Répression massive des gardiens de la révolution iranienne qui tirent à balles réelles sur des manifestants pacifiques qui ont fait à ce jour une centaine morts dont 42 cette semaine dans les villes du Kurdistan iranien ; bombardements meurtriers de l’aviation et d’artillerie turques contre les Kurdes de Syrie qui ont détruit une importante centrale électrique, un hôpital, des silos de céréales, des installations pétrolières et qui ont fait au moins une cinquante de morts ; drônes et missiles iraniens bombardant des camps des réfugiés kurdes iraniens au Kurdistan irakien qui subit déjà depuis des mois les incursions et bombardements de l’aviation turque, en toute impunité : les Kurdes sont dans la tourmente.
Les protestations verbales du Gouvernement irakien contre Ankara et Téhéran, les réactions molles des chancelleries occidentales appelant leur allié turc de l’OTAN « à la retenue » ou exprimant « des préoccupations » restent inaudibles et sans effet sur le cours des événements.
Le Gouvernement turc justifie sa nouvelle campagne meurtrière contre le Rojava comme une opération de vengeance après l’attentat du 13 novembre qui a fait 6 morts dans la rue Istiklal d’Istanbul. La police turque a, avec une célérité extraordinaire, présenté une coupable, Ahlam al-Bashir, qui aurait perpétré l’attentat « sur l’ordre du PYD/PKK ». Tous les mouvements kurdes ont démenti immédiatement la moindre implication dans cet attentat, qu’ils condamnent fermement et qu’ils considèrent comme un coup monté des services turcs pour justifier une nouvelle invasion annoncée par le président turc depuis des mois.
Pourquoi ?
Tout d’abord qui est cette Ahlam al-Bashir ? D’après le général Mazloum Kobani, commandant en chef des Forces démocratiques Syriennes (FDS) alliées de la Coalition internationale dans la guerre contre Daech, l’enquête de ses services a établi que cette femme est originaire d’une famille arabe de la province d’Alep. Trois de ses frères ont combattu dans les rangs de Daech et ont été tués. Le quatrième frère est commandant d’une milice islamiste pro-turque opérant dans le canton d’Afrin, ce qu’elle a d’ailleurs « avoué » selon le quotidien turc Sabah. Elle aurait-elle-même été mariée à trois reprises à des djihadistes de Daech tous tués au combat. Et elle a rejoint la Turquie en traversant les territoires sous occupation turque hautement surveillés. Elle serait à Istanbul depuis 4 mois.
Tout ce parcours ne fait pas d’elle une « agente spéciale kurde » mais une personne manipulable à souhait par des services turcs.
La ville héroïque de Kobané, où les forces kurdes ont infligé à Daech sa première défaite en 2015 au grand déplaisir du président turc Erdogan, est l’une des cibles de l’armée turque qui veut détruire ce symbole de la résistance et prendre la revanche du Daech. A noter que dans ce même esprit, des drônes turcs ont bombardé les abords d’une grande prison kurde de la ville de Qamisli où sont détenus les prisonniers de Daech ainsi que les postes de garde kurdes du camp d’Al-Hol où sont regroupés des dizaines de milliers, de djihadistes et des membres de leur famille. Le régime turc veut assurément « libérer » ses anciens protégés prisonniers de ses ennemis kurdes.
Ces nouvelles opérations n’auraient pas pu avoir lieu sans le feu vert de Poutine dont l’armée contrôle l’espace aérien syrien.
La coalition alliée contre Daech va-t-elle une nouvelle fois trahir les Kurdes qui ont consenti plus de 12.000 morts dans la guerre commune contre Daech ?
C’est la question qui nous nous posons tous.
Beaucoup de Kurdes et des amis des Kurdes nous demandent ce qu’ils peuvent faire ?
Toutes les initiatives locales et nationales de soutien sont les bienvenues.
Voici quelques propositions :
L’Institut kurde qui a organisé dès le 1er octobre une conférence sur la situation au Kurdistan iranien et en Iran ; il prépare d’autres initiatives sur l’Iran et sur le Rojava dans les semaines à venir.
Il a besoin plus que jamais de votre soutient et de votre solidarité
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