Les héros kurdes de Kobané reçus par François Hollande

mis à jour le Mardi 10 février 2015 à 13h00

France24.com

François Hollande a reçu, pour la première fois, des représentants de la principale organisation des Kurdes syriens, le PYD, dont la branche armée a vaincu les jihadistes de l'EI à Kobané. Ils demandent un soutien accru de la France.

Le président Hollande a reçu, dimanche 8 février, une délégation du principal parti kurde de Syrie, qui contrôle depuis 2011 les zones kurdes du nord syrien. Lors de cette rencontre, qualifiée d’historique par les Kurdes, la co-présidente du parti de l’Union démocratique (PYD), Asiya Abdellah, et Nassrin Abdalla, commandante de la branche féminine des Unités de protection du peuple (YPG, branche armée du PYD), ont demandé une aide logistique de la France pour contrer les jihadistes de l’organisation de l’État islamique (EI).

"C’est une rencontre historique et c’est peut-être une première étape vers quelque chose de positif", a déclaré Asiya Abdellah, lundi soir. "La rencontre s’est bien passée mais maintenant on attend des gestes concrets, des actes de la part de la France. Pour vaincre Daech [acronyme arabe de l’EI, NDLR], qui dispose d’armes sophistiquées, nous avons besoin d’armes", a-t-elle affirmé. "François Hollande a salué la victoire de Kobané, on lui a dit qu’on était prêts à combattre de manière plus forte encore et qu’on souhaitait qu’il y ait un bureau entre la France et les kurdes qui permette de coordonner ces actions", a rapporté la co-présidente du YPG.

Le PYD, "organisation terroriste" au même titre que le PKK ?

Cette rencontre intervient après les contacts directs survenus en octobre entre le parti kurde et des responsables américains à Paris, présentés comme sans précédent par Washington. Par ailleurs, le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, doit rencontrer François Hollande, mardi soir à Paris.

À l’Élysée, la rencontre organisée dimanche avec le PYD est qualifiée de "réunion plutôt de nature d’information privée" et l'on insiste sur les "très bonnes relations avec les Kurdes" sans donner davantage de précisions sur l’aide qui leur est apportée.

Le parti kurde syrien est considéré par la Turquie comme une "organisation terroriste" au même titre que le mouvement frère du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène depuis 1984 la guérilla sur le sol turc. Le PKK figure également sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne, sans que le PYD, ni sa branche armée le YPG, ne soient mentionnés.

 

La "victoire" kurde à Kobané

La visite du PYD a Paris fait suite à son avancée sur le terrain face à l’EI en Syrie. Le mouvement est sorti renforcé de la bataille de Kobané, ville syrienne kurde à la frontière turque. Sa branche armée, appuyée par les frappes aériennes de la coalition emmenée par les États-Unis, a infligé l'une des plus importantes défaites à l’EI en reprenant le contrôle de la ville le 26 janvier.

Après leur victoire à Kobané, les combattants du YPG s’emploient désormais à sécuriser les zones alentour. "La campagne de libération des environs de Kobané a déjà commencé, cette campagne continue avec succès, et nous avons à ce jour libéré 140 villages", a souligné la co-présidente du PYD. "Ce qui est stratégique pour nous c’est d’avoir un corridor, notamment entre les deux cantons de Kobané et de Cezire, mais entre les deux il y a les forces de Daech, c’est pour cela qu’on a besoin d’aide."

Avec Reuters et AFP