Syrie: à Kobané, la situation précaire des Kurdes poussés à fuir face à l'avancée des forces de l'ANS

mis à jour le Dimanche 15 decembre 2024 à 15h32

RFI.FR | Envoyée spéciale à KobanéMarie-Charlotte Roupie

Dans la ville de Kobané, les habitants s’inquiètent sur le temps que va tenir le cessez-le-feu, ils se demandent ce qu'il arrivera ensuite. Pour les familles qui ont été déplacées depuis la région de Manbij et Shahba, poussées à fuir par les attaques des forces de l’Armée nationale syrienne, soutenues par la Turquie, la situation est d’autant plus précaire.

Autour de petits feux éparpillés autour de bâtisses sans âme, parents comme enfants cherchent un peu de réconfort dans le froid hivernal de Kobané. Ces familles sont kurdes et elles ont été déplacées de la région de Shahba, quand les factions pro-turques ont repoussé les forces kurdes par-delà la rive orientale de l’Euphrate.

« C’est la troisième fois qu'on a été déplacé, raconte Amina. La première fois, j’étais à Alep et la guerre est arrivée. Puis d’Alep, on est allé à Afrine, et après d'Afrine à Shahba et de là, on est venu ici. C’est vraiment mon dernier souffle, ma santé mentale est au-dessous de zéro. »

Des pénuries à prévoir

Comme Amina, chaque famille vit dans une pièce unique, sans matelas, ni électricité et chauffage. « Nous sommes ici pour protéger nos enfants, mais même ici, il n’y a pas de nourriture, pas même de couvertures pour les enfants et pour nous », explique Wahida. « Il n’y a rien, pas de nourriture, ni même de sécurité, précise cet homme. On voudrait rentrer à Afrine, chez nous, mais on ne peut pas. »

Et la situation s’aggrave puisque les factions pro-turques ont rompu la principale voie d’approvisionnement de la ville, en s’emparant de Manbij. Les pénuries vont commencer à se faire sentir.

Certaines familles envisagent, comme d’autres avant elle, d’aller plus loin dans le nord-est syrien avant que Kobané ne soit complètement encerclée par les forces de l’Armée nationale syrienne et la Turquie.