Un attentat - non revendiqué - dans une rue commerçante d’Istanbul a fait une trentaine de blessés dimanche soir. La piste kurde est privilégiée, après une série d’actes similaires en début de mois.
Le « printemps kurde » a été marqué par des manifestations pro-PKK et par plusieurs attentats. (Photo : Jérôme Bastion/RFI) |
L’explosif de type A-
La Turquie redoute une vague terroriste
Le 31 mars, ce groupe avait revendiqué l’attentat qui avait fait un mort et 13 blessés à un arrêt de bus dans le quartier central de Fatih. Et 5 jours plus tard, c’est à Esenyurt, (rive européenne d’Istanbul) qu’un engin également déposé devant une permanence du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) blessait trois personnes. Sans être revendiqué, cet acte était aussi attribué aux TAK. Le 10 avril enfin, un minibus transportant des magistrats dans la métropole stanbuliote manquait d’être atteint par un engin désamorcé à temps, que la police pense avoir été préparé par des activistes kurdes.
L’un des commanditaires présumés du sanglant attentat de Kusadasi, cité balnéaire de la côte égéenne où 5 personnes dont 2 touristes étaient décédés en juillet dernier, a d’ailleurs été arrêté par la police il y a dix jours, renforçant la crainte d’attentats suicides aveugles, une autre pratique récurrente des rebelles du PKK. Sans pouvoir véritablement parler de panique, la Turquie craint de revivre une vague d’attaques terroristes, un sentiment presque oublié depuis que le
Le sentiment anti-kurde gagne du terrain
« Le syndrome d’un retour aux années 90 est sensible », affirmait lundi à l’appui de cette thèse le journaliste Derya Sazak sur CNN-Türk. Il est vrai que jamais la tension n’a été aussi vive dans le pays, après les 15 années de quasi guerre civile (1984-1999, plus de 36 000 victimes), que ce printemps. Les émeutes de fin mars et début avril faisant une quinzaine de morts (et un journaliste en état de mort cérébrale) dans les grandes villes du pays en sont l’illustration. Elles s’ajoutent à des opérations militaires d’envergure dans le Sud-Est à majorité kurde, comme à Hakkari (près des frontières iranienne et irakienne) où 2 soldats ont été blessés dimanche.
Les persécutions judiciaires se multiplient également à l’encontre des dirigeants locaux du Parti pour une société démocratique (DTP, légal), dont les élus gèrent la majorité des villes du Sud-Est : dimanche, 8 responsables de cette formation fondée en novembre par des anciens députés kurdes dont Leyla Zana ont été écroués à Nusaybin (sud-est). Le 7 avril, 9 animateurs du DTP avaient subi le même sort à Cizre (sud-est). A l’instar du chef de l’opposition parlementaire Deniz Baykal (parti républicain du Peuple) qui n’hésite pas à qualifier le DTP de « prolongement du PKK », cette atmosphère exacerbe le ressentiment anti-kurde dans la population. Ainsi juste après l’attentat de Bakirköy, la police a-t-elle dû tirer en l’air pour éviter le lynchage d’un homme soupçonné d’être un kamikaze.