Le 21 février 2007, Nicolas Sarkozy déclarait avec justesse : "La Turquie, qui n'est pas un pays européen, n'a pas sa place à l'intérieur de l'Union européenne." Nous ne pouvons qu'approuver cette réalité.
Pour que l'Europe existe politiquement, pour qu'elle soit une réalité pour nos concitoyens, il est nécessaire qu'elle ait des frontières, et celles-ci existent. C'est pourquoi nous sommes opposés à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne comme 71 % des Français et 66 % des Allemands, selon un sondage Louis-Harris de juin 2007. La Turquie est un Etat d'Asie mineure dont les frontières touchent la Syrie, l'Irak et l'Azerbaïdjan. Faire entrer la Turquie dans l'Europe signifie déplacer nos frontières sur les hauteurs du Kurdistan comme dans le désert irakien. L'Europe sans frontières, c'est la mort de l'idée de l'Europe politique, l'Europe sans frontières, c'est la condamner.
Nous sommes convaincus qu'intégrer la Turquie serait une erreur, car cela créerait un choc budgétaire qui mettrait en péril cette nouvelle Europe. En effet, selon une étude de la Commission européenne, le coût de l'intégration turque équivaudrait au quart du budget annuel de l'Union. L'entrée de la Turquie, dont la richesse par habitant est quatre fois plus faible que celle de l'Union élargie, ferait perdre "leurs droits à subsides" à une douzaine de régions devenues statistiquement "trop riches". Elle coûterait, rien qu'en matière agricole, 11,3 milliards d'euros par an, soit bien plus que le total des dépenses agricoles pour dix membres de l'UE.
Par ailleurs, il est impossible d'intégrer un Etat qui ne reconnaît toujours pas le génocide arménien, qui a coûté la vie à plus de 1,5 million d'Arméniens et qui n'a toujours pas effectué non plus d'avancées sur la question kurde ou encore sur la question chypriote. C'est la première fois dans l'histoire de l'Europe qu'un candidat à l'adhésion refuse de reconnaître un Etat membre de l'Union européenne et refuse d'accepter ses bateaux et ses avions sur son territoire !
Faut-il rappeler que la liberté d'expression, la liberté de la presse et la liberté d'association ne sont toujours pas respectées : l'article 301 du code pénal a été invoqué pour poursuivre des journalistes et des écrivains, notamment le Prix Nobel de littérature 2006, Orhan Pamuk.
En 2007, Arat Dink, le fils du journaliste d'origine arménienne assassiné, a été condamné à un an de prison avec sursis pour avoir publié des propos de son père sur le génocide arménien. Le 17 janvier, un tribunal turc a bloqué l'accès au site de vidéos YouTube. L'origine de ce blocage serait la présence de vidéos qui "insultent" Mustafa Kemal, fondateur et premier président de la République turque. Pour ces différentes raisons, et comme l'a souligné le président de la République, les négociations engagées pour l'adhésion de la Turquie doivent déboucher sur un partenariat privilégié, car il est nécessaire d'avoir des accords commerciaux avec ses voisins immédiats.
C'est à la France de prendre l'initiative avec ses partenaires du sud de l'Europe d'une Union méditerranéenne, comme elle prit jadis l'initiative de construire l'Union européenne. Ce n'est pas aux Etats-Unis de décider de la construction européenne et des élargissements possibles. Nous avons fait l'Europe pour exprimer une volonté commune, pas pour organiser notre renoncement collectif. La Turquie ne peut prétendre entrer dans l'Europe puisqu'elle ne fait pas partie de l'Europe, c'est une évidence qu'il nous faut continuer à défendre.
Sachant que l'article 88. 5 de la Constitution prévoit que toute nouvelle "adhésion d'un Etat à l'Union européenne (...) est soumise au référendum par le président de la République", et connaissant l'opinion des Français, nous restons fidèles à notre optimisme sur ce sujet.
Alain Lamassoure, député européen (PPE) ;
Thierry Mariani, député (UMP) ;
Bernard Carayon (UMP) ;
Jean-Pierre Decool (UMP) ;
Lionnel Luca (UMP) ;
Christian Ménard (UMP) ;
Jean-Frédéric Poisson (UMP) ;
Philippe Vitel (UMP) ;
Richard Mallié (UMP) ;
Hervé de Charette (UMP),
Georges Fenech (UMP).