ANKARA, 5 nov 2005 (AFP) - 19h51 - La Turquie a violemment critiqué samedi le refus du Danemark de retirer son autorisation à une chaîne de télévision kurde considérée par Ankara comme le porte-parole de la rébellion armée kurde en Turquie.
"Ils (les Danois) n'interdisent pas une chaîne de TV qui accorde son soutien au terrorisme ethnique", a déclaré à Stockholm le ministre turc de la Justice Cemil Cicek cité par l'agence Anatolie.
"Ceci est contraire à la législation de l'UE. Personne ne devrait jouer aux trois singes (ndlr: qui n'ont rien dit, rien vu, rien entendu)", a ajouté le ministre.
La Turquie demande depuis longtemps aux autorités danoises d'engager une action contre Roj TV du fait que cette chaîne est liée au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) interdit en Turquie et considéré tant par l'Union européenne que par les Etats-Unis comme une organisation terroriste.
La Turquie dénonce le fait que Roj TV, qui a commencé à émettre en mars 2004, incite à la haine et exprime ouvertement son soutien au PKK.
Le conseil de tutelle de la radio et télévision danoise a conclu au début de l'année que les émissions de la chaîne ne contenaient pas d'incitation à la haine et demandé à la police d'enquêter sur d'éventuelles relations de la chaîne avec le PKK.
La Turquie est parvenue par le passé à faire interdire deux chaînes de télévision dont le siège se trouvait en Europe: MED-TV dont l'autorisation d'émettre a été retirée par la Grande-Bretagne et son héritière MEDYA-TV que la France a refusé d'autoriser à émettre.
La démarche d'Ankara à l'encontre de Roj TV intervient au moment où redoublent les violences entre les forces turques et les rebelles du PKK qui ont dénoncé en juin 2004 la trêve unilatérale qu'ils s'étaient imposés pendant cinq ans.
Le mois dernier les rebelles du PKK ont décidé unilatéralement un cessez-le-feu de six semaines.
Plus de 37.000 personnes ont trouvé la mort depuis 1984, date à laquelle le PKK a engagé une lutte armée pour obtenir l'autodétermination du sud-est de la Turquie à majorité kurde.