Article publié le 16/10/2005
|
Avant même que n’en soit connu le résultat, le référendum sur le projet de Constitution irakienne est d’ores et déjà un succès grâce à la forte mobilisation des électeurs, qui à en croire les premières estimations, étaient plus de 61% à se rendre aux urnes.
Et la communauté internationale, Etats-Unis en tête, a rendu hommage à ses hommes et à ses femmes qui ont bravé la guérilla irakienne qui menaçait de transformer ce scrutin en un bain de sang.
Le ministre de l’Intérieur irakien, Bayan Baqer Soulagh, ne cache pas sa satisfaction. Pour lui, «tout a parfaitement fonctionné». L’imposant dispositif de sécurité qu’il a mis en place pour garantir la bonne tenue du référendum a en effet fait ses preuves. Seule une personne a ainsi été tuée par balle à Bagdad pendant les heures de vote, les cinq autres victimes de ce jour qualifié d’historique étant tombées avant ou après le scrutin. Invités à décider des contours de leur futur Etat, les Irakiens se sont en tout cas déplacés en masse pour aller voter. Et même si très peu de suspense entoure le résultat de ce scrutin , la communauté internationale a avant tout salué le geste des électeurs qui ont refusé de céder aux menaces proférées par la guérilla irakienne. Trois jours avant le référendum, deux attentats suicide avaient en effet coûté la vie à une soixantaine de personnes.
Les Nations unies, qui ont apporté une aide technique au gouvernement pour l’organisation du scrutin, ont ainsi salué une consultation «incroyablement pacifique». La chef de l’équipe onusienne sur place, Carina Perelli, a souligné que «la chose importante était que pour la première fois depuis longtemps, les Irakiens s’étaient tournés vers les urnes et non vers les armes». Dans un communiqué publié à New York, le secrétaire général Kofi Annan a de son côté estimé que le référendum de samedi «offrait une chance à tous les Irakiens de s’éloigner de la violence et de s’unir dans un esprit de réconciliation nationale pour bâtir un Irak démocratique, uni et prospère». Il s’est également engagé à ce que les Nations unies fassent «tout leur possible pour aider les Irakiens à réaliser cet objectif».
De leur côté, les Etats-Unis, qui n’avaient pas caché leur préoccupation quant à un déchaînement de violences samedi, se sont félicités du bon déroulement du scrutin. En visite au Royaume-Uni, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice a ainsi qualifié d’«important jalon» le référendum sur la Constitution en Irak. «Il y a à présent un processus démocratique dans lequel la majorité des Irakiens voient leur avenir et dans lequel ils investissent leur avenir», a-t-elle déclaré à la BBC. La chef de la diplomatie américaine a encore une fois défendu l’idée qu’un Irak démocratique contribuerait à instaurer la paix au Proche-Orient et à mettre fin à «l'idéologie extrémiste de la haine». Condoleeza Rice, qui a estimé que le «oui» devrait l’emporter, s’est par ailleurs félicité de la participation des sunnites au processus politique. «Un million d'électeurs de plus qu'en janvier –lors des législatives– ont participé» à ce référendum a-t-elle souligné, notant que «l'augmentation la plus spectaculaire se trouvait dans les zones sunnites» où la participation est passée de 29% à plus de 60%.
Résultat non officiel publié le 20 octobre
Le dépouillement du scrutin a commencé dès la fermeture des bureaux de vote samedi soir. La Commission électorale, qui dans un premier temps avait estimé que 61% des électeurs s’étaient rendus aux urnes, pourrait revoir ce taux de participation à la hausse. Elle devrait par ailleurs publier un premier résultat non officiel dès le 20 octobre. «Le dépouillement des bulletins de vote est en cours et dans les deux prochains jours, on pourrait donner un résultat partiel. Le résultat non officiel sera probablement fourni à la presse dans cinq jours, soit le 20 octobre», a ainsi déclaré Farid Ayyar un responsable au sein de cette instance. Selon lui, une fois ce résultat publié, les plaintes sur d’éventuelles violations constatées lors du scrutin seront alors examinées. Et ce n’est qu’une fois cet examen terminé que le résultat définitif sera officiellement proclamé.
Mais d’ores et déjà des chiffres circulent. Ainsi, selon l’agence Reuters, un tiers des électeurs inscrits dans la zone verte –le quartier fortifié des ministères à Bagdad– aurait rejeté le projet de Constitution. Les habitants de la province irakienne de Salaheddine, majoritairement sunnites, se seraient également prononcés à 70% contre ce texte. Mais malgré ce qui s’apparente à une forte mobilisation de la minorité sunnite en faveur du «non», il semblerait tout de même que la tendance soit à une adoption de la Constitution. Une fois sa ratification officiellement entérinée, des législatives seront alors organisées le 15 décembre prochain et un gouvernement représentatif sera investi avant la fin de l'année. Toutes les communautés se préparent d’ores et déjà à ce scrutin dont l’enjeu est capital. Car peser dans la future Assemblée nationale donnera aux communautés qui le souhaitent l’opportunité d’obtenir un remaniement de la Constitution, qui malgré sa plus que probable adoption, est en effet loin de faire l’unanimité.
Mounia Daoudi
Dernière mise à jour le 16/10/2005 à 14:46 (heure de Paris)
Adresse de la page : http://www.rfi.fr/actufr/articles/070/article_39198.asp