Un peshmerga sur la ligne de front, à une quarantaine de kilomètres au sud d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, le 18 septembre 2014. - © Safin Hamed - AFP
Ali Al-Saadi - AFP - Des peshmergas prennent position près de la ville irakienne de Zumar, dans la province de Mossoul, le 4 septembre 2014.
Achilleas Zavallis - AFP - Un membre des YPG dans la ville syrienne de Ras Al-Aïn, près de la frontière turque, le 21 novembre 2013.
Bfmtv.com | Adrienne SIGEL
Ils sont en première ligne dans la bataille de Kobané, cette ville du Kurdistan syrien située à la frontière turque, dont les jihadistes sont en passe de s'emparer. Depuis le début de la contre-offensive en Irak et en Syrie, les combattants kurdes sont les principaux rivaux de l'Etat islamique, au sol.
Ils seraient plus de 200.000 hommes en Irak, plusieurs milliers en Syrie. Depuis le début de l'offensive des jihadistes de l'Etat islamique en Irak et en Syrie, les combattants kurdes, notamment les peshmergas en Irak, sont parvenus à reprendre le contrôle de plusieurs villes, prouvant leur efficacité dans le combat. De fait, les Kurdes sont seuls, en première ligne, face aux islamistes de Daesh. Qui sont ces combattants? De quels moyens disposent-ils? Quelles sont leurs méthodes de combat? BFMTV.com vous apporte les réponses.
En kurde, "peshmerga" signifie "qui est au-devant de la mort". Ces combattants sont chargés d'assurer la sécurité des cinq millions de Kurdes que compte la province autonome du Kurdistan irakien. A l'origine, les peshmergas, apparus au début des années 90, ont un rôle de gardes-frontières pour cette région du nord de l'Irak, dont ils assurent la sécurité intérieure. Mais ils ont aussi prouvé leurs capacités de combat dans de nombreux conflits armés, notamment face aux troupes de l'ancien président irakien Sadam Hussein.
Aujourd'hui, plus de 200.000 soldats composent les rangs des peshmergas, qui sont devenus de véritables professionnels, formés, entraînés et payés. Leur rôle a été renforcé depuis 2003 et l'offensive des Américains contre le régime de Saddam Hussein. Les combattants kurdes ont toujours été bien armés, ce qui leur a permis de remporter quelques victoires face à Daesh, en reprenant plusieurs villes stratégiques. Mais dans le cadre de ce combat contre les jihadistes, ils ont reçu des armes des Occidentaux, notamment de la France et de l'Allemagne. Plusieurs milliers de fusils d'assaut, des millions de munitions, ainsi que des armes lourdes, sont ainsi venus renforcer leur arsenal militaire en l'espace de quelques semaines.
Toutefois, selon l'historien militaire Michel Goya, leurs capacités offensives restent "limitées". La force kurde "peut, au mieux, réoccuper Mossoul et contrôler la frontière avec la Syrie", estime ainsi ce spécialiste, dans une tribune publiée sur le Huffington Post. D'autant plus que les jihadistes ont mis la main sur un véritable arsenal de guerre ultra-moderne, composé d'hélicoptères de combat, de chars, de blindés, de missiles antichars et de fusils d'assaut, abandonné par les soldats irakiens dans leur fuite. Du matériel laissé par les Américains lors de leur retrait d'Irak, en 2011.
Moins armés et beaucoup moins nombreux que les peshmergas, les combattants kurdes de Syrie résistent tant bien que mal à l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique sur le territoire syrien. Quelques milliers de combattants équipés de kalachnikovs et de lance-grenades RPG-7 constituent ainsi les rangs des Unités de protection du peuple (YPG), la branche armée du Parti de l'union démocratique (PYD), un parti politique laïc kurde syrien, affilié au PKK. Leurs effectifs sont régulièrement enrichis par des volontaires kurdes ayant pris les armes pour les aider.
A Kobané, près de la frontière turque, les Kurdes tentent depuis plusieurs jours d'empêcher que Daesh ne s'empare de la ville, dont plusieurs quartiers sont tombés aux mains des jihadistes. Symbole de l'infériorité de la puissance des YPG par rapport à l'ennemi jihadiste, et de leurs difficultés à les repousser, les combattants kurdes ont eu recours, dimanche, à une kamikaze, qui s'est fait exploser au milieu de membres du groupe Etat islamique, tuant plusieurs dizaines d'entre eux. La jeune femme, âgée d'un peu plus de vingt ans, était une combattante des YPG, originaire de la province d'Alep. Cette technique, utilisée par les rebelles kurdes du PKK en Turquie dans les années 1990, notamment par les femmes, constitue une première dans le conflit syrien commencé en 2011.
D'un côté de la frontière comme de l'autre, les femmes tiennent une place majeure dans les groupes de combat kurdes. Au Kurdistan irakien, les femmes ont toujours tenu un rôle important au sein des peshmergas, dont un bataillon est entièrement féminin. Même tendance dans le Kurdistan syrien, où elles représenteraient 40% des Unités de protection du peuple, selon Foreign Policy.
Du côté turc, elles seraient 2.000 à prendre les armes dans les rangs du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan. Ainsi, fin août, l'AFP a diffusé des photos de ces combattantes du PKK passées du côté irakien pour grossir les effectifs des rangs kurdes, dans la région de Mossoul.