13 juil. 2006
Said Nursi ne reposera donc jamais en paix ! Après avoir été déterré et enterré de nouveau dans un lieu inconnu pour éviter la vénération populaire, le célèbre penseur islamique turc fait encore l'objet de controverses.
En effet, le Dr Ibrahim Özdemir, adjoint du directeur des relations extérieures au sein du ministère de l'Education nationale de Turquie, vient d'éditer Globalization, Ethics and Islam : The case of Bediuzzaman Said Nursi (Mondialisation, éthique et islam : le cas de Bediuzzaman Said Nursi), rapporte le quotidien turc Milliyet. Cet ouvrage, qui reprend en version anglaise des textes écrits sur Said Nursi - un intellectuel d'origine kurde également connu sous le nom de Bediuzzaman, qui signifie "la beauté du temps" -, fait l'apologie de l'un des personnages historiques les plus critiqués par les élites laïques de l'Etat turc.
Said Nursi (1876-1960) est à l'origine de la communauté Nursu ou Nur. Ce mouvement islamique réformiste a vu le jour dans les années 1920-1930 en réaction aux politiques laïques mises en place par le gouvernement kémaliste. Selon Milliyet, "Özdemir est l'un des membres éminents de la communauté Nursu".
Cette communauté est méconnue, bien qu'elle soit très active sur le plan international, ce qui a poussé Özdemir à éditer cet ouvrage. Özdemir lui-même déclare dans le quotidien turc que "Said Nursi est contre la violence envers les chrétiens et le monde occidental. La communauté compte 6 millions de membres, mais les Etats-Unis et l'Europe ne sont pas informés de ses importantes activités. Cet ouvrage essaie de remédier à ce manque."
Le livre fait l'objet d'une polémique en Turquie à cause de la nature controversée de Said Nursi, dont les propos ont trait à un sujet sensible en Turquie : la laïcité. Mais également à cause de la façon dont sont retransmises ses idées. En effet, Özdemir a une idée bien précise de ce qu'est la laïcité. Il affirme dans Milliyet qu'il "ne voit pas la laïcité comme on la voit en Turquie". Selon lui, "elle crée une crise des valeurs morales au sein des sociétés musulmanes. Le fait religieux ne doit pas s'arrêter à la prière, à l'observance du ramadan ou encore au voyage à La Mecque."
Il pense également que "dans le monde musulman la plupart des régimes antidémocratiques sont aux mains de dirigeants laïcs". Quant au quotidien turc Milliyet, il juge que "dans cet ouvrage il y a des textes qui posent problème et sont à débattre".