BAGDAD, 2 oct (AFP) - 17h07 - Le Premier ministre irakien, Ibrahim Jaafari, a refusé d'entamer dimanche une polémique après des propos acerbes du président Jalal Talabani l'accusant de vouloir accaparer l'ensemble des pouvoirs exécutifs, et de ne pas respecter un accord pour régler le sort de Kirkouk (nord).
"J'ai entendu comme vous (les propos de M. Talabani) mais je n'ai pas le temps de livrer des réactions personnelles", a affirmé M. Jaafari lors d'une conférence de presse dimanche. Expliquant employer tout son temps à "diriger le pouvoir exécutif au sein du gouvernement", le Premier ministre chiite a ajouté: "Quand le temps sera venu, je m'exprimerai fortement". Le président Talabani, un Kurde, a accusé M. Jaafari d'outrepasser ses prérogatives fixées par la Loi de l'autorité transitoire (TAL), qui régit actuellement le pays avant l'adoption d'une Constitution permanente. "Un de nos problèmes avec le Premier ministre est qu'il viole la loi", a dit le président, cité samedi par le journal Ittihad de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), dont il est le chef. Il a fait référence à l'article 24, qui stipule que "le gouvernement irakien transitoire (...) est composé de l'Assemblée nationale, du Conseil de la présidence, du conseil des ministres, dont le Premier ministre, et de l'autorité judiciaire". Selon M. Talabani "le Premier ministre ne devrait pas chercher à représenter à lui seul le gouvernement", puisqu'il "n'en représente qu'un quart". Autre point de tension, le statut de la ville multiethnique de Kirkouk, dont les Kurdes revendiquent le rattachement à leur province autonome du Kurdistan d'Irak. Le régime de Saddam Hussein y avait pratiqué une politique d'arabisation dès le début des années 1960, tout en en chassant des Kurdes. Le journal de l'UPK a rappelé qu'au lendemain des élections, les alliances chiite et kurde, les deux grands vainqueurs du scrutin, avaient signé un accord pour favoriser le retour des Kurdes dans cette ville, en prévoyant notamment des compensations financières pour aider à leur réinstallation. "Il y a eu un protocole signé par six membres des deux parties. Ses articles n'ont pas été appliqués. Le Premier ministre prend des décisions unilatérales", a accusé M. Talabani.