Seyhmus Dagtekin
«Pourquoi l'albatros coule-t-il à pic dans le poids des mots?»... la poésie questionne mais n'attend pas de réponse.../Photo DDM, M. A.
Ladepeche.fr
Pour les lombéziens et plus largement, les gersois, un ouvrage à découvrir, il s'agit de «Ma Maison de guerre» paru récemment Au Castor Astral.
En effet, pendant quelques mois, en 2010, la Maison des écritures a reçu en résidence le poète Seyhmus Dagtekin qui travaillait sur un recueil de poésie. D'origine Turque, l'auteur s'exprime dans ses œuvres en français : «La langue c'est un outil. Je m'en sers pour construire un lien avec l'autre. » . Ne dit-il pas: « Là où mon regard se pose, cela peut devenir source d'inspiration. »
«Ma Maison de guerre», c'est une succession de mots qui bondissent, véritables balles, de fusil ou à jouer… La guerre n'est pas loin puisqu'on y chante l'amour. Le rire non plus: « Le rire viendra comme une décharge de sable/dans tes semelle. » Le poète est l'amant au chant amoureux. Seyhmus Dagtekin dit : « Le poète, c'est comme un animal aux aguets. Donc, être poète, c'est être éveillé au monde. » Et en jet explosif, il entaille nos pupilles du parfum de ses mots, se fait reptile pour s'insinuer dans notre esprit et nous enchanter de cette musique inclassable. Sonorités d'images tatouées sur la peau des mots… Quand il dit: « L'écriture, l'art, consistent pour moi à embrasser l'être d'un même regard, du plus petit au plus grand, pour instaurer une autre façon d'être ensemble. Sortir du rapport de force et de domination pour entrer dans un rapport d'amour où l'autre est la condition même de mon existence », c'est bien cela qu'il exprime ici : l'effet miroir ou l'écho, comme on voudra, que l'assemblage des mots va susciter en nous, lecteurs jamais passifs. La poésie de Seyhmus Dagtekin s'affranchit de l'ordre pour brandir la volupté, bravant les conformismes. « Celui qui lit n'est pas tenu de dire ce qu'il lit ». Juste sentir, absorber, ingérer. Le vivre déconnecté de l'analyse.