Ahmet Altan le 4 novembre 2019 à Istanbul en Turquie.
BULENT KILIC / AFP
Lefigaro.fr avec AFP
Un haut tribunal turc a ordonné mercredi 14 avril la remise en liberté du célèbre journaliste et écrivain Ahmet Altan dont l'emprisonnement en lien avec une tentative de putsch en 2016 est régulièrement critiqué par les organisations de défense des libertés. Cette décision intervient un jour après que la Cour européenne des droits de l'Homme a condamné la Turquie pour la détention de cet intellectuel respecté dans son pays et à l'étranger, et âgé de 71 ans.
«J'étais assis en prison quand on m'a soudain annoncé ce soir que j'allais être remis en liberté», a déclaré Ahmet Altan, devant son domicile à Istanbul. «J'ai pu voir mes enfants, je vais aller passer un peu de temps avec eux», a-t-il ajouté avec un large sourire.
Selon l'agence de presse étatique Anadolu, la cour de cassation a annulé la condamnation d'Altan à 10 ans et demi de prison pour «assistance à une organisation terroriste», prononcée en 2019, et ordonné sa libération. Ce tribunal a également annulé la condamnation d'une autre journaliste et écrivaine, Nazli Ilicak, qui avait reçu la même peine qu'Altan. Elle avait été libérée en novembre 2019.
Ahmet Altan a été emprisonné de 2016 à 2019, puis de nouveau arrêté et incarcéré après une semaine à peine de liberté. Arrêté une première fois en septembre 2016, Ahmet Altan avait été condamné à la prison à vie en février 2018 pour «tentative de renversement de l'ordre constitutionnel». Rejugé après une première annulation de son procès par la cour de cassation, il avait été condamné en novembre 2019 à 10 ans et demi de prison.
Les autorités accusent l'intellectuel d'être lié au prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Recep Tayyip Erdogan qui le désigne comme le commanditaire d'une tentative de coup d'État le 15 juillet 2016. Altan a toujours formellement nié son implication dans la tentative de coup d'État, rejetant des accusations «grotesques». Il était notamment accusé d'avoir envoyé des «messages subliminaux» lors d'une émission retransmise en direct sur une chaîne pro-Gülen à la veille du putsch manqué, un élément qui a ensuite disparu de l'acte d'accusation. Son frère, Mehmet Altan, écrivain et universitaire, avait été accusé lui aussi d'être impliqué dans la tentative de putsch et a été emprisonné pendant près de deux ans, avant d'être acquitté.
Ahmet Altan, qui a fondé le journal d'opposition Taraf, s'est notamment fait connaître en dehors de la Turquie par son récit de sa vie en prison. Son livre «Je ne reverrai plus le monde» a été publié en France aux éditions Actes Sud.