ANKARA, 13 sept 2005 (AFP) - 11h34 - Un homme suspecté d'avoir projeté d'assassiner lundi le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a été décrit par la presse mardi comme un nationaliste mentalement instable et insatisfait de la réponse donnée par Ankara à la rébellion kurde dans le sud-est de la Turquie.
Le suspect, qui dissimulait dans une miche de pain un pistolet d'alarme modifié pour pouvoir tirer de vraies balles, a été arrêté dans la ville de Kütahya (nord-ouest) alors qu'il s'approchait en hurlant du bus à bord duquel M. Erdogan venait de prendre place au terme d'une cérémonie. L'homme, répondant au nom de Mustafa Bagdat et âgé de 32 ans, a fait part à la police de "ses sentiments nationalistes" et de son mécontentement au regard de ce qu'il percevait comme l'inaction du gouvernement face aux rebelles séparatistes kurdes, a rapporté le journal à gros tirage Hürriyet. "Le gouvernement ne fait rien alors que nos soldats deviennent des martyrs chaque jour. Je suis très perturbé par cela", a-t-il déclaré dans sa déposition, selon Hürriyet. Les télévisions ont diffusé lundi des images de l'individu criant en direction de M. Erdogan: "Nous avons perdu cinq martyrs hier. Est-ce que vous vous en souciez?" Bagdat faisait référence à la mort de cinq soldats tués dimanche lors d'affrontements avec des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont multiplié leurs attaques contre des cibles militaires dans le sud-est de la Turquie à majorité kurde. M. Erdogan a plaidé le mois dernier pour une résolution de la question kurde par "plus de démocratie", suscitant la colère des milieux nationalistes. Des responsables de la police, cités par le quotidien Sabah, ont décrit le suspect comme "psychologiquement instable mais pas fou". Le procureur général de Kütahya a affirmé lundi que, selon une "évaluation initiale" de l'incident, Bagdat envisageait d'assassiner le Premier ministre. L'individu a été placé en garde à vue mais n'a pas encore été mis en détention provisoire. M. Erdogan a relativisé l'incident, estimant que certaines personnes en Turquie "n'ont pas encore assimilé la démocratie". "Il n'y a qu'une seule autorité devant laquelle nous devons rendre des comptes et c'est Dieu", a-t-il déclaré lundi soir. "Et concernant notre responsabilité à l'égard du peuple, nous rendons des comptes lors de chaque élection".