Le procès de Saddam Hussein satisfait Kurdes et chiites

BAGDAD, 4 sept (AFP) - 13h10 - L'ancien dictateur Saddam Hussein fera face à partir du 19 octobre au Tribunal spécial irakien (TSI) chargé de le juger pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité à la satisfaction des chiites et des Kurdes qui n'ont cessé de demander de le faire comparaître rapidement.

Les premières réactions à l'annonce officielle du début du procès confirment l'impatience des membres des deux communautés, durement réprimées sous l'ancien régime, de voir son premier représentant répondre de ses "crimes".

"J'ai toujours été partisan d'un jugement rapide de Saddam Hussein. Le plus tôt sera le mieux", a déclaré à l'AFP un député chiite, Montassar al-Amara qui dit avoir accueilli l'annonce avec une "grande satisfaction".

Le porte-parole du gouvernement Leith Koubba a déclaré que "l'ouverture du procès aura lieu le 19 octobre", ajoutant que Saddam Hussein et d'autres responsables de son régime, dont Taha Yassine Ramadan, son vice-président, et Barzan Ibrahim al-Hassan, son demi-frère et ancien patron des renseignements, comparaîtront alors devant le TSI.

Pour M. Al-Amara, peu importe si Saddam Hussein est jugé pour "un ou tous les crimes qu'il a commis contre le peuple irakien".

"Nous nous sentions si frustrés de le voir s'éterniser dans sa prison", a-t-il dit, reflétant une opinion largement répandue chez les chiites, majoritaires dans le pays.

Ces derniers ont été, avec les Kurdes, les principales victimes du régime de Saddam Hussein qui s'est effondré en avril 2003 avec l'entrée des troupes américaines, moins de trois semaines après le début de l'invasion du pays.

Dans la longue liste des exactions de son régime figurent la dure répression du soulèvement chiite qui avait suivi en 1991 la débandade peu glorieuse de ses troupes envoyées conquérir le Koweït sept mois plus tôt, le gazage du village kurde de Halabja en 1988, qui avait fait 5.000 victimes et la campagne Anfal, contre des villages kurdes qui aurait fait 180.000 morts.

Chez les Kurdes, la satisfaction pour l'annonce du procès de leur ennemi juré se mêle à une certaine frustration de le voir comparaître seulement pour le massacre 143 villageois chiites de la localité de Doujaïl au nord de Bagdad.

"On aurait aimé le voir comparaître pour l'ensemble des crimes commis contre le peuple irakien", souligne le député kurde Nawzat Saleh, alors que le TSI s'emploie encore à réunir des preuves contre l'ancien dictateur au Kurdistan

Des sources kurdes ont annoncé fin août un déplacement du chef des juges d'instruction du TSI, Raed Jouhi, dans les trois provinces du nord du pays pour inspecter le travail de deux bureaux de cette juridiction qui continuent à travailler à réunir des preuves contre l'ancien dictateur.

Le TSI, mis en place par les Américains, mais qui se veut indépendant a fait face depuis le début à de fortes pressions politiques pour accélérer la procédure de mise en accusation et le procès de l'ancien dictateur.

C'est ce que souligne l'un des rares députés sunnites au Parlement, Abdel Rahmane al-Nouaïmi, qui parle à la fois de "pressions internes et externes".

Un porte-parole du tribunal a dû s'exprimer publiquement le mois dernier pour dire qu'il revient à cette juridiction et à elle seule de fixer le début du procès de Saddam Hussein et de ses lieutenants.

D'ailleurs, en annonçant la date du 19 octobre comme début du procès, le porte-parole du gouvernement a tenu à souligner qu'il tenait ses informations du TSI et expliqué que le tribunal ne l'avait pas fait lui même parce qu'il n'avait pas de porte-parole officiel.

Mais ceci ne l'a pas empêché de donner son avis, en tant qu'homme politique, sur l'après procès, en estimant que si Saddam était condamné à mort il faudrait exécuter rapidement la sentence.