NOUVELOBS.COM [30 décembre 2005] La mission chargé de trouver un compromis sur les résultats contestés des élections législatives semble bien accueillie par les partis irakiens.
Abdel Aziz Hakim (à gauche) avec le président Jalal Talabani, jeudi (AP)
Des mouvements politiques irakiens qui contestent les résultats des élections ont négocié vendredi 30 décembre avec la mission chargée de réévaluer ces résultats. La mission, qui bénéficie du soutien des Nations unies et des autorités américaines, se donne pour mission de faire accepter les scores des législatives du 15 décembre, qui donnent gagnante la liste des chiites conservateurs. Un consensus autour des résultats pourrait hâter la formation d'un gouvernement élargi, à laquelle s'emploie le président Kurde Jalal Talabani. Le président a reçu à cet effet jeudi la chef de la liste chiite, Abdel Aziz Hakim. Les deux hommes se sont accordés sur la nécessité d'un gouvernement élargi, mais ont exigé que ses composantes s'entendent sur un programme précis et condamnent la violence, cette seconde exigence visant implicitement certaines parties sunnites.
"Trouver une solution juste"
Les sunnites ont dénoncé jusqu'à présent des résultats "falsifiés", mais ont montré leur bonne volonté. "Le Front de la Concorde apprécie la réponse de la communauté internationale à sa demande pour trouver une solution juste à ses revendications et une sortie de crise", a ainsi indiqué le groupe de trois formations sunnites, qui est à l'origine de nombreuses manifestations dans les rues. Le Front de la Concorde a exprimé l'espoir que les observateurs appelés à réévaluer les élections auront "assez de prérogatives pour prendre les décisions nécessaires, ce qui aidera à faire accepter leurs résultats". Pour sa part, la liste de l'ancien Premier ministre, le chiite laïque Iyad Allaoui, s'est dite satisfaite de la démarche et a appelé "toutes les parties à collaborer avec les observateurs et à dévoiler la réalité sans crainte". Elle a souhaité des enquêtes sur les violences qui ont visé ses partisans comme les "attaques armées contre les permanences du mouvement, les intimidations d'électeurs qui ont empêché certains de voter librement et d'éventuelles manipulations de votes".
"Mission tardive"
Le chef d'un autre groupe politique sunnite, Saleh Motlak, s'est dit satisfait. "C'est une bonne chose, même si la venue de cette mission est tardive et qu'on aurait souhaité sa présence avant et pendant le déroulement du scrutin", a déclaré le chef de la liste de Front irakien pour le dialogue national. Saleh Motlak a en outre regretté les déclarations "hâtives" des Nations unies et de responsables américains, qui avaient loués le bon déroulement du scrutin. Le mouvement de Saleh Motlak est, avec la liste d'Iyad Allaoui et celle de la Concorde nationale, l'un des principaux animateurs du groupe baptisé Maram, qui a multiplié les manifestations de rue pour demander de nouvelles élections. Du côté des vainqueurs annoncés, un responsable de la Liste de l'Alliance irakienne unifiée (chiite), qui considère que les jeux sont faits, a montré peu d'enthousiasme pour la mission d'observation.
Experts
"Cela ne sert à rien, parce que les élections se sont déroulées sous l'œil d'observateurs internationaux", a souligné Khodeïr Khozaï. Condoleezza Rice et Kofi Annan ont salué jeudi les efforts de la Commission électorale indépendante irakienne qui vérifie les plaintes. Le secrétaire général de l'Onu s'est félicité de la décision de la Mission internationale pour les élections irakiennes (MIEI) de constituer une équipe d'experts, comprenant deux représentants de la Ligue arabe. La MIEI, créée en décembre 2004, est composée de membres de commissions électorales indépendantes et d'experts électoraux, tous étrangers. Elle a notamment observé les élections de janvier et le référendum d'octobre en Irak.