Poudrière iranienne et mèche kurde


n° 886 - 25 oct. 2007 | En couverture / L'étincelle kurde

Le 17 octobre, George Bush lance : “Nous avons un leader en Iran qui a déclaré qu’il souhaite détruire Israël. J’ai alors dit aux gens que si vous êtes intéressés à éviter la Troisième Guerre mondiale, vous devriez être intéressés à empêcher les Iraniens d’acquérir les connaissances nécessaires à la fabrication d’armes nucléaires. Je considère la menace de l’Iran possédant une arme nucléaire très au sérieux.”

Le 20 octobre, on apprend le remplacement du principal négociateur iranien sur la question nucléaire, Ali Larijani, considéré comme un “conservateur pragmatique”, par un proche du président Ahmadinejad, Saïd Jalili, réputé plus dur.

Le 22 octobre, dans le quotidien Le Monde, Mohamed ElBaradei, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), se veut rassurant : “On ne parle de l’usage de la force que lorsque tous les moyens de la diplomatie ont été épuisés. Or nous avons encore beaucoup de temps pour utiliser les outils de la diplomatie, en incluant des sanctions. A supposer que l’Iran ait l’intention de se doter de la bombe nucléaire, il lui faudra encore entre trois et huit années pour y arriver. Tous les services de renseignements s’accordent là-dessus.”
Ce même jour, Ehoud Olmert, Premier ministre israélien, déclare : “Si ElBaradei pense qu’une bombe iranienne dans trois ans ne le dérange pas, moi cela m’inquiète extrêmement”…

A ce scénario iranien s’ajoute désormais l’étincelle kurde (voir notre dossier). A savoir les provocations du PKK, le mouvement armé des Kurdes turcs, qui, depuis le Kurdistan irakien, prépare embuscades et attentats contre l’armée turque. Si, comme les généraux turcs le souhaitent, les forces turques avancent pour “liquider” le PKK, tout peut arriver. D’abord une réaction hostile des forces kurdes irakiennes et un embrasement du pays. Ensuite, une intervention de l’Iran aux côtés des chiites irakiens au sud. Et c’est là que se rejoignent l’étincelle et la poudrière. Comme en 1914 avec l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, un événement qui, dans un premier temps, était presque passé inaperçu en Europe. Mais, heureusement, la mèche n’est pas encore allumée.

Philippe Thureau-Dangin