Selahattin Demirtas
Le leader kurde du HDP Selahattin Demirtas est en prison depuis presque trois ans. Sa visite a été refusée à des députés européens.
Rfi.fr - REUTERS Osman Orsal - Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
En Turquie, l’opposant Selahattin Demirtas reste en prison. Le leader politique kurde, accusé par la justice de diriger une « organisation terroriste », de « propagande terroriste » et d’« incitation à commettre des crimes », espérait bénéficier prochainement d’une remise en liberté conditionnelle après bientôt trois ans de prison. C’était compter sans le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui considère le leader kurde comme l’un de ses principaux rivaux et fait pression sur la justice pour le maintenir en prison.
Depuis quelques semaines, les proches de Selahattin Demirtas espéraient fébrilement la libération de l’opposant. Un tribunal avait ordonné, au début du mois, sa remise en liberté provisoire dans le cadre de son principal procès. Certes, l’ancien dirigeant du parti prokurde, le HDP, a été condamné à une peine de prison ferme dans un autre procès, mais au vu du temps qu’il a déjà passé derrière les barreaux – presque trois ans – il aurait pu bénéficier d’une remise en liberté conditionnelle.
A peine ses avocats en avaient-ils fait la demande, jeudi, que le parquet d’Ankara ouvrait une nouvelle enquête contre le leader kurde. Sans attendre, un juge a ordonné son placement en détention préventive. Et tout aussi rapidement, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a exprimé sa satisfaction. « Nous ne les lâcherons pas », a-t-il lancé au sujet des élus pro-kurdes.
Pour les soutiens du HDP, ces propos du chef de l’État sonnent comme un aveu : Recep Tayyip Erdogan fera pression sur la justice chaque fois que son rival Selahattin Demirtas – qui affronte des dizaines de procès – aura une chance d’être libéré.
Un scénario similaire s’était produit l’année dernière, lorsque la Cour européenne des droits de l’homme avait sommé Ankara de libérer l’opposant. Deux semaines plus tard, une cour d’appel confirmait sa peine de prison.