9 novembre 2007Des incursions en Irak seraient inacceptables
Ankara - Le principal parti pro-kurde de Turquie s'est opposé avec force hier, lors d'un congrès à Ankara, à la politique «militariste» du gouvernement et à ses menaces d'opérations militaires transfrontalières contre les camps des rebelles kurdes dans le nord de l'Irak.
Le deuxième congrès du Parti pour une société démocratique (DTP) s'est tenu sur fond de menaces turques d'intervention dans le Kurdistan irakien, où sont retranchés les séparatistes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
«La politique militariste de l'AKP est inacceptable. [...] Au lieu de dépenser le temps et l'énergie pour une opération transfrontalière, dépensons-les pour instaurer la paix à l'intérieur», a affirmé Nurettin Demirtas dans un discours, quelques heures avant d'être élu à la tête du DTP.
M. Demirtas, considéré comme un faucon au sein du militantisme kurde et qui a été emprisonné dans sa jeunesse pour appartenance au PKK, a été ovationné pour ses propos prononcés devant un parterre de plusieurs centaines de militants.
Aujourd'hui encore, le DTP, dont plusieurs dirigeants sont jugés pour apologie du PKK ou de son chef emprisonné Abdullah Öcalan, est sous la menace d'une interdiction.
Le ministre de la Justice, Mehmet Ali Sahin, a indiqué mercredi soir que «l'opinion publique pense qu'ils [le DTP] ont
des liens» avec le PKK et a affirmé que cette formation pourrait être interdite. «S'ils insistent pour servir les objectifs du PKK sur
le terrain politique, ils en souffriront alors les conséquences», a-t-il averti.
Le DTP refuse de considérer le PKK comme une organisation terroriste comme l'ont fait Ankara, Washington et les Européens.
Il a réussi à faire envoyer 20 représentants au Parlement d'Ankara (qui comprend 550 sièges) lors des dernières élections législatives de juillet, une première pour un parti luttant essentiellement pour les droits des Kurdes.