Les sept hommes sont accusés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité pour leur rôle dans la campagne Anfal ("butins de guerre", d'après le titre de la huitième sourate du Coran), qui s'est déroulée de février à août 1988.
Saddam Hussein et son cousin Ali Hassan Al Madjid, connu sous le nom d'"Ali le chimique", devront également répondre de l'accusation de génocide.
L'ouverture imminente du procès a ravivé d'anciennes blessures dans les villages bordés par les montagnes kurdes et nombreux sont les Kurdes qui espèrent voir l'ancien raïs condamné à la pendaison pour cette campagne de répression, responsable selon eux de la mort de 100.000 personnes.
Les forces irakiennes sont accusées d'avoir fait usage de gaz moutarde et d'armes neurotoxiques ainsi que d'avoir procédé à des exécutions en masse, tuant un grand nombre de femmes et d'enfants. Les populations de villages entiers ont disparu.
"Après ce qu'il nous a fait, il ne mérite pas d'avoir un procès. Je ne serai heureuse que lorsqu'il sera pendu", affirme Atiya Rada, à Seousenan, où les forces irakiennes ont ordonné aux habitants de sortir de leurs maisons et les ont tués en utilisant des armes chimiques.
Assise devant sa maison où des poules picorent dans la cour, cette femme de 52 ans se souvient de ce jour du 22 mars où elle a senti l'odeur du gaz moutarde se répandre dans son village.
"C'était une odeur agréable, comme lorsqu'on fait cuire des pommes. Puis des gens ont crié qu'il s'agissait d'une attaque chimique. Nous nous sommes cachés dans la cave et lorsque nous sommes sortis il y avait des cadavres partout, des femmes et des enfants", raconte Rada, dont deux des jeunes fils sont morts ce jour-là.
UNE DIZAINE DE PROCES
Elle affirme que 15 des membres de sa familles ont été tués. "Procès ou pas procès, nos enfants sont morts. Nous devrons toujours vivre avec cela", explique-t-elle.
Il est probable que Saddam Hussein plaide non coupable devant le Haut tribunal pénal irakien, devant lequel il comparaît déjà depuis octobre dernier pour la mort de 148 chiites en 1982 à Doudjaïl.
Le verdict de ce premier procès, pour lequel Hussein et ses sept co-accusés risquent tous la peine de mort, devrait être rendu le 16 octobre mais l'ancien président a la possibilité de faire appel.
Au total, une dizaine de procès devraient être ouverts à l'encontre de l'ancien président. Le gazage de 5.000 Kurdes à Halabja en 1988 fait notamment l'objet d'une procédure séparée.
Les chaînes de télévision kurdes ont diffusé des émissions spéciales en vue du procès qui doit s'ouvrir lundi.
"Anfal est l'épisode le plus tragique de notre histoire. Tous les Kurdes dans le monde vont voir Saddam face à ses juges", a déclaré Mansur Karim, un responsable du gouvernement kurde régional.
L'accusation a prévu de faire témoigner des victimes mais elle compte également présenter des données scientifiques collectées dans les charniers.
Badia Aref, un des avocats de Saddam Hussein a pour sa part annoncé qu'il comptait appeler à la barre des témoins le président Djalal Talabani, ancien dirigeant de la guérilla kurde.