COPENHAGUE, 17h 14 , 21 nov 2005 (AFP) - Les Etats-Unis ont exhorté vivement le Danemark à fermer une chaîne de télévision kurde qui émet de son territoire et considérée par la Turquie comme le porte-parole de la rébellion armée kurde, rapporte lundi le quotidien danois Berlingske Tidende (conservateur).
Ankara avait demandé à plusieurs reprises aux autorités danoises d'engager une action contre Roj TV, qui diffuse ses programmes vers l'Europe depuis Copenhague, l'accusant d'être liée au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) interdit en Turquie, et inscrit par l'Union européenne et Washington sur la liste des organisations terroristes.
"Nous appelons vigoureusement le gouvernement danois à fermer Roj TV, Mesopotamia TV et MBMG (qui coopèrent avec elles) et à geler leurs avoirs" indique une note confidentielle adressée au ministère des Affaires étrangères, dont Berlingske Tidende a révélé le contenu, samedi et lundi.
Roj TV, qui émet depuis mars 2004 à partir du territoire danois, a failli récemment créer une crise diplomatique entre Copenhague et Ankara après que le Premier ministre turc, Recep Ayyip Erdogan, eut refusé de prendre part à une conférence de presse à Copenhague à cause de la présence d'une journaliste de cette chaîne.
Le chef du gouvernement danois, Anders Fogh Rasmussen, invoquant la liberté d'expression, n'a pas voulu interdire l'accès de ce point de presse à Roj TV, qui "n'a pas enfreint", selon lui, "la législation danoise". Mais la police enquête néanmoins sur d'éventuelles relations de la chaîne avec le PKK.
Utilisant les mêmes arguments qu'Ankara, la note américaine à Copenhague souligne que le Danemark ne doit pas être "un refuge" pour une telle chaîne.
Pour Washington, les problèmes de la Turquie avec le PKK sont dûs au soutien que ce mouvement reçoit en Europe.
"Alors que la plupart des attaques du PKK ont eu lieu en Turquie, le PKK est profondément dépendant de sources européennes en ce qui concerne le financement, le soutien organisationnel, le recrutement et les opérations de propagande", souligne cette note.
"A la lumière de la menace que représente le PKK pour nos alliés en Turquie et dans d'autres endroits en Europe, nous voudrions bien coopérer avec le Danemark et le gouvernement turc pour combattre ce problème", souligne encore Washington.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de l'ambassade américaine à Copenhague n'a pas voulu ni confirmer ni démentir cette note, rappelant la politique des Etats-Unis "de ne pas commenter des notes condidentielles entre gouvernements".
Plus de 37.000 personnes ont trouvé la mort depuis 1984, date à laquelle le PKK a engagé une lutte armée pour obtenir l'autodétermination du sud-est de la Turquie, à majorité kurde.