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Alors que le verdict du premier procès de l'ancien dictateur, concernant un massacre de chiites, n'a pas encore été prononcé, le Haut Tribunal pénal Irakien a, hier, annoncé la fin de l'instruction du dossier de la campagne Anfal, une opération militaire qui avait fait plusieurs milliers de morts civils kurdes à la fin des années 1980. Sans donner de date précise pour l'ouverture de ce deuxième procès, Raed al-Jouhi, le chef des juges d'instruction, a expliqué que l'ancien raïs et six coaccusés seraient déférés devant une nouvelle chambre formée pour la circonstance.
Parmi les coaccusés figure un cousin de Saddam Hussein, Ali Hassan al-Majid, à qui son rôle dans le gazage des Kurdes de la ville de Halabja, en 1988, avait valu le surnom d'«Ali le Chimique». L'ancien ministre de la Défense, Sultan Hachem Ahmed, qui avait supervisé les opérations, et quatre autres officiers et dignitaires bassistes, doivent comparaître avec eux. Tous sont passibles de la peine de mort. Le crime de génocide est le plus grave du droit international. Mais c'est aussi le plus difficile à prouver, puisque «l'intention de détruire un groupe ethnique, national ou religieux» doit être établie. Le juge Raed al-Jouhi a reconnu que cette nouvelle affaire était «très compliquée».
Le premier procès de l'ancien chef d'Etat irakien, en cours depuis l'an dernier, porte sur un massacre perpétré en 1982 dans une seule localité, le village chiite de Dujail, avec 143 victimes identifiées. Fosses communes exhumées L'opération Anfal, elle, avait une dimension beaucoup plus large. Nommée d'après une sourate du Coran, (Anfal, les dépouilles) elle a consisté en une série d'opérations militaires lancées à la fin de la guerre avec l'Iran, en 1988. Pendant le conflit, les liens des mouvements de guérilla kurde avec les Iraniens avaient ravivé la traditionnelle hostilité de Bagdad contre cette ethnie persophone vivant dans les provinces montagneuses et séparatistes du Kurdistan.
Doté par Saddam Hussein des pleins pouvoirs dans le nord de l'Irak, Ali Hassan al-Majid avait entrepris de «résoudre le problème kurde et de massacrer les saboteurs». Des exécutions sommaires, des bombardements aux gaz chimiques et le déplacement forcé de populations avaient fait, de février à septembre 1988, entre 50 000 et 100 000 morts, selon les estimations. Le massacre de Halabja est le plus connu de cette série d'atrocités. Pour instruire ce dossier, des milliers de témoins ont été interrogés, des centaines de plaintes ont été enregistrées, des masses de documents officiels ont été compulsés, et des dizaines de fosses communes exhumées. Le juge Jouhi n'a pas exclu que le procès Anfal se déroule au Kurdistan, indiquant que si le Tribunal pénal avait son siège à Bagdad, il lui était tout à fait possible de transférer ses audiences dans n'importe quel endroit en Irak.
Une telle mesure permettrait aux témoins d'éviter un dangereux voyage jusqu'à Bagdad, et leur éviterait les menaces qui pèsent sur les participants au procès de Saddam Hussein depuis son début, le 19 octobre 2005. Interrogé sur le déroulement du procès de Doujail, dont les ajournements successifs ont ralenti le déroulement, le juge Jouhi a affirmé qu'il progressait. D'autres accusations continuent de peser contre Saddam Hussein, notamment pour son rôle dans le déclenchement de la guerre contre l'Iran en 1980 et l'invasion du Koweït en 1990. Ces dossiers, encore en cours d'instruction, devraient être «prochainement bouclés», a dit le juge Jouhi.
Afin que Saddam Hussein comparaisse à tous ses procès, le président irakien Jalal Talabani (qui est kurde) a déclaré que l'ancien dictateur serait jugé «pour tous ses crimes», avant l'exécution des jugements portés contre lui.