A Jandairis, dans le nord-est de la Syrie, après le séisme du 6 février 2023.
BAKR ALKASEM / AFP
Lemonde.fr
Les secours continuent de rechercher des victimes dans les décombres des immeubles effondrésc dans le sud-est de la Turquie. En quelques heures, la région a subi deux puissants tremblements de terre de magnitude 7,8 et 7,5.
A Jandairis, ville de la province d’Alep tenue par les rebelles syriens dévastée par le séisme meurtrier de lundi, un homme bouleversé berce le corps inanimé de son nourrisson sous les yeux d’un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) en répétant : « réveille-toi mon fils ». « Ya Allah, Ya Allah » (mon Dieu), sanglote l’homme en baisant le front de son fils. « Il m’a arraché le cœur », lâche-t-il.
Plus de quarante habitations se sont effondrées comme un château de cartes dans cette localité frontalière de la Turquie. Les habitants tentent de retirer à mains nues ou à l’aide de pioches les survivants des décombres, faute de moyens humains et de matériels de secours. « Toute ma famille est sous les décombres. Mes fils, ma fille, mon gendre, il n’y a personne pour les retirer », souffle Ali Battal, des traces de sang sur le visage.
« J’entends leurs voix, ils sont vivants mais il n’y a personne pour les retirer », poursuit ce sexagénaire, la tête recouverte d’un châle en laine pour se protéger du froid mordant. Le séisme, dont l’épicentre se situe en Turquie, s’est produit à l’aube alors qu’une terrible tempête souffle sur la région. Les habitants, paniqués, sont restés dans les rues malgré le froid, craignant les répliques.
Dans une autre rue, civils et combattants parviennent à extraire un homme qu’ils pensaient mort des décombres d’un toit effondré. « Il est vivant ! », s’écrient-ils lorsqu’ils constatent qu’il respire. Un peu plus loin, devant un bâtiment complètement effondré, un jeune homme porte dans ses bras son neveu âgé de sept ans. Le garçonnet et sa sœur s’en sont sortis vivants, mais ils ont perdu leurs parents et leurs trois frères et sœurs. « Ils n’ont plus ni père ni mère », sanglote le jeune homme, en état de choc, qui a lui aussi perdu sa mère.
Les blessés retirés des décombres sont traités en pleine rue ou dans les voitures de particuliers, les hôpitaux de la région étant saturés. Selon un photographe de l’AFP, 40 habitations ont été détruites dans cette seule localité, sous contrôle des groupes rebelles pro turcs. Selon les Casques blancs, des secouristes déployés dans les zones rebelles dans le nord de la Syrie, le bilan du séisme dans ces régions s’élève à près de 400 morts. Le courant électrique est coupé et les habitants font la queue devant la seule boulangerie encore ouverte.
« Nos enfants, nos femmes, nos vieillards sont sous les décombres. C’est une catastrophe », lance Majed Nassari en se frappant la tête. Il en appelle à la « conscience du monde » pour aider sa localité : « il nous faudra au moins un mois, voire trois, pour pouvoir retirer nos morts des décombres ».