[Avec AFP - 18 septembre 2005] Le Parlement irakien a donné aujourd'hui son feu vert à l'impression du projet de constitution soumis au référendum le 15 octobre, alors qu'un député kurde a été assassiné et un soldat américain tué samedi et que l'armée britannique a interpellé le chef d'une milice chiite à Bassorah (sud).
«Nous remettons le projet de constitution à l'Onu», a annoncé le vice-président de l'Assemblée nationale Hussein Charistani, après avoir lu aux députés cinq articles du texte qui ont été modifiés, à la suite notamment de demandes de la communauté sunnite.
L'Onu est chargée d'imprimer quelque 5 millions de copies du texte en vue de leur distribution à la population avant le référendum.
«Si tout va bien nous commencerons l'impression de la constitution demain», a dit un membre de la représentation des Nations Unies, présent à la chambre, et requérant l'anonymat.
«L'impression prendra environ dix jours», a-t-il ajouté, en précisant que quatre millions d'exemplaires seraient imprimés en arabe et un million en kurde.
Le texte «sera distribué par différents moyens afin d'atteindre tous les groupes ethniques dans toutes les régions», et cette distribution sera effectuée «en coordination étroite avec le gouvernement irakien», a-t-il conclu.
Le projet définitif a repris l'essentiel des modifications apportées au texte quand il a été présenté aux Nations-Unies mercredi dernier à Bagdad.
La seule modification d'importance depuis lors concerne l'article 3, dans lequel est supprimé la mention que le «peuple arabe (de l'Irak, ndlr) fait partie de la nation arabe». Les Arabes sunnites ont jugé que cette précision sous-entendait que l'Irak ne faisait pas partie de la nation arabe.
L'article 3 mentionne, comme prévu dans la version remise mercredi, que l'«Irak est un membre fondateur et actif de la Ligue arabe», pour tenter de satisfaire à la fois les Arabes sunnites et l'organisation panarabe.
Par ailleurs, le texte final supprime l'article 44, relatif aux «conventions et accords internationaux relatifs aux droits de l'Homme», en consacrant ainsi la suprématie de la Constitution irakienne sur les conventions internationales.
On a ajouté dans le nouveau texte que le Premier ministre sera secondé par deux vice-Premiers ministre durant la première législature.
Les deux autres modifications portent sur le partage équitable des ressources en eau.
La séance de l'Assemblée s'est ouverte par une minute de silence à la mémoire du député kurde de la liste kurde, Fares Nasser Hussein, assassiné samedi soir par des inconnus armés alors qu'il se rendait à Bagdad, selon une source au ministère de l'Intérieur.
Un collègue kurde de M. Hussein, Haydar Kassem Chenchu, a été blessé et un chauffeur et un garde du corps sont morts dans cette attaque contre leur convoi, survenue à Mouchahadah, à 30 km au nord de Bagdad.
M. Hussein est le troisième membre du Parlement, issu des élections du 30 janvier dernier, a être assassiné, après la mort du doyen de la chambre, Dhari al-Fayad le 28 juin, et celle de Lamiya Abed Khaddouri le 27 avril.
Dans d'autres violences, un soldat américain a été tué samedi soir par l'explosion d'un engin piégé près de Al-Asad, dans l'ouest de l'Irak, selon un communiqué de l'armée américaine dimanche.
Ce décès porte à 1.894 le nombre de soldats américains tués depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres du Pentagone.
Enfin Cheikh Ahmad al-Fartoussi, commandant pour Bassorah de l'Armée du Mehdi, la milice de l'organisation du chef radical chiite Moqtada al-Sadr, a été interpellé à son domicile, avec son frère et un troisième homme, dans une opération conjointe des forces britanniques et de la police irakienne, selon un membre du mouvement Sadr à Bassorah. Le chef de milice est suspecté de liens avec des actes terroristes, selon l'armée britannique.