BAGDAD, 8 sept (AFP) - L'avocat du président déchu Saddam Hussein a nié avec force jeudi que son client ait fait des aveux concernant des crimes commis sous son régime, comme l'avait affirmé le chef de l'Etat irakien, le Kurde Jalal Talabani.
D'autre part, l'Onu a fait savoir à Bagdad qu'elle attendait toujours le texte définitif du projet de Constitution irakienne pour pouvoir l'imprimer et le diffuser à grande échelle avant le référendum du 15 octobre prochain. Pour sa part, l'armée américaine a précisé n'avoir eu besoin que de trois heures pour libérer l'Américain Roy Hallums qui se trouvait, avec un Irakien, pris en otage dans une ferme isolée au sud de Bagdad. "Il n'y pas eu d'aveux de la part du président Saddam Hussein", a affirmé le comité de défense du président déchu dans un communiqué signé par son avocat irakien Khalil al-Doulaïmi, au lendemain d'une affirmation dans le même sens. "En tant que comité de défense, nous n'avons jamais été informés, ni par la Cour ni par toute autre partie concernée, de la date du procès", de l'ancien président, fixée au 19 octobre, affirme le texte. Il relève que "s'il s'avère exact qu'un juge ait fait des révélations à M. Talabani (à ce sujet) il doit démissionner". M. Talabani avait déclaré mardi soir, en dépit de son opposition à la peine de mort, que le président déchu avait fait des "aveux importants" et qu'il méritait de mourir. "J'ai récemment reçu un juge d'instruction chargé d'interroger (Saddam Hussein) (...) et il a dit avoir réussi à lui arracher des aveux importants et à lui faire signer sa déposition", a-t-il dit. Il avait ajouté sur la télévision Iraqia que ces aveux concernaient l'opération Al-Anfal qui avait déplacé les habitants de centaines de villages kurdes et fait quelque 180.000 victimes ainsi que des "ordres d'exécutions que Saddam a reconnu avoir signé de sa main". Me Doulaïmi a estimé que M. Talabani n'avait pas à violer le secret de l'instruction et que lorsqu'il souhaite la mort de son client, dont il a dit qu'il mérite de "mourir cent fois", il n'y a "aucune chance pour un procès équitable". Un membre de l'équipe de défense avait dès mercredi, au lendemain de la diffusion de l'interview du président irakien, nié que Saddam Hussein ait fait de tels aveux, précisant que ses interrogatoires par les juges d'instruction du Tribunal spécial irakien (TSI) avaient eu lieu tous en présence de son avocat. Par ailleurs, un responsable de l'Onu s'est inquiété à nouveau, après l'avoir fait mardi, du retard pris dans l'impression et la diffusion du texte du projet de Constitution irakienne. "Nous ne pensons pas que le texte sera disponible avant dimanche car ils (les leaders politiques irakiens) n'ont pas encore achevé leurs discussions", a déclaré à l'AFP Nicholas Haysom, en charge de la Constitution irakienne. Selon lui, le texte de projet peut subir de "nouveaux changements" et la prochaine réunion du Parlement n'est prévue que pour dimanche, ce qui perturbe les efforts de l'Onu pour le mettre rapidement sous presse. D'autre part, les forces américaines ont indiqué avoir réussi à mener en moins de trois heures, au sud de Bagdad, un raid qui a permis de mettre fin à l'épreuve d'un Américain, retenu en otage avec un Irakien, depuis plus de 10 mois. "L'opération a été montée et exécutée en moins de trois heures", mercredi, a déclaré jeudi à l'AFP un porte-parole américain, le lieutenant-colonel Steve Boylan. Il a ajouté qu'un seul homme a été arrêté dans la ferme isolée située à 25 km au sud de Bagdad, où les deux personnes ont été retrouvées. Aucun soldat participant au raid n'a été tué ou blessé et l'otage américain, Roy Hallums, 57 ans, est en bonne santé. L'armée américaine a indiqué avoir agi sur la foi d'informations obtenues auprès d'un détenu.