Des Turcs et des Kurdes se rassembleront dimanche à Lausanne à l'occasion du 82ème anniversaire du Traité de Lausanne de 1923.Les autorités ont autorisé deux manifestations statiques devant des endroits symboliques: le Palais de Rumine et le Château d'Ouchy.
Les autorités communales et cantonales ont autorisé ces rassemblements pour autant qu'ils se déroulent de façon statique, a annoncé la ville de Lausanne. Ces manifestations se dérouleront simultanément dimanche à 11h00: les Turcs se réuniront sur la place du Port à Ouchy, les Kurdes devant le Palais de Rumine.
En autorisant des manifestations statiques, la municipalité estime qu'elle respecte la liberté de manifester et l'égalité de traitement tout en garantissant l'ordre public. «En soi, aucune de ces manifestations n'est potentiellement à risque. C'est le fait qu'il y en ait deux», a expliqué le syndic Daniel Brélaz.
Kurdes et Arméniens, victimes du traité Le Traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923 au Palais de Rumine, a fixé les frontières de la Turquie moderne. Il a en même temps enterré le rêve des Kurdes d'avoir leur propre Etat autonome. Les Kurdes et les Arméniens se considèrent comme les victimes oubliées dudit traité.
Les Turcs organiseront leur célébration sur la place du Port et au Beau-Rivage Palace, à Ouchy. Il se retrouveront tout près de l'endroit où se sont tenues les longues négociations du Traité de Lausanne et à proximité d'une plaque commémorant l'événement.
Les Kurdes voulaient défiler Les Kurdes se réuniront tout près de l'endroit où le traité a été signé, soit devant le Palais de Rumine, au centre-ville. Ils attendent entre 1000 et 1500 personnes, selon l'Alliance kurde en Suisse qui a sollicité cette autorisation de rassemblement.
Les Kurdes comprennent mal qu'on ne les ait pas autorisés à défiler jusqu'au Château d'Ouchy et que les autorités aient permis la tenue d'une manifestation turque à laquelle participeront des nationalistes venus de Turquie. «Ces gens cherchent la provocation», estime un membre de l'Alliance kurde.
Les Kurdes craignent que cette présence ne vienne troubler la bonne cohabitation qui prévaut en Suisse entre les deux peuples. Des ultra nationalistes ne vivant pas en Suisse cherchent à manipuler les immigrés turcs, écrivent-ils dans un communiqué.
Les Turcs d'Europe appelés à Lausanne Depuis plusieurs jours, un site internet invite les Turcs d'Europe à «prendre leur drapeau» et à venir célébrer le 82e anniversaire du traité à Lausanne. Parmi les invités figurent Dogu Perinçek, président du Parti travailleur, Rauf Denktas, ancien leader nord-cypriote et Yusuf Halaçoglu, un historien sous le coup d'une procédure pénale à Winterthour pour négationnisme du génocide arménien.
Selon le site internet, les participants devraient arriver vendredi à Zurich, dans un charter en provenance de Turquie. Ils devraient se rendre samedi à Winterthour et dimanche à Lausanne, où la Société des Turcs de Suisse et la Société de la pensée d'Atatürk (sections Zurich et Berne) appellent à se rassembler.
En 1998 déjà, la célébration du 75e anniversaire du Traité de Lausanne avait suscité une polémique. Le canton avait refusé de prêter aux Turcs le Palais de Rumine pour une fête et quelque 4000 Kurdes avaient défilé dans le calme au centre-ville.
