Le départ des troupes étrangères au cœur du programme du gouvernement irakien

Info 20 mai 2006 

Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a placé la lutte antiterroriste et le départ des troupes étrangères d'Irak au coeur de son programme, dans son discours de politique samedi 20 mai au Parlement. L'Irak doit "dénoncer le terrorisme" et "établir une atmosphère d'amour et de tolérance," a affirmé M. Maliki en lisant son programme comportant 34 points après que le Parlement eut investi son gouvernement, le premier cabinet permanent de la période post-Saddam Hussein.
Il a également mis l'accent sur la nécessité pour son pays d'établir "un calendrier afin que les forces de sécurité irakiennes puissent assumer pleinement les tâches de sécurité et pour mettre un terme aux missions de la Force multinationale afin que les troupes regagnent leur pays respectif".  Il n'a toutefois pas évoqué de date pour un tel retrait.

Le dernier point de son programme est consacré aux milices qui sont accusées d'exactions au sein des communautés. Le texte se borne à indiquer qu'il est nécessaire "d'appliquer la loi 91 relative aux milices", qui prévoit leur dissolution et leur intégration dans les forces de sécurité officielles.  M. Maliki a souligné la nécessité de porter les efforts du nouveau gouvernement sur la reconstruction, spécifiquement sur la priorité donnée des fournitures d'électricité à la population qui font défaut, comme à Bagdad où les habitants disposent de moins de quatre heures par jour de courant.

Auparavant, Nouri Al-Maliki avait présenté  son gouvernement d'union nationale devant le Parlement irakien. Pour ne pas repousser davantage cette échéance - déjà reportée par deux fois - M. Al-Maliki a préféré se donner davantage de temps pour désigner les titulaires des ministères de la défense et de l'intérieur, sur lesquels aucun accord n'a pu être trouvé entre les partis sunnites, chiites et kurdes.

GOUVERNEMENT INCOMPLET

Pour surmonter cet obstacle, le premier ministre a annoncé qu'il assurerait lui-même l'intérim à l'intérieur, tandis qu'un de ses vice-premiers mininstres assurerait temporairement les responsabilités du ministre la défense. C'est donc un gouvernement incomplet, comptant 37 ministères, que le premier ministre a présenté. Plusieurs députés du Front de la Concorde, la principale coalition sunnite, offusqués par ce procédé, ont quitté les lieux pour signifier leur mécontentement.  Le Parlement a toutefois investi la nouvelle équipe gouvernementale.

Parmi les nominations les plus attendues, figurait celle au ministère stratégique du pétrole, confié au chiite indépendant Hussein al-Chahristani, et celle au ministère des affaires étrangères, où le Kurde Hosyar Zebari a été confirmé.

Avant même le vote du Parlement, la désignation d'un nouveau gouvernement irakien avait été qualifiée d'"avancée majeure dans le processus politique" par un haut responsable américain cité, sous couvert de l'anonymat, par l'AFP. Responsable qui poursuivait aussitôt : le gouvernement irakien "va enfin être en mesure de prendre les décisions difficiles qui s'imposent sur la sécurité, sur les questions politiques et la reconstruction de l'économie".

La question de la sécurité est tout particulièrement préoccupante : samedi, 26 personnes au moins ont été tuées dans le pays, dont 19 ouvriers dans un attentat à la bombe dans un quartier chiite de Bagdad, tandis que 15 corps mutilés ont été découverts au sud de la capitale.Deux soldats britanniques ont également  été blessés dans l'explosion d'une bombe placée en bord de route près de Bassora.


Avec AFP et Reuters

Réactions

Le premier ministre britannique, Tony Blair, a déclaré sur Sky TV : "Je suis naturellement très soulagé que nous ayons un gouvernement. Il a fallu se ronger les sangs pendant près de six mois pour qu'il voit le jour. "Je pense que cela constitue un changement tout à fait crucial en Irak ". Le chef du gouvernement britannique a d'autre part appelé la communauté internationale à "soutenir le gouvernement irakien et à l'aider".

L'ambassadeur des Etats-Unis en Irak, Zalmay Khalilzad, a qualifié le processus ayant abouti à la formation de la nouvelle équipe de "sans précédent dans la longue histoire de l'Irak".  "L'avenir de l'Irak déterminera celui du Grand Moyen-Orient", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. "L'avenir de cette région déterminera l'avenir du monde durant le siècle à venir".

Le nouveau président du Conseil italien Romano Prodi s'est adressé au nouvel exécutif irakien : "Le choix (de faire participer) l'ensemble des composantes de votre pays constitue une étape importante, sur le chemin délicat qui mène à la reconstruction d'un Irak démocratique. L'Italie appuie l'Irak dans cette direction".

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa a affirmé que la formation de cet exécutif marquait une étape vers la sécurité et la stabilité. Il a par ailleurs formulé l'espoir que les portefeuilles de la défense et de l'intérieur soient pourvus rapidement. (Reuters)