Manifestation à Strabourg
Manifestation à Strabourg de membres de la communauté kurde réclamant la libération du fondateur du PKK, Abdullah Öcalan, le 12 février 2011. FREDERICK FLORIN / AFP
20minutes.fr | Nicolas Bégasse
«20 Minutes» répond à toutes vos questions sur le PKK et le conflit qui l'oppose à Ankara depuis 26 ans...
Le chef de la branche militaire du PKK a appelé les Kurdes de Turquie au «soulèvement» vendredi en réaction à la mort de 35 villageois dans un raid aérien. L’occasion de revenir sur plus de 25 ans de conflit armé entre le pouvoir turc et les séparatistes kurdes.
Le Parti des travailleurs du Kurdistan a été créé en 1978. Dès 1984 il s’engage militairement contre le pouvoir turc et devient la branche armée des séparatistes kurdes, qui souhaitent la reconnaissance du Kurdistan. Celui-ci, le «pays des Kurdes», est une large zone montagneuse à cheval entre la Turquie, la Syrie, l’Iran et l’Irak, peuplée d’environ 30 millions de Kurdes. Il est officiellement reconnu en Irak, où le Kurdistan est une région autonome, ainsi que, partiellement, en Iran. Selon son numéro deux Murat Karayilan, le PKK serait fort d’environ 7.000 à 8.000 hommes, répartis entre la Turquie et l’Irak. Le parti est considéré par de nombreux pays, dont les Etats-Unis, la Turquie et l’Union européenne, comme une organisation terroriste.
Au départ, le PKK était un parti séparatiste réclamant notamment le respect de la langue et de la culture kurdes. Mais depuis plus de dix ans, ses revendications séparatistes ont été abandonnées selon Murat Karayilan, et les revendications se sont concentrées sur la reconnaissance par la Turquie de l’identité kurde et l’amnistie pour les combattants du PKK. Le parti, et plus largement les Kurdes, réclament également un effort d’investissement de la part d’Ankara dans le Sud-Est de la Turquie, plus pauvre et moins développé que le reste du pays.
La principale figure du PKK est Abdullah Öcalan, l’un de ses fondateurs et toujours considéré comme le leader du parti. Partisan de la paix, il est détenu en tant que créateur et leader d’une organisation terroriste depuis 1999 sur l’île-prison d’Imrali. Agé de 62 ans, il reste impliqué dans la résolution du conflit kurde en Turquie. Son numéro 2 et dirigeant actuel du PKK est Murat Karayilan, l’un des plus anciens cadres du parti et proche d’Öcalan. Le HPG, la branche militaire du PKK, est commandé par Bahoz Erdal. C’est lui qui a appelé ce vendredi à un soulèvement des Kurdes de Turquie.
Débuté en 1984, le conflit a fait environ 45.000 victimes, selon l’armée turque. Très chaotique, il est passé par plusieurs phases: cessez-le-feu avortés, actes de guérilla du PKK et raids militaires de l’armée turque se sont enchaînés de manière irrégulière pendant ces 26 années. Cet automne, 10.000 à 15.000 soldats d’élite turcs ont investi les montagnes du Kurdistan, y compris en Irak, pour tenter de mettre un terme à la rébellion kurde. Les négociations entre la Turquie et le PKK sont au point mort, Ankara refusant les contacts avec ce qu’elle considère comme une organisation terroriste.
Subissant depuis la création de la République de Turquie une interdiction de parler leur langue et de revendiquer leur identité culturelle, les Kurdes ont obtenu de multiples avancées. Parmi elles, la reconnaissance de la langue kurde: interdite pendant des décennies, elle a été autorisée dans un cadre électoral en juin 2011 pour les élections législatives, mais n’est pas reconnue, comme c’est le cas dans le Kurdistan irakien, comme langue officielle. La représentation des Kurdes au Parlement turc s’est aussi améliorée, avec 35 députés élus lors des dernières législatives. Mais cinq d’entre eux se trouvent en prison et l’élection d’un sixième a été invalidée. Dernière avancée: la volonté affichée par le Premier ministre turc de développer le sud-est kurde de la Turquie. Une décision plus que bienvenue pour le Kurdistan turc, qui souffre depuis des décennies d’une économie bien moins vaillante que le reste du pays.