Malaise chez les Kurdes d'Allemagne


Jeudi 24 juillet 2008

Le malaise de la communauté kurde allemande vis-à-vis des pouvoirs publics s'accentue. La prise en otages puis la libération dimanche dernier de trois Allemands par les forces rebelles kurdes en Turquie ont exacerbé des tensions qui remontent à plusieurs décennies.

 

Selon le magazine allemand « Der Spiegel », le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aurait enlevé les trois randonneurs en réaction à la décision du gouvernement allemand de réduire au silence la chaîne de télévision Roj TV en juin, considérée comme le porte-parole du PKK. Le parti est interdit de toute activité par Berlin depuis 1993, mais il perdure en Allemagne dans l'illégalité. Ses manifestations européennes sont désormais pacifiques, ses activités de guérilla se concentrant sur l'est de la Turquie.

La communauté kurde d'Allemagne, forte de 500.000 personnes (pour 2,5 millions de Turcs), oscille, comme le souligne « Der Spiegel », entre admiration et condamnation du PKK. Le nombre d'adhérents est estimé à 11.500 et nombreux sont ceux qui éprouvent un sentiment sinon de soutien, du moins de sympathie pour la guérilla. « Les Kurdes ont une véritable dette envers cette organisation », insiste le directeur de l'unique journal kurde en Allemagne, « Yeni Özgür Politika », « parce qu'elle nous a rendu notre fierté et notre identité ». Cependant, beaucoup d'entre eux craignent d'affirmer leurs idées, la situation de leur communauté pouvant se détériorer davantage.

Car, dernièrement, le gouvernement allemand s'est montré plus ferme envers le parti. Il a renforcé sa coopération avec Ankara dans la lutte contre le PKK, extradant notamment deux militants kurdes en Turquie. Un certain nombre d'associations politiques kurdes ont également fait les frais d'une approche plus énergique de la part des agences de sécurité allemandes. Certains de leurs dirigeants ont été arrêtés à Hanovre, à Brême et à Berlin. Pour le magazine allemand, ces mesures expliquent la « colère » croissante de la communauté. Même les plus pacifistes, qui condamnent la prise d'otages, sont en faveur de l'autonomie kurde, qui selon eux devrait être acquise par la négociation. « On aime tous plus ou moins le PKK, conclut une Kurde hambourgeoise, même si nous ne sommes pas tous des membres actifs. »