se sont rendus samedi dans le Kurdistan irakien pour assurer cette libération et c'est à eux que les conscrits turcs doivent être remis, croit savoir l'agence.