Par Jean-Pierre PERRIN - 12 novembre 2005
C'était le dernier leader historique du parti Baas irakien encore en liberté. A ce titre, Izzat Ibrahim al-Douri, 63 ans, représentait l'ultime symbole d'une rébellion baasiste privée de leader depuis la chute de Saddam. Pour les Etats-Unis, il restait le grand coordonnateur des activités de la guérilla en Irak, ce qui lui valait d'être activement recherché.
Vendredi, le parti Baas, aujourd'hui dans la clandestinité, a annoncé, sans plus de précision, la mort de celui qui fut aussi, officiellement, le numéro 2 du régime de Saddam Hussein. Roi de trèfle dans le jeu de 55 cartes diffusé par les Américains sur les responsables de l'ancien régime les plus recherchés, sa tête avait été mise à prix pour 10 millions de dollars. Il était accusé de crimes contre l'humanité, notamment pour le gazage de la ville kurde d'Halabja.
«Après cinquante ans passés dans la lutte et dans les tranchées du jihad et de la résistance, ce chevalier de l'Irak et chef combattant des moudjahidin a rendu l'âme», affirme le communiqué, sans préciser les circonstances du décès. Il est sans doute mort de la leucémie qu'il avait développée depuis une vingtaine d'années. Fidèle parmi les fidèles de l'ex-raïs, vice-président du Conseil de commandement de la révolution l'instance dirigeante du pays , il avait survécu à toutes les purges.
Avec Taha Yassine Ramadan, l'ancien vice-président, et Saddam Hussein, tous deux détenus par les Américains, il était le seul survivant encore en liberté du groupe des comploteurs qui avaient organisé le coup d'Etat de 1968 amenant le Baas au pouvoir. Il était né dans la petite ville sunnite de Dour, où fut découvert l'an passé Saddam Hussein. Contrairement aux affirmations américaines, il ne jouait sans doute aucun rôle au sein de la rébellion, qui ne se revendique plus de l'ancien régime. Sa mort ne devrait donc avoir aucune incidence sur les violences en cours en Irak.
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