26 décembre 2008 | Cécile Cassier
« Première historique » si l’on en croît l’association internationale des Amis de la Terre, les arguments environnemental, social et culturel semblent avoir triomphé des intérêts financiers dans le cadre du projet de barrage d’Ilisu, en Turquie. En effet, la Turquie n’est pas parvenue à relever l’ultimatum posé le 8 octobre dernier par les agences de crédit à l’exportation autrichienne, allemande et suisse.
Celles-ci avaient alors exigé que le pays corrige son projet, l’accusant de bafouer les quelques 150 conditions sociales, environnementales et politiques imposées lors de la signature du contrat en mars 2007.
Or, le délai de 60 jours accordé au gouvernement turc pour renverser la vapeur s’étant avéré insuffisant, l’ensemble des investisseurs a décidé, sur un commun accord, de se retirer officiellement du projet.
Si ce retrait ne sera effectif qu’après une période de 180 jours, il marque déjà un tournant majeur. C’est en effet la première fois qu’une garantie de crédit à l’exportation est suspendue pour des exigences d’ordre environnemental et social.
Originairement prévu sur le fleuve du Tigre, ce barrage hydroélectrique, s’il avait vu le jour, aurait entraîné le déplacement d’environ 78 000 personnes, dont une majorité kurde. D’une puissance voulue de 1 200 MW, il aurait occasionné l’inondation d’une surface de 313 km², accueillant 52 villages et 15 villes moyennes. Outre la perte de nombreux sites archéologiques et les répercussions sur l’environnement, cette construction aurait pu être une source potentielle conflit dans la répartition de l’approvisionnement en eau des pays situés en aval, la Syrie et l’Irak.
A la lumière de ce rebondissement, les Amis de la Terre ont réitéré leur appel à la Société Générale, également investie dans le projet, en l’exhortant à suivre l’exemple et à renoncer à son implication dans cet ouvrage.
Source : http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=3524