Capture d'écran Youtube
Lefigaro.fr | Par Mathieu Yerle
Décédé en 2000, ce chanteur engagé et très populaire avait dû fuir la Turquie où il n'était pas possible pour lui de chanter en kurde.
La tombe d'Ahmet Kaya, chanteur folk originaire du Kurdistan et très populaire dans les années 1980 et 1990 en Turquie, a été profanée samedi 13 novembre. Dans une vidéo postée sur Youtube, on voit plusieurs éléments de la tombe dégradée, tels que la reconstitution du visage du chanteur, et des ornements présents sur la tombe.
Une profanation dénoncée dans un tweet de l'adjoint à la mairie de Paris Paul Simondon.
La tombe d’Ahmet Kaya, grand chanteur populaire kurde disparu il y a 21 ans, a été dégradée hier samedi 13 novembre au cimetière du Père-Lachaise.
— Paul Simondon (@PaulSimondon) November 14, 2021
La Ville de Paris se tient aux côtés de sa famille et de tous les Kurdes pour dénoncer ce vandalisme motivé par la haine. pic.twitter.com/aqjzHjZhnu
Cette profanation intervient trois jours avant le 21e anniversaire de la mort du chanteur, décédé le 16 novembre 2000 dans la capitale. Une date loin d'être anodine, tant ce dernier aura marqué sa vie et son œuvre de son engagement politique sans faille.
De la censure et des fourchettes
Tout au long de sa carrière, Ahmet Kaya critique violemment le gouvernement turc dirigé au début des années 1990 par Süleyman Demirel. Militant communiste et fervent défenseur des droits de l'homme, ses chansons restent controversées et régulièrement censurées par le régime, qui l'accuse notamment d'être un membre du PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan. Il reste tout de même un chanteur très populaire, proche à l'époque d'un certain Recep Tayyip Erdogan, qui était alors maire d'Istanbul.
Sa carrière bascule avec son passage à la cérémonie de l'association de la presse magazine turque en février 1999. Au moment de recevoir son prix de meilleur chanteur de l'année, il annonce qu'une chanson de son futur album sera chantée en kurde. Scandale dans la salle, huées et mêmes jets de fourchettes en sa direction. Sous la pression médiatique et politique, Ahmet Kaya fuit à Paris quelques mois plus tard, avant un procès qui le voit être condamné par contumace à trois ans de prison, pour «propagande séparatiste». Il décède en novembre 2000 d'une crise cardiaque, mais son œuvre reste marquante dans l'histoire kurde récente.