jeudi 12 octobre 2006, 13h48
STOCKHOLM (AP) - Le romancier turc Orhan Pamuk, qui est entré en conflit avec le gouvernement de son pays sur la question arménienne et kurde et a été poursuivi en justice pour "insulte à l'identité turque", a reçu jeudi le prix Nobel de littérature pour ses nombreux ouvrages traitant du choc et du mélange des cultures.
Pamuk, qui faisait partie cette année des favoris, a notamment écrit "Neige", "Mon nom est rouge" et "Le livre noir". Agé de 54 ans, il est né à Istanbul.
Selon l'Académie suédoise, Pamuk, "en quête de l'âme mélancolique de sa ville natale, a découvert de nouveaux symboles du choc et du mélange des cultures".
L'annonce publique de ce Nobel par le chef de l'Académie suédoise Horace Engdahl a été accueilli par une salve d'applaudissements par l'auditoire à Stockholm.
Pamuk avait été traduit en justice pour avoir déclaré en février 2005 à un journal suisse que la Turquie refusait de faire face à deux des épisodes les plus douloureux de son histoire récente: le massacre de centaines de milliers d'Arméniens durant la première guerre mondiale et les affrontements plus récents avec les rebelles kurdes dans le sud-est anatolien.
Toutefois, en janvier dernier, sous la pression internationale, la justice turque avait décidé d'abandonner les charges qui pesaient contre Pamuk, mettant fin à un procès qui avait scandalisé tous les observateurs occidentaux et soulevé des doutes sur l'engagement d'Ankara en faveur de la liberté d'expression.
"Trente mille Kurdes et un million d'Arméniens ont été tués sur ces terres, et personne d'autre que moi n'ose en parler", avait-il notamment déclaré dans cette interview.
Ce prix Nobel a été décerné au moment même où l'Assemblée nationale française adoptait une proposition de loi punissant la négation du génocide arménien. Ce texte vient compléter une précédente loi, votée en 2001, par laquelle la France reconnaissait officiellement le génocide arménien. AP
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