Le cousin de Saddam Hussein ainsi que 14 autres accusés répondent à partir de ce mardi d'accusations de tortures et d'exécutions de chiites en 1991.
Le procès de quinze responsables du régime baasiste de Saddam Hussein a commencé mardi devant le Haut tribunal pénal irakien. Il devra déterminer le rôle des accusés dans la répression du soulèvement chiite de 1991.
Saddam Hussein avait eu alors toute latitude de faire appel à sa garde républicaine pour réprimer rapidement les soulèvements dans le Sud chiite et dans le Nord kurde, quelques jours après le cessez-le-feu du 28 février.
Parmi les quinze accusés, Ali Hassan al Madjid (dit «Ali le chimique») et deux officiers de haut rang ont déjà été condamnés à mort au terme d’un précédent procès concernant les massacres d’Anfal de 1988, lorsque des dizaines de milliers de Kurdes avaient été tués. Ils devront cette fois répondre à des accusations de tortures et d’exécutions de suspects à l’époque où le gouvernement reprenait le contrôle des villes tombées aux mains des rebelles. Le nombre de victimes de ces répressions n’a pas été précisé.
Responsable de la disparition 100.000 personnes
Selon une note de référence rédigée par des responsables américains impliqués dans l’organisation du procès, les pièces à conviction incluent «des bandes audio et des rapports postérieurs aux agissements, mais peu d’ordres directs, à cause de la destruction des archives ordonnée par Saddam Hussein en personne». Les répressions ont essentiellement visé les villes chiites de Najaf, Kerbala, Bassora, Nassiria et Amara.
Appelé à la rescousse pour briser tout mouvement de contestation de l’ancien régime irakien, «Ali le Chimique» était l’exécuteur des basses œuvres de son cousin, Saddam Hussein, pendu en décembre 2006.
Agé de 66 ans, originaire, comme l’ancien dictateur, de la région de Tikrit, au nord de Bagdad, Ali Hassan al-Majid a hérité du sobriquet infamant d’«Ali le Chimique» pour avoir commandé les 17 et 18 mars 1988 le bombardement au gaz ypérite de la ville kurde d’Halabja, tuant des milliers de personnes.
D’une brutalité effroyable, il a occupé le poste de secrétaire général du parti Baas dans le nord de l’Irak, de mars 1987 à avril 1989, coordonnant à la fois l’armée, la direction de la sécurité générale et les renseignements militaires engagés dans la répression visant les Kurdes.
Selon l’organisation américaine de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, Ali Hassan al-Majid est responsable de la disparition de 100.000 non-combattants dans les régions kurdes. Il a aussi supervisé l’occupation du Koweït.
Sans états d’âme non plus avec sa famille, Ali Hassan al-Majid a exécuté en février 1996 son propre neveu Hussein Kamel, rentré à Bagdad après avoir fait défection un an plus tôt en Jordanie et dénoncé le régime. Membre du Conseil de commandement de la révolution (la plus haute instance dirigeante du régime baassiste), «Ali le chimique» avait été désigné responsable de la région militaire sud, avec pour mission de la défendre contre l’offensive américano-britannique, déclenchée le 20 mars 2003.
C’est la seule région qui résista, brièvement mais réellement, aux forces coalisées. Trois mois plus tôt, il s’était rendu à Damas puis à Beyrouth dans le cadre de tournées d’émissaires de Saddam Hussein visant à faire valoir le point de vue de l’Irak, un mois et demi après le début des inspections de l’ONU sur le désarmement du pays.
Le 21 août 2003, après des mois de recherche, il avait été capturé par la coalition. Il est depuis détenu dans une prison de Bagdad contrôlée par les Américains.