Saddam assume "avec honneur" les raids chimiques contre l'Iran


lundi 18 décembre 2006, 18h05

BAGDAD (Reuters) - Saddam Hussein a déclaré qu'il assumerait "avec honneur" la responsabilité de toute attaque conventionnelle ou chimique durant la guerre contre l'Iran. Il conteste en revanche les accusations selon lesquelles il aurait ordonné de tels bombardements sur des Irakiens.

L'ancien président irakien a déjà été condamné à mort à l'issue d'un premier procès portant sur le massacre de villageois chiites mais pour les observateurs, l'accusation n'était alors pas parvenue à apporter la preuve concrète de la responsabilité personnelle de l'ancien dirigeant.

Il est désormais poursuivi, notamment pour génocide, avec six autres personnes pour la campagne menée dans les années 1980 contre les Kurdes. Le parquet affirme que l'opération Anfal a fait jusqu'à 180.000 morts, par des bombardements d'armes chimiques et des exécutions en masse, dans le Nord de l'Irak.

"Pour ce qui est de l'Iran, si n'importe quel responsable militaire ou civil affirme que Saddam Hussein a donné des ordres pour utiliser des munitions conventionnelles ou spéciales, à savoir chimiques comme il est expliqué, j'en assumerai la responsabilité avec honneur", a déclaré Saddam Hussein à l'audience.

Mais il a ajouté: "Je contesterai tout acte commis contre notre peuple et n'importe quel citoyen irakien, qu'il soit arabe ou kurde. Je n'accepterai aucune insulte à mes principes ou dirigée personnellement contre moi."

NOUVEAUX DOCUMENTS

Les procureurs ont présenté lundi au tribunal des documents officiels incriminant personnellement, selon eux, l'ancien dirigeant irakien dans l'utilisation d'armes chimiques contre les Kurdes du nord de l'Irak.

Le deuxième procès de Saddam Hussein s'est ouvert le 21 août. Plus de 70 témoins ont été entendus et les audiences ont repris lundi par une nouvelle phase, consistant en la présentation de documents par l'accusation.

Le parquet a ainsi montré des documents provenant des services de renseignement militaire, de la présidence et des commandants de l'armée, le tout détaillant, selon l'accusation, la chaîne de commandement et d'ordres ayant conduit à l'utilisation d'armes chimiques contre les Kurdes.

Une note du renseignement militaire datant de 1987 sollicite l'accord de la présidence pour l'usage de gaz moutarde et de sarin contre les Kurdes. Elle évoque aussi des "munitions spéciales" correspondant, selon le parquet, aux armes chimiques.

Un deuxième document montre en réponse que Saddam a ordonné au renseignement militaire d'envisager la possibilité de procéder à une "frappe soudaine" avec de telles armes contre les forces iraniennes et kurdes.

La défense affirme pour sa part que les rebelles kurdes combattaient aux côtés des Iraniens durant la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988 et que l'opération Anfal était donc légitime d'un point de vue militaire.

Une note interne du renseignement militaire confirme que l'armée a reçu le feu vert de la présidence pour une frappe à l'aide de "munitions spéciales". Elle insiste sur le fait qu'aucune frappe ne serait effectuée sans la porter préalablement à la connaissance du président.

Parmi les nombreux autres documents, l'un émane de l'état-major et fait état de la mort de 31 combattants kurdes et "agents communistes" dans un bombardement avec des munitions spéciales près de Dohouk.

Saddam et son cousin Ali Hassan al Madjid, dit "Ali le chimique", sont poursuivis pour génocide. Avec cinq autres accusés, ils sont aussi poursuivis pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.