- [AFP 13 novembre 2005]- Les troupes britanniques présentes en Irak depuis mars 2003 avec la coalition dirigée par les Etats-Unis pourront quitter le pays dans un an, estime le président irakien Jalal Talabani dans un entretien devant être diffusé dimanche par la chaîne britannique ITV.
"D'ici un an (...) les troupes irakiennes seront prêtes à remplacer les forces britanniques au Sud", a-t-il affirmé, précisant immédiatement qu'un retrait immédiat serait en revanche "catastrophique".
Environ 8.000 soldats britanniques sont engagés en Irak, où ils sont déployés pour la plupart autour de Bassorah (sud). 97 d'entre eux ont été tués depuis le début de la campagne, destinée à l'origine à renverser le régime de Saddam Hussein.
"Je n'ai pas été en négociations, a indiqué le chef d'Etat, mais à mon avis et selon mon étude de la situation, c'est une estimation juste. Aucun Irakien ne veut que les troupes restent pour toujours dans le pays".
Pour Jalal Talabani, "le peuple britannique est tout à fait fondé à demander cela, que ses fils rentrent à la maison, en particulier s'ils ont fini leur travail principal, qui était de mettre fin à la dictature".
Le leader kurde a demandé aux nations de la coalition, conduite par les Etats-Unis, de coordonner étroitement avec les autorités irakiennes les différentes étapes d'un retrait graduel.
Toutefois, "un retrait immédiat conduirait à une sorte de guerre civile et nous perdrions ce que nous avons fait pour libérer l'Irak de la pire sorte de dictature", a déclaré le président Irakien à ITV Télévision.
"Au lieu d'avoir un Irak stable et démocratique, nous aurions une guerre civile et des troubles qui affecteraient tout le Moyen Orient", a-t-il ajouté.
Le président irakien a estimé par ailleurs qu'il n'y avait pas de relation entre les attentats suicide du 7 juillet à Londres, qui ont fait 56 morts dont leurs auteurs, et l'engagement britannique en Irak. "Je ne peux accepter cela, a-t-il dit. Je crois que l'activité terroriste ne dépend pas de la guerre en Irak".
Sur un plan intérieur, il a souligné craindre un accroissement de la violence avant les élections législatives du 15 décembre, estimant toutefois que les insurgés n'arriveraient pas à influencer le résultat.
"Ils essayeront par tous les moyens, mais je ne crois pas qu'ils les affecteront. Je crois qu'ils échoueront, parce que les Irakiens sont maintenant déterminés à participer aux élections. Même nos frères arabes sunnites participent activement. Ils ont beaucoup de listes (de candidats) aux élections et veulent être représentés dans le prochain parlement", a-t-il assuré.