Six personnes, dont un Pakistanais, ont été tuées et cent autres blessées mardi à Ankara à la suite de l'explosion d'une bombe qualifiée "d'attentat terroriste lâche et brutal" par le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
Le chef du gouvernement turc a indiqué devant les caméras de la télévision, sur les lieux de la tragédie, que quatre turcs et un pakistanais avaient été tués dans l'explosion. Selon l'agence semi-officielle Anatolie, un homme grièvement atteint, a succombé à ses blessures une heure environ après l'intervention du Premier ministre.
Un bilan fourni mercredi par les autorités de la capitale turque fait état de 100 blessés, dont 16 dans un état grave.
Huit des blessés seraient des Pakistanais, qui se trouvaient à Ankara pour un salon international de l'industrie de la défense, qui s'est ouvert mardi matin, selon Anatolie citant l'attaché militaire du Pakistan à Ankara. Leurs jours ne seraient pas en danger, selon ce responsable.
Le dîner officiel de cette foire de matériel et d'équipements militaires, qui accueille près de 500 firmes de 49 pays, devait débuter à 19h00 (16h00 GMT) au Musée des civilisations anatoliennes, qui se trouve à quelques centaines de mètres du lieu de l'explosion.
Il s'agit d'"un attentat terroriste lâche et brutal", a déclaré M. Erdogan, qui s'est refusé à dire aux journalistes qui le questionnaient si la police détenait d'ores et déjà des indications sur ses auteurs.
De son côté, le chef d'Etat major Yasar Büyükanit, qui a indiqué qu'il n'y avait pas encore eu d'arrestations, a estimé qu'il s'agissait de l'oeuvre d'"une organisation terroriste organisée" avant de souligner que d'autres villes du pays étaient susceptibles d'être les cibles d'attaques similaires.
Selon un policier, interrogé par l'AFP, la bombe avait été "placée à un arrêt d'autobus" sur l'avenue Anafartalar, située dans un quartier très commerçant de la capitale turque, à une heure de grande affluence.
L'explosion s'est produite vers 18H50 locales (15H50 GMT) devant un centre commercial d'Ulus.
Des experts en explosifs devaient encore déterminer le type d'engin utilisé et enquêtaient sur l'éventuelle implication d'un kamikaze, ont indiqué à Anatolie des sources policières.
Selon la chaîne de télévision d'information NTV, citant des sources policières, l'explosif pourrait être du plastic A-4, utilisé généralement par les rebelles séparatistes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
Des images diffusées par les chaînes de télévision montraient des gens ensanglantés gisant au sol, entourés de policiers et de secouristes venus prodiguer les premiers soins.
"Nous venons de vivre dans un des lieux les plus animés de la capitale un acte cruel et sans pitié", a encore déclaré M. Erdogan. "Nous avons toujours affirmé que le terrorisme était un phénomène dont on ne connaît jamais le moment ni la cible".
Réitérant son appel en faveur d'"une plate-forme de lutte internationale contre le terrorisme", le Premier ministre a averti que l'attentat avait eu lieu à un moment où "nous prenions des mesures très délicates, en particulier avec l'approche de l'été, faisant ainsi une référence à peine voilée au PKK, qui mène depuis 1984 une guerre séparatiste contre les forces de sécurité dans le sud-est de la Turquie, à majorité kurde.
Des militants kurdes ont revendiqué ces dernières années plusieurs attentats à la bombe dans des centres urbains et surtout, pendant les mois d'été, dans des lieux touristiques du pays.