AP/YAHYA AHMED Le chef de la région du Kurdistan, Massoud Barzani, lors de son discours au Parlement kurde à Irbil, le 3 septembre 2006. |
La Constitution, adoptée en octobre 2005, a affirmé le caractère fédéral de l'Irak - avec le soutien de la majorité chiite - et prévoit l'adoption d'un nouvel emblème national. Mais, jusqu'à présent, le Parlement a échoué à trouver un consensus sur ces questions. La notion de fédéralisme est rejetée, notamment par les Arabes sunnites, qui voient dans ce projet les prémices de l'éclatement du pays et la perte, pour leur communauté, des ressources pétrolières, concentrées dans le Nord contrôlé par les Kurdes et, dans le Sud, par les chiites.
Plus de trois ans après l'invasion américaine et la chute de Saddam Hussein, l'Irak est la proie de violences intercommunautaires qui ont fait plusieurs milliers de morts. Abrité dans les montagnes du Nord, seul le Kurdistan a été épargné. Mais la plupart de ses demandes n'ont pas abouti. Le statut de la ville pétrolifère de Kirkouk, revendiquée par les Kurdes, reste l'objet d'âpres débats. Elle a été à plusieurs reprises le théâtre d'attentats meurtriers.
NATIONALISME EXACERBÉ
C'est dans un contexte de nationalisme kurde, exacerbé par le procès de Saddam Hussein, actuellement jugé pour génocide dans l'affaire des campagnes militaires d'"Anfal" au Kurdistan, que Massoud Barzani a décidé de hausser le ton. Et d'ordonner, le 28 août, que "tous les édifices publics (du Kurdistan) arborant le drapeau baasiste l'ôtent et le remplacent par le drapeau kurde".
Le président irakien, le Kurde Jalal Talabani, s'est voulu rassurant. "Il n'y a aucune idée d'un Kurdistan séparé de l'Irak, a-t-il affirmé mardi : nous ne sommes pas pour le séparatisme." Mais en promettant un nouvel étendard et en définissant l'actuel comme "le drapeau de Saddam, sous lequel beaucoup de crimes ont été commis dans le nord et dans le sud du pays", il a ravivé la méfiance. "Quand nous avons élu (M. Talabani), il a prêté serment devant le drapeau irakien et a juré de protéger la souveraineté du pays", a tempêté le député sunnite Salah Motlaq, qui a dénoncé une "violation du caractère sacré de la Constitution irakienne".