Arnouville (Val d'Oise), samedi après-midi
Les forces de l'ordre ont chargé et usé de gaz lacrymogènes. LP / Frédéric Naizot
Arnouville (Val d'Oise), samedi après-midi
Lors des échauffourées qui ont suivi les interpellations, des poubelles ont notamment été incendiées. LP / Frédéric Naizot
Arnouville (Val d'Oise), samedi après-midi
Des échauffourées ont éclaté dans un quartier situé à la limite d'Arnouville et Villiers-le-Bel, à la suite d'interpellations dans la communauté kurde. LP/ Rahim Bellem
Arnouville (Val d'Oise), samedi après-midi
Evry (Essonne), samedi 15h30. Les fonctionnaires sécurisent l'hôtel de police après les échauffourées qui se sont produites en début d'après-midi dans le quartier des Pyramides
Parisien.fr | MF avec Rahim Bellem, Aurélie Foulon (Arnouville) et Marie d'Ornellas (Evry)
Des échauffourées ont éclaté samedi dans un quartier situé à la limite d'Arnouville, Gonesse et Villiers-le-Bel, dans le Val-d'Oise. D'après les éléments recueillis sur place, il s'agirait d'une interpellation qui aurait mal tourné. Onze personnes de la communauté kurde ont été blessées et transportées à l'hôpital de Gonesse, selon le maire PS de cette ville, Jean-Pierre Blazy. Des évènements de même nature se sont produits au même moment dans l'Essonne, à Evry.
«Deux personnes ont été interpellées à Evry et une à Arnouville dans le cadre d'une enquête préliminaire, ouverte par la parquet de Paris, et confiée à la sous-direction anti-terroriste (SDAT)», a annoncé dans la soirée une source judiciaire, sans préciser leur identité.
Tout aurait commencé dans la matinée, vers 10 heures, lorsque des policiers ont effectué une perquisition au Centre culturel d'Arnouville «Le Refuge», 11 rue Jean-Jaurès, près de la gare d'Arnouville-Villiers-le-Bel-Gonesse, et interpellé deux ressortissants kurdes. Les forces de l'ordre auraient été empêchées d'intervenir par d'autres membres de la communauté et l'arrestation aurait dégénéré. Dans la rue, les voitures des policiers été caillassées et des poubelles incendiées en début d'après-midi. Des magasins ont baissé le rideau. Un subit accès de violence qui a nécessité le déploiement d'un important dispositif de sécurité.
De nombreux CRS casqués et équipés de gilets pare-balles ont été appelés en renfort pour contenir les débordements. Environ quarante voitures de police, des camions de pompiers et un hélicoptère de de la sécurité civile ont été déployés sur place, alors que d'autres ressortissants kurdes, parmi lesquels de nombreux jeunes, arrivaient pour prêter main forte à leur compatriotes. L'accalmie n'est intervenue qu'après plusieurs heures de heurts. Vers 15h45, le plus gros du dispositif de sécurité a pu être levé.
«C'était très impressionnant, raconte une habitante du quartier dont le pavillon se situe à proximité du centre. Quand les violences ont commencé les policiers étaient peu nombreux, il y avait une cinquantaine de manifestants tout au plus, et à la fin ils étaient au moins deux cents !» Cette habitante a constaté les dégâts. «Le quartier est dans un état pitoyable, la poubelle de mon voisin s'est retrouvée de l'autre côté de la rue et ma cour était jonchée de cailloux. Le gaz lacrymogène est entré jusque chez moi, j'ai dû déplacer mes enfants à l'étage... Plusieurs voitures de policiers et de particuliers ont été caillassées, c'était vraiment inquiètant, ça m'a fait penser à ce qui s'est passé à Villiers-le-Bel, de l'autre côté de la gare, il y a trois ans.
Contacté par leparisien.fr, Daniel Auguste, élu délégué au commerce et à l'artisanat à Villiers-le-Bel, confirme les circonstances de la descente de police. «Ils venaient chercher deux personnes au moment où il y avait un cours de danse folklorique pour les enfants. L'ambiance était très tendue, la police a utilisé des gaz lacrymogènes en présence des enfants et ça a dégénéré. Après ça, il y a eu des commerces saccagés, des feux allumés un peu partout.... Les forces de l'ordre ont déployé un dispositif très conséquent. Je n'ai pas vu une présence policière aussi importante depuis 2007, même s'ils ne sont quand même pas aussi nombreux qu'à cette époque...» .
Dans un communiqué diffusé samedi, le Parti communiste estime que «la France se couvre de honte en utilisant contre ces hommes les mêmes pratiques que celles qu'ils ont fuies en quittant la Turquie». Il demande la libération immédiate des militants kurdes et l'arrêt des violences sur leurs soutiens. Selon le PCF et le président de la Maison culturelle kurde d'Arnouville, l'homme interpellé samedi dans cette ville est Nedim Seven, membre actif du PKK, considéré comme un groupe «terroriste» par de nombreux pays. Les sources policières et judiciaires n'avaient pas pu confirmer l'information samedi soir.
Nedim Seven «s'est déjà vu refuser l'autorisation d'entrer à l'Assemblée nationale lundi dernier pour participer à un colloque», a ajouté le PCF dans un communiqué. Le président de la Maison culturelle kurde d'Arnouville, Maxime Tosun, présent lors de l'interpellation, décrit son association comme «culturelle et folklorique». «Quand les policiers sont entrés, a-t-il ajouté, ils nous ont demandé de nous mettre par terre. Il y a avait des femmes et des enfants. Une femme a reçu un coup de matraque».
A Evry, peu après 14 heures, une cinquantaine de personnes se sont attaqué aux policiers, place des Miroirs, dans le quartier des Pyramides. A l’aide de pierres, de morceaux de fer ou de bois, ces hommes âgés d’une quarantaine d’années ont caillassé les agents présents sur place. Vers 15 heures, les manifestants, qui s'étaient déplacés devant le restaurant McDonald's situé près du centre commercial Evry II, ont de nouveau lancé des projectiles sur les policiers. Ceux-ci ont riposté avec des tirs de flash-ball et de grenades lacrymogènes. Aucun blessé n’est à déplorer dans les rangs des fonctionnaires. Un individu a été interpellé. Les forces de l'ordre ont sécurisé les abords de l'hôtel de police.
Trois personnes ont été très légèrement blessées dans ces heurts, selon l'AFP, mais ont refusé d'être prises en charge par les pompiers. Le cortège, qui a atteint une centaine de personnes, s'est ensuite dissous dans le calme.
Là aussi, comme dans le Val d'oise, c'est l'interpellation par la police de deux personnes d'origine kurde qui serait à l'origine de ces échauffourées.