tags: N° 168-169 | mars-avril 1999
Le 18 avril 1999 plus de 35 millions électeurs étaient appelés à se rendre aux urnes pour élire les 550 députés de l'Assemblée Nationale, mais aussi renouveler les conseils des 80 départements, 921 sous-préfectures, 2 270 présidents des conseils municipaux, 3 778 conseillers municipaux et 49 580 maires.
Les élections législatives et municipales pour lesquelles 21 partis politiques étaient en lice, se sont déroulées sous haute surveillance des forces de sécurité. Elles ont été marquées par la forte poussée des partis turcs ultranationalistes de "gauche" (le Parti de la gauche démocratique, DSP, de M. Bulent Ecevit, 22,6% des voix) et d'extrême droite (le Parti de l'Action nationaliste, MHP de M. Devlet Bahçeli, 18,6% des voix).
Les deux formations de la droite nationaliste traditionnelle -le Parti de la Mère-Patrie, ANAP, de M. Mesut Yilmaz, et le Parti de la Juste voie (DYP)- s'effondrent tandis que le Parti républicain du Peuple (CHP), créé en 1923 par Ataturk et qui se revendiquait comme social-démocrate ne franchissant pas la barre fatidique des 10% des suffrages ne sera pas représenté au Parlement pour la première fois de son histoire.
Les islamistes du parti de la Vertu (Fazilet), successeur du parti Refah, affectés par l'élimination récente de leurs leaders charismatiques, M. Erbakan et l'ex-maire d'Istanbul T. Erdogan, avec un score de 15,1% perdent plus de 6 points par rapport aux élections législatives de 1995 tout en parvenant à préserver l'essentiel de leur influence locale en conservant les municipalités des grandes villes comme Istanbul, Ankara, Kayseri, etc...
Au Kurdistan, en dépit d'une fraude importante pratiquée dans les zones rurales et dans nombre de districts des provinces de Sirnak, Mardin, Urfa, Mus et Batman, malgré l'incarcération de ses principaux dirigeants, les harcèlements policiers, l'interdiction de ses meetings et la pression médiatique hostile, le parti pro-kurde Hadep fait un bon score en obtenant en moyenne 30% des suffrages et remporte une quarantaine de municipalités dont celles de Diyarbakir, Batman, Bingol, Hakkari, Siirt, Agri, Van. Les villes de Dersim (Tunceli) et Mardin ne lui ont échappé qu'officiellement de quelques dizaines de voix, en raison des bourrages d'urnes lors des opérations de dépouillement pratiquées dans les commissariats de police. Dans certaines villes les municipalités ont été attribuées d'office aux candidats des partis arrivés en second, car le Hadep, arrivé premier, avait dû, sous la menace d'assassinat de ses édiles, renoncer à y présenter des listes municipales ou même tenir le moindre meeting électoral. À Sirnak, le candidat indépendant, Me Hasip Kaplan, soutenu par le HADEP, n'a même pas été autorisé par l'armée à mettre les pieds dans sa circonscription pour déposer sa candidature. Il avait été obligé de s'acquitter par fax de cette formalité.
Ses principaux dirigeants nationaux et régionaux étant en prison, certains depuis près de deux ans, le HADEP, sous la menace d'une interdiction imminente de la Cour constitutionnelle turque, avait dû présenter des candidats disponibles, pour la plupart inconnus du public, afin d'offrir à la population la possibilité de ne pas voter pour les partis nationalistes turcs. Cette politique a reçu une assez large approbation des électeurs du Kurdistan tandis que l'important électorat kurde de l'Ouest, conscient de l'impossibilité de faire élire un maire ou un député du HADEP dans les villes comme Istanbul ou Izmir, à forte population immigrée kurde, semble avoir préféré voter utile contre le nationalisme turc en votant pour les listes du parti de la Vertu. On relève cependant que certains arrondissements kurdes d'Izmir, Asarlik, et d'Adana, Kuçukdili, ont élu des maires HADEP.
A Mersin, important port de la côte méditerranéenne qui a vu sa démographie bouleversée au cours de la dernière décennie, à la suite de l'afflux des Kurdes contraints à l'exode par la guerre, et est progressivement devenue une ville à forte population, probablement à majorité kurde, le discours revendicatif du HADEP a trouvé un large écho. Au point où la liste du HADEP avait toutes les chances de conquérir la mairie. Le dépouillement du scrutin donnait d'ailleurs au HADEP, une nette avance. Dans la nuit du 19 au 20 avril, vers 3h00 du matin avec 41 000 voix, le HADEP était en tête et le DSP de M. Ecevit avait environ 38 000 voix. Sur intervention du ministre turc de la culture, Istemihan Talay, de DSP, présent à Mersin, le dépouillement est suspendu pour une durée de sept heures. Le lendemain, la suite du dépouillement donne le DSP vainqueur et relègue le HADEP en quatrième position ! Pour le HADEP, il ne fait aucun doute que durant la suspension de sept heures les autorités turques ont remplacé les urnes restant à dépouiller par des urnes bourrées de voix DSP. Il y a fraude, et même fraude grossière, clament les dirigeants de ce parti qui ont introduit un recours en annulation devant le Haut conseil des élections. Sans illusion toutefois, car on voit mal l'État turc laisser la mairie d'une ville portuaire stratégique aux mains d'une équipe kurde.
La fraude, courante à l'Ouest, a été systématique au Kurdistan, notamment dans les campagnes. "Si vous votez pour le hadep, votre village sera détruit": cette menace-là beaucoup d'habitants des villages kurdes non encore rayés de la carte l'ont entendu de la part des officiers des forces spéciales turques venant les avertir avant les élections. Et sachant qu'on ne plaisante pas avec les militaires turcs, pour assurer la survie de leur village et leur propre survie physique, les uns ont voté en faveur des candidats soutenus par l'armée sous des étiquettes politiques variées (ANAP, MHP, voire DYP), d'autres plus téméraires, en mettant un bulletin blanc dans l'urne ou en boycottant le scrutin.
Un exemple parmi tant de témoignages sur ces drôles d'élections: le village de Sincik, du district d'Ergani, dans la province de Diyarbakir compte environ 400 électeurs inscrits. Deux urnes y sont installées sous l'étroite surveillance militaire. Les habitants se présentent pour voter mais le sergent-chef les avertit d'emblée: chacun doit voter publiquement et montrer le bulletin qu'il met dans l'urne. "Je ne veux pas de voix pour les traîtres du HADEP, sinon votre village sera détruit" tonne-t-il. Face à cette terrible menace, les paysans refusent de voter. Le dépouillement du scrutin donne 4 voix, celles des officiers chargés de ce bureau de vote!
Ce contexte particulier explique sans doute en grande partie le décalage entre le vote urbain et le vote rural au Kurdistan. Ainsi, la liste du HADEP a obtenu 64% suffrages dans la ville de Diyarbakir tandis qu'elle n'obtenait que 39,9% dans l'ensemble du département de Diyarbakir où les fortes pressions de l'armée ont favorisé les listes des partis turcs. Au final ce sont d'ailleurs ces partis qui se sont vu adjuger tous les sièges de députés.
Autre scène singulière: dans la ville de Lice, située à 70 km au nord-est de Diyarbakir, qui avait été en grande partie détruite par l'armée turque en 1993, et qui depuis étant devenue "une ville interdite aux non habitants", le candidat du HADEP à la mairie, Zeynel Bagir, a été triomphalement élu maire alors que même pendant la campagne électorale, il n'avait pas été autorisé à mettre le pied dans cette ville, qui est sa ville natale. Lice est aussi la ville natale de M. Hikmet Çetin, président sortant de l'Assemblée Nationale turque qui, quoique d'origine kurde, n'a jamais été élu député dans une circonscription kurde car pour la plupart, les Kurdes le considèrent comme un Kurde de service, ou un Kurde alibi du pouvoir turc.
Parmi les maires fraîchement élus du HADEP, quatre femmes: Melle Ferrah Diba ERGUN, 31 ans, élue maire de Diyadin, dans le département d'Agri, au pied du mont Ararat, et toujours dans le même département, à quelques kms de la République islamique d'Iran, Mme Mukkades KUBILAY, 44 ans, élue maire de Dogubeyazit; Mme Cihan SINCAR, veuve du député Mehmet Sincar, assassiné en 1993, élue maire de Kiziltepe dans le département de Mardin et Mme Ayse KARADAG, 46 ans, élue maire de Derik, dans le même département. Par ailleurs, par défi aux autorités, la ville d'Agri a élu maire une personnalité, Huseyin Yilmaz, détenu sans jugement depuis 7 mois pour délit d'opinion. Son prédécesseur Zeki Basaran avait été destitué par le ministre de l'intérieur pour "insulte à Ataturk".
Le HADEP avec un score national de 4,7% des voix dans l'ensemble de la Turquie n'aura pas d'élus au Parlement turc, alors qu'un système proportionnel lui aurait assuré un bonne trentaine de sièges.
RESULTATS DES ELECTIONS LEGISLATIVES 1999 EN TURQUIE
Les Principaux Partis %1999 nombre desièges 1999 % 1995
Parti de la Gauche Démocratique (DSP) 22,6 127 14,64
Parti de l'Action Nationale (MHP) 18,6 126 8,18
Parti de la Vertu (Fazilet) 15,1 105 21,38
Parti de la Mère Patrie (ANAP) 13,6 80 19,65
Parti de la Juste Voie (DYP) 12,9 85 19,18
Parti Républicain du peuple (CHP) 8,7 0 10,71
Parti de la Démocratie du peuple (HADEP) 4,7 0 4,17
L'influence électorale des autres partis politiques au Kurdistan est résumée dans le tableau ci-après.
TABLEAU
Tandis que le Kurdistan a accordé sa préférence au HADEP, l'Anatolie centrale et le littoral de la mer Noire ont massivement voté en faveur du MHP et les régions développées de l'Ouest turc pour le DSP.
La montée du DSP de M. Ecevit était prévisible tant depuis des mois les grands media du pays pratiquent une campagne de promotion incessante en sa faveur mettant en valeur sa "probité", son "patriotisme" l'estime et la confiance dont il jouit auprès de l'armée depuis son intervention militaire à Chypre, en 1974. En lui livrant sur un plateau d'argent la tête d'Abdullah Ocalan, les Américains ont, malgré eux, fortement contribué à la popularité de cet homme politique turc, réputé jusqu'à récemment pour son anti-américanisme et ses sympathies pro-Saddam. Une partie de l'électorat de CHP et du DYP de Mme Çiller semble avoir, dans ce climat patriotique chauffé à blanc opté pour le "tombeur d'Ocalan". La suspension par les autorités britanniques de MED TV, l'unique chaine de télévision en kurde, en pleine campagne électorale, a empeché tout effort d'équilibrer un tant soit peu le rouleau compresseur nationaliste des media turcs.
L'affaire Ocalan et toute l'hystérie nationaliste fortement médiatisée qui l'accompagne depuis septembre 1998 a joué un rôle encore plus décisif dans la forte poussée du Mouvement de l'Action nationaliste (MHP). Ce parti d'extrême droite, créé par le colonel Turkes et prônant "l'unification des peuples turcs de l'Adriatique à la muraille de Chine", résolument anti-kurde, et anti-grec, a mené campagne sur le thème "les martyrs [NDLR: soldats turcs tués dans la guerre du Kurdistan] ne meurent pas, la patrie ne se divise pas". Il fournit le gros du contingent des unités spéciales (Ozel Tim) et des forces de police turque servant au Kurdistan et ont une forte présence dans la justice, l'éducation nationale et l'administration préfectorale. Troupes de chos très idéologisées des forces de sécurité et de l'administration turque, ces Loups Gris ont, tout au long de la campagne, fait valoir leur état de services "patriotiques", pris à partie "l'Europe, ennemie des Turcs et supporter des terroristes" et vilipendé les chefs des partis de droite "incapables d'éradiquer le terrorisme du PKK".
Dans cette surenchère nationaliste beaucoup d'électeurs turcs qui auparavant avaient voté pour l'ANAP de M. Yilmaz et le DYP de Mme Çiller "championne" du nationalisme turc, ont voulu cette fois-ci donner ses chances au MHP. En fait, une analyse fine de l'électorat du MHP, détaillée par T. Erdem dans le Hurriyet du 21 avril, indique qu'environ 1 100 000 électeurs qui, en 1995, avaient voté pour l'ANAP et le DYP ont cette fois-ci voté pour le MHP qui a également attiré 700 000 voix du parti islamiste de la Vertu (Fazilet) ainsi que près de la moitié (1 300 000) des 3 millions nouveaux électeurs, pour la plupart jeunes au chômage. Malgré des nuances, il n'y a pas de véritables frontières idéologiques étanches entre le DYP, l'ANAP et le MHP. Plusieurs militants de premier plan de ce parti néo-fasciste ont d'ailleurs servi comme ministres dans les cabinets Yilmaz et Çiller. Le Fazilet compte également une composante plus turquiste qu'islamiste qu'incarne, entre autres, le maire d'Ankara Gokçek. Le va-et-vient des électeurs entre ces formations en fonction du climat idéologique et médiatique du moment et du charisme des leaders en présence ne doit pas étonner.
Leader rassembleur et charismatique Turgut Ozal avait su fédérer dans l'ANAP ces diverses composantes islamiste, nationale-conservatrice et libérale. En 1991, l'ANAP avait obtenu 36% des voix. Sous la direction de son terne successeur M. Yilmaz, ce parti ne recueille plus que 13,2% des suffrages. De son côté, Mme Çiller avait hérité en 1993 d'un DYP qui sous le leadership de Demirel avait fait un score honorable de 27% et qui se trouve maintenant à 12,2% faisant prédire à certains commentateurs la fin du centre en politique turque.
L'un des grands perdants des élections législatives turques du 18 avril, le président d'ANAP, Mesut Yilmaz, dans une interview au quotidien Milliyet du 28 avril, impute la défaite de son parti à la défection de son électorat conservateur. "Nous payons la facture des décisions dictées le 28 février 1997 par le Conseil national de Sécurité", ajoute-t-il [NDLR: le CNS, dominé par l'armée avait stigmatisé la menace islamiste, demandé la fermeture des collèges religieux et mis en oeuvre une stratégie qui a abouti à la démission forcée du Premier ministre islamiste N. Erbakan, à son remplacement par Mesut Yilmaz et à l'interdiction du Parti Refah]. "Le 28 février a provoqué le regroupement en deux camps des partis politiques. D'un côté le camp DSP-ANAP-CHP, de l'autre celui de Fazilet-DYP-MHP. À l'intérieur de chaque camp les voix se sont déplacées de certains partis vers d'autres. Les nôtres pour des raisons conjoncturelles ou d'image, sont allées vers le DSP de M. Ecevit" affirme M. Yilmaz. Arrivé au pouvoir par la volonté de l'armée il avait dû mettre en exécution les principales mesures anti-islamistes édictées par les militaires. "De ce fait nous avons été perçus par notre électorat conservateur comme le parti de l'État, le parti de l'armée et nous avons été sanctionnés" explique l'ex-Premier ministre turc qui reconnaît aussi que ses "arrangements" (avec le parti de Tansu Çiller) afin d'éviter la comparution de l'un et l'autre devant la Haute Cour de Justice pour corruption et liens avec la mafia, lui ont aliéné une partie de l'opinion.
Enfin M. Yilmaz se prononce en faveur d'une coalition de DSP de M. Ecevit avec le parti de l'Action nationaliste (MHP) tout en se disant "conscient" du risque de voir cette formation d'extrême droite noyauter l'État.
Contrairement à Deniz Baykal qui tirant les conclusions de la déroute de son parti (CHP) a démissionné de son poste, M. Yilmaz n'envisage pas de renoncer à la présidence d'ANAP et tout comme Mme Çiller, qui s'accroche également à son poste, il pense que la défaite de son parti n'est qu'un accident de parcours conjoncturel.
Enfin, le succès du Parti de l'Action Nationaliste aux élections générales a permis à plusieurs personnes accusées de meurtres, de trafic de drogue, de crimes politiques ou de droit commun de devenir députés et bénéficier ainsi de l'immunité parlementaire.
Parmi les députés accusés dans de meurtres figurent Mehmet Gül et Ahmet Çakar, réciproquement élus MHP dans la 3ème et 1ère circonscription d'Istanbul, tous deux inculpés pour le meurtre de 7 étudiants de gauche à Beyazit le 16 mars 1978. Elu dans la première circonscription d'Istanbul, Mustafa Verkaya du MHP, est inculpé de trafic d'arme. Mais aussi Celal Adan, élu, lui, sur la liste du DYP, membre de la section d'Istanbul des Loups Gris, est impliqué dans un assassinat politique commis le 16 mars 1978; il avait reconnu avoir donné l'adresse de Kemal Turkler, président du syndicat DISK, à Unal Osmanagoglu, un des assassins présumés du syndicaliste. L'affaire est désormais couverte par la prescription.
Par ailleurs la réélection de l'ancien chef de police Mehmet Agar, élu à Elazig, permet de lui procurer une nouvelle immunité parlementaire, offrant ainsi une impunité totale pour les nombreux crimes qui lui sont attribués: fourniture de documents de port d'armes, de fausses pièces d'identité et de passeports diplomatiques au trafiquant de drogue Yasar Oz et au mafieux Abdullah Çatli, un des pratagonistes de l'affaire de Susurluk, libération des policiers impliqués dans le meurtre du roi des casinos, Omer Lutfu Topal et surtout organisation de centaines de meurtres "mystérieux" d'opposants kurdes, supposés ou réels.
Les autres députés fraichement élus au Parlement et impliqués dans les affaires criminelles sont: Armagan Yilmaz, député MHP d'Usak, mis en cause dans des attaques fomentées par les Loups Gris avant le coup d'état de 1980. Ahmet Kenan Tanrikulu, député MHP d'Izmir, s'était évadé de la prison de Bostadel en Suisse en 1990 en compagnie d'Abdullah Çatli. Ismail Hakki Cerrahoglu, député MHP de Zonguldak, impliqué dans le meurtre d'un journaliste du quotidien Demokrat, il avait fui à l'étranger à l'époque des faits. Ali Uzunirmak, député MHP d'Aydin, mis en examen pour le meurtre du syndicaliste Kemal Turkler, a été condamné pour trafic de drogue en Allemagne. Mehmet Kundakçi, député MHP d'Osmaniye, impliqué dans la tuerie de Bahçelievler. Ali Gungor, député MHP d'Içel, a assassiné Dr. Necdet Guçlu de sensibilité de gauche le 13 avril 1970. Fahri Yuksel, député MHP de Malatya, impliqué dans le meurtre le 7 juin 1978 de l'instituteur Nevzat Yildirim. Yusuf Kirkpinar, député MHP d'Izmir, condamné dans l'affaire de MHP après le coup d'état du 12 septembre 1980. Recai Yildirim, député MHP d'Adana, impliqué dans le meurtre de nombreux gauchistes mais acquitté pour prescription de l'affaire. Mehmet Sandir, élu MHP de Hatay, impliqué dans l'attentat contre le Pape. Sefkat Çetin, élu MHP d'Ankara, soupçonné d'avoir commandité de nombreux meurtres commis par les militants de MHP. Ali Alaman, élu MHP d'Adana, , impliqué dans le trafic d'armes. Muzaffer Çakmakli, élu MHP d'Urfa, accusé de trafic de drogue. Ahmet Uças, élu MHP de Gumushane, actuellement poursuivi pour abus de biens sociaux. I. Yasar Dedelek, élu ANAP à Eskisehir, accusé d'avoir commandité l'attaque de l'Académie des Beaux Arts d'Istanbul le 27 décembre 1976. Meral Aksener, élue DYP à Kocaeli, ancienne ministre de l'Intérieur de Mme Çiller, très liée au chef mafieux Abdullah Çatli qui était associé de son frère Nihat Guner. Elle est également soupçonnée d'avoir prévenu le chef mafieux Alaatin Çakici de l'opération d'arrestation organisée à son encontre aux Etats-Unis.
La liste est loin d'être exhaustive.
Pour l'heure, la montée des ultranationalistes turcs suscite de vives inquiétudes au Kurdistan, en Grèce, en Irak, en Russie et dans le Caucase. Tandis que l'Europe encline au business as usual ne réagit guère au péril pour la paix d'une Turquie extrémiste et surarmée. Et certains aux Etats-Unis commencent à soupeser les chances de l'usage de l'idéologie panturque des ultranationalistes turcs dans leur stratégie de détachement du Caucase et de l'Asie centrale de la zone d'influence russe.
À l'initiative du Groupe des Verts une réunion sur le thème "la question kurde en Turquie, quelle solution politique?" s'est tenue le 10 mars de 18h à 20h au Parlement européen. Outre les Verts, des eurodéputés socialistes, communistes et libéraux ont également assisté à cette réunion de dialogue. Côté kurde y ont participé Kendal Nezan, président de l'Institut kurde, Kemal Burkay, président du Parti socialiste du Kurdistan et pour la première fois un représentant du PKK, Abdurrahman Çadirci.
Les eurodéputés dont Mme Magda Aelvoet, Daniel Cohn-Bendit et Peter Pilz, ont souligné la nécessité de mettre un terme aux violences des groupes kurdes en Europe et d'amorcer un processus pacifique de dialogue. Les intervenants kurdes ont surtout évoqué l'ampleur de la tragédie kurde en Turquie et l'urgence d'une solution politique. K. Nezan a appelé les Parlements européens à passer des résolutions, sans effet, exprimant des opinions à des actes concrets des gouvernements pour que l'on reconnaisse aux 15 millions de Kurdes de Turquie un statut comparable à celui que les occidentaux négocient pour les 1 800 000 habitants du Kosovo. Le prix Nobel de la paix, John Hume, a rappelé que les droits étaient pour des gens non pour des territoires, et soutenu l'idée d'une action concertée des gouvernements européens pour une initiative en faveur du peuple kurde en nommant dans un premier temps un médiateur. M. Burkay a indiqué que sept partis kurdes de Turquie, dont le PKK, avaient signé un protocole demandant une solution politique dans le cadre des frontières de la Turquie et que celle-ci refusait tout dialogue, et même l'existence du problème kurde. De son côté, le représentant du PKK a dit l'amertume de son mouvement de voir que dans toute l'Europe il ne s'est même pas trouvé une prison pour abriter Ocalan que les Européens ont envoyé vers ses bourreaux turcs. Il a appelé les occidentaux à intervenir pour assurer au chef du PKK la vie sauve car "il reste l'interlocuteur obligé de la paix".
Les eurodéputés ont promis de poursuivre et d'approfondir ce processus de dialogue et d'intervenir auprès de leurs gouvernements pour faire avancer l'idée d'une initiative européenne en faveur des Kurdes.
Le 23 mars 1999, le Parlement européen a adopté une résolution relative à l'afflux de migrants en provenance d'Irak et des pays de la région. Parmi les causes de l'afflux de migrants, il a estimé que la région se caractérisait par des "violations relativement fréquentes des droits de l'homme ou par l'apparition régulière de situations de guerre "civile" par la répression (politique) des minorités" et il a également rappelé "les incursions de la Turquie dans la région".
De plus, le Parlement a rappelé ses résolutions antérieures sur la Turquie et a souligné qu'une solution devait être trouvée pour les violations des droits de l'homme et du respect des minorités en Turquie. L'Assemblée européenne a invité les autorités turques "à profiter de la situation actuelle pour rechercher une solution politique à la question kurde".
Par ailleurs, le groupe de travail sur la question kurde de l'Internationale socialiste s'est réuni le 5 mars à Paris sous la présidence de M. Carl Lidböm, ancien ministre d'Olof Palme. Dans un communiqué de presse l'Internationale appelle à une solution politique de la question kurde et demande qu'Abdullah Ocalan bénéficie d'un procès équitable.
Ces prises de position européennes ne semblent pas avoir d'effet sur les dirigents turcs, Ainsi l'état-major des armées turques, dans un document intitulé "Dernière situation de la lutte contre la terreur" rendu public le 11 mars 1999 (cf.: Hürriyet du 12 mars 1999) déclare que "la République turque brisera également les milieux extérieurs soutenant la terreur et anéantira totalement l'organisation terroriste PKK". L'état-major continue de nier l'existence du peuple kurde, fort de 15 à 18 millions en Turquie en soutenant qu'"à l'exception des minorités reconnues par des accords internationaux, aucun de nos compatriotes ne constitue une minorité". Par ailleurs il ajoute que "la République turque est un État unitaire. Un ensemble indivisible étatiquement et nationalement. Cette indivisibilité ne peut en aucun cas être mise en question" La langue officielle de l'État, son drapeau, ses symboles et ses frontières" se trouvent hors de toute discussion". L'Armée turque conclut ainsi: "la nature de notre État unitaire est une seule nation, une seule patrie, un seul État, une seule langue et un seul drapeau".
Que des millions de citoyens ne partagent pas cet avis, demandent la reconnaissance de la langue et de la culture kurdes, qu'il y ait eu tant de morts et de destructions pour faire entendre cette revendication, importent peu aux généraux turcs décidés à défendre coûte que coûte l'idéologie officielle ultranationaliste de l'État turc, héritée d'Ataturk.
Après avoir réduit les Kurdes au silence en Turquie, les autorités turques tentent de museler la diaspora kurde en Europe. Sous la pression du gouvernement turc, le gouvernement espagnol a annoncé, le 19 mars 1999, qu'il allait déposer un recours devant le Tribunal constitutionnel pour empêcher la réunion du "parlement kurde en exil" au Pays basque en juillet 1999. Les réunions de ce "parlement" provoquent à chaque fois de vives protestations et des menaces de représailles commerciales de la Turquie.
Par ailleurs, l'Allemagne et l'Angleterre attirent également les foudres d'Ankara qui a convoqué, le 17 mars 1999, les ambassadeurs de ces deux pays pour demander au premier de ne pas tolérer les activités sur son sol de l'agence DEM et du journal Ozgur Politika (pro-kurde) et au second de mettre fin aux émissions de la télévision kurde Med-TV. Le chef de la diplomatie turque, Ismail Cem, avait annoncé le 16 mars que Med-TV pourrait cesser d'émettre en mai suite aux pressions d'Ankara qui a par le passé tenté en vain de mettre fin à ses émissions. Il semble que les autorités anglaises se soient alignées sur ces arguments puisque l'ITC, la commission indépendante britannique de régulation de l'audiovisuel, a suspendu le 22 mars 1999, la licence d'émission de Med-TV.
Cette suspension est intervenue à quelques jours des élections et de l'ouverture du procès Ocalan. Ainsi les Turcs et les Kurdes n'auront désormais droit qu'au bourrage de crâne pratiqué par les media turcs à l'unisson. Les initiatives turques auprès des capitales européennes pour faire cesser les voix kurdes ont été intensifiées depuis l'arrestation d'Abdullah Ocalan. Par contre les campagnes ultranationalistes de désinformation de la presse turque n'ont pas perdu de terrain. C'est ainsi par exemple que le journal belge "Le Soir" s'est rendu compte que le contenu de son numéro du 15 mars 1999 a été déformé par le quotidien turc Hurriyet sous le titre de "la presse européenne se réveille enfin". Le Soir a déploré les pratiques journalistiques du quotidien turc qui a cité leur article de "manière tronquée ou carrément mensongère". "Alors que notre article parlait de la vague d'attentats qui secoue actuellement la Turquie et la replaçait dans son contexte- l'arrestation de chef du PKK et les appels à réagir "de toutes les façons" lancés , sur Med-TV, par certains responsables du mouvement kurde- Hurriyet a pris la licence d'écrire: Le journal belge à grande tirage "Le Soir" a déclaré: "L'appel au terrorisme se fait par Med-TV qui est la presse du PKK". Le quotidien belge a d'autre part eu la mauvaise surprise que cette déformation mensongère soit reprise par Oktay Eksi, "qui n'est pas un chroniqueur occasionnel mais l'éditorialiste permanent à la une de ce journal" mais également le président du Conseil de la presse turque, censé de veiller au respect de la déontologie de la presse!".
Le Soir ponctue en s'interrogeant à juste titre: "alors que les quotidiens et télévisions au service du terrorisme de l'État turc continuent en toute liberté à empoisonner sans cesse la communauté immigrée turque avec des déformations et intoxications pareilles, sera-t-il juste et équitable d'interdire Med-TV sous les chantages du régime d'Ankara?"
La communauté kurde de France, soutenue par le CILDEKT (Comité International pour la Libération des Députés Kurdes Emprisonnés en Turquie) et la Fondation France-Libertés, a adressé le 31 mars 1999 une lettre ouverte au Premier Secrétaire du Parti socialiste, François Hollande pour faire état de son inquiétude devant la signature prochaine par la Turquie et le groupe franco-allemand Eurocopter d'un contrat de vente de 8 hélicoptères Cougar pour un montant de 600 millions de francs.
Voici le texte de cette lettre:
"Monsieur le Premier Secrétaire,
Vous inscrivant dans une tradition établie par M. Lionel Jospin, vous avez bien voulu adresser à la communauté kurde un message à l'occasion de notre Nouvel an traditionnel.
Nous sommes, bien sûr, très touchés par "vos voeux chaleureux" et vous en remercions. Mais, le jour même de votre message, par un hasard du calendrier, le quotidien le Monde daté du 20 mars, publiait l'article ci-joint informant ses lecteurs que la France était en train de vendre à la police turque 8 hélicoptères Cougar et qu'elle négociait la vente à l'armée turque de 145 hélicoptères pour un montant de 4 milliards de dollars.
Il est de notoriété politique que les hélicoptères sont utilisés dans la répression des populations civiles et l'évacuation et la destruction des villages kurdes. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le Congrès américain s'est, à plusieurs reprises, opposé à leur vente et que le gouvernement allemand a récemment refusé qu'une démonstration d'hélicoptères franco-allemands le Tigre soit organisée à l'intention des clients turcs.
La presse internationale a rapporté que l'armée turque a évacué 4.000 villages et déplacé 3 millions de civils kurdes. Au cas où cela aurait échappé à votre attention, nous vous communiquons ci-joint une liste, non exhaustive, des villages kurdes rayés de la carte. Sachez, Monsieur le Premier Secrétaire, que derrière chaque nom minuscule de village, il y a des centaines de vies brisées, un patrimoine historique anéanti, un Oradour commis à huis clos.
Dans ce contexte, nous avons vraiment du mal à comprendre votre voeu "qu'enfin se dessine une solution juste et pacifique de la douloureuse question kurde, dans les différents pays où vivent les Kurdes, notamment en Turquie".
Vous êtes le Premier Secrétaire d'un parti qui dirige le gouvernement de la France et ce gouvernement donne à la Turquie des moyens militaires de martyriser encore davantage notre peuple.
Est-ce vraiment en armant la main des bourreaux et en alimentant la guerre qu'on arrive à faire avancer "une solution juste et pacifique"? Ces pratiques vous paraissent-elles compatibles avec les valeurs des droits de l'homme que la France revendique et avec les idéaux socialistes?
Et comment expliquer aux Kurdes et à l'opinion publique que le gouvernement français s'engage dans une guerre pour imposer à la Serbie l'autonomie des 1 800 000 Kosovars et que le même gouvernement au nom d'une logique qui nous échappe arme la Turquie qui massacre, déporte et martyrise les 15 millions de Kurdes qui demandent eux aussi leur autonomie?
Dans l'espoir que vous voudrez bien répondre à ces questions qui nous tourmentent, et que nous ne nous manquerons pas de poser et de faire poser au cours du débat européen, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Premier Secrétaire, l'expression de nos sentiments distingués."
Au cours de la cérémonie commémorant la création de la Cour Constitutionnelle turque, instituée il y a 37 ans, Ahmet Necdet Sezer, président en exercice de cette cour, a, le 26 mars 1999, ouvertement critiqué la constitution turque pour les sévères restrictions qu'elle impose aux libertés fondamentales. "Là où il n'y a pas de libertés il ne peut avoir de démocratie" La liberté d'opinion est la plus évidente mesure pour apprécier la qualité démocratique du pays" a déclaré M. Sezer. Insistant sur la nécessité de se conformer aux normes universelles des droits de l'homme, il préconise une refonte des dispositions constitutionnelles restreignant la liberté d'opinion. M. Sezer pointe également le doigt sur les "limitations de la langue" [NDLR: euphémisme légal pour parler de l'interdiction de la langue kurde] en Turquie en soutenant que celles-ci compromettent sérieusement l'expression de la liberté de pensée. "Aucune langue prohibée ne peut être utilisée pour exprimer ou diffuser la pensée" dispose l'article 26 alinéa 3 de la Constitution turque. Or cet article n'est nullement conforme à la Convention européenne des droits de l'homme dont la Turquie est pourtant signataire. Les critiques de M. Sezer ne font pas allusion qu'à la Constitution turque mais également aux nombreuses lois limitant les libertés fondamentales en Turquie telles que les lois sur les associations et les syndicats, la loi sur l'enseignement supérieur, la loi relative aux partis politiques, les lois sur les conventions collectives, la grève et le lock-out, la loi portant sur les Cours de Sûreté de l'Etat, loi sur les manifestations, sur la presse, la loi anti-terreur turque et nombreuses autres etc.
Les observateurs notent qu'à quelques jours de la première session du Parlement turc tout nouvellement élu et dont la forte coloration nationaliste a surpris plus d'un, M. Sezer voulait tout simplement souffler quelques orientations essentielles aux nouveaux députés. L'intervention très remarquée du président de la Cour constitutionnelle a été saluée par tous les partis politiques.
L'intervention de M. Sezer suscite bien des questions. Pourquoi ce juge, nommé par les auteurs du coup d'Etat de 1980 et qui s'est jusqu'ici fort bien accommodé de la constitution turque imposée en 1982 par les militaires, parle-t-il de la nécessité de réforme maintenant? Parle-t-il en son nom ou au nom de certains secteurs de l'armée? S'agit-il d'un ballon d'essai ou d'une tentative d'accréditer auprès des Occidentaux que le régime turc pourrait se démocratiser sans ingérences extérieures? En tout cas, cette sortie largement reprise par les médias officiels intervient au lendemain du sommet de l'OTAN qui a affirmé la priorité donnée désormais aux droits de l'homme dans l'espace euro-atlantique.
Cependant, alors que ces spéculations allaient bon train le vice-président de cette même cour, Güven Dinçer, a vertement critiqué M. Sezer par une déclaration écrite le 29 avril 1999. "Je n'approuve pas les critiques émises par le président de la cour constitutionnelle sur la Constitution. Cette tâche devrait appartenir aux intellectuels, non aux hommes politiques et aux magistrats. Car, le défenseur originel de la Consititution est la cour constitutionnelle. Ce genre de déclaration met en cause le rôle d'arbitre de la cour et la place comme partie. Les évenements et les matières ne devront pas être considérés comme de simples questions législatives". Toujours selon M. Dinçer les propos du président de la cour ne sont que des opinions personnelles et n'engagent pas la cour elle-même. De plus en déclarant que les dispositions constitutionnelles relatives à la langue, soit l'article 26 alinéa 3, ne devraient pas être mises en question, le vice-président se refuse à toute discussion concernant le kurde, la langue maternelle du quart de la population du pays. Finalement il a ponctué en martelant que la protection de l'Etat forme un tout avec l'unité de la nation et du pays.
Le 6ème Congrès du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) réuni dans la région du Mont Qandil, à la frontière de l'Irak et de l'Iran, a terminé ses travaux début mars. Le Congrès aurait rassemblé "plus de 300 délégués" et duré plusieurs semaines.
Le quotidien Ozgur Politika, édité en turc en Allemagne et proche du PKK, publie dans son numéro du 5 mars les résolutions de ce "congrès de la victoire". Les congressistes ont, à l'unanimité, réélu Abdullah Ocalan dans ses fonctions de président général du Parti et lancé un appel solennel aux autorités turques pour qu'elles le considèrent comme l'interlocuteur de la paix et n'attente pas à sa vie. "Ou bien dans ce monde nous pouvons cohabiter dans l'égalité, ou alors nous ne laisserons pas vivre ceux qui ne veulent pas reconnaître notre droit à la vie" avertit le Congrès sur le thème abondamment développé dans les médias proches du PKK: "Le monde est devenu infernal pour les Kurdes, transformons-le en un enfer pour les Turcs et leurs alliés".
Le Congrès a d'ailleurs décidé de la création d'une Armée populaire de libération de l'Anatolie pour étendre la guerre à toute la Turquie, notamment aux régions de la Mer Noire et de Méditerranée. Toutes les cibles militaires et économiques, notamment touristiques, sont considérées comme légitimes. Le PKK appelle ses militants à devenir des "feddaine animés de l'esprit d'Apo (Ocalan) et prêts à se sacrifier". Il souligne qu'il considérera comme nulles et non avenues toutes déclarations attribuées à Ocalan ou faites par celui-ci durant sa captivité.
Enfin, le 6ème congrès décide de poursuivre sa guérilla au Kurdistan irakien alors que les deux partis kurdes d'Irak avaient convenu, par un accord signé en septembre 1998 à Washington, d'interdire toute présence militaire du PKK dans cette région qu'ils administrent ensemble. Pour coordonner ses activités au Kurdistan irakien, le PKK crée une nouvelle structure appelée PKK-Sud et réitère sa volonté d'une présence durable dans cette région.
Cette présence militaire justifie les interventions récurrentes, voire routinières de l'armée turque dans le Kurdistan irakien et entrave les efforts de stabilisation de reconstruction de cette région dévastée par 30 années de guerres et de dictature. Elle réduit aussi sensiblement la crédibilité du discours du PKK sur la recherche d'une solution politique dans le cadre des frontières de la Turquie. "Défendre une telle solution signifie que le PKK accepte de n'être qu'un parti kurde de Turquie et en ce cas pourquoi se mêle-t-il des affaires kurdes d'Irak? Pourquoi ne les laisse-t-il pas en paix?" a demandé lors d'un débat sur la question kurde en Turquie au Parlement européen, le 10 mars 1999, le député autrichien Peter Pilz, qui avait tenté une mission de médiation entre Massoud Barzani et A. Ocalan pour mettre un terme au sanglant conflit qui oppose leurs partisans.
Le 11 mars 1999 mars, un feddai du PKK bardé de bombes s'est fait exploser dans la ville kurde irakienne de Duhok devant le siège du Parti turcomane tuant 4 personnes et en blessant plusieurs autres. Les média du PKK ont salué cette "action héroïque".
Mais c'est surtout la Turquie qui connaît une vague d'attentats depuis l'arrestation d'Ocalan. Le 27 mars, une femme avait blessé 11 personnes en plein centre d'Istanbul dans un attentat-suicide. Le 10 avril, un homme avait été tué dans la région de Tunceli, dans l'explosion prématurée des explosifs qu'il transportait. Le 12 avril, le gouverneur de la province de Bingol est sorti indemne d'un attentat-suicide à l'explosif qui a fait deux morts et deux blessés. Le 5 mars, un attentat contre le gouverneur de la province de Çankiri, revendiqué par l'Armée de Libération des paysans et des ouvriers de Turquie (TIKKO), a fait 3 morts et 10 blessés dont le gouverneur. Le 8 avril, deux personnes ont été tuées et neuf autres blessées dans un attentat-suicide visant le gouverneur de la province de Hakkari (au Kurdistan). Il s'agissait du troisième attentat visant un gouverneur de la province depuis début mars. Enfin, Le 11 avril, l'explosion d'une bombe commandée à distance a tué trois militaires et un civil à Adana. Plus de 24 personnes, dont 13 victimes le 13 mars au centre commercial à Istanbul, ont succombé aux attentats depuis que le Parti des Travailleurs du Kurdistan a décrété "zone de guerre" toute la Turquie.
Le tourisme, l'un des secteurs clés de l'économie turque, est en baisse depuis la capture d'Abdullah Ocalan et des violences qui ont suivies. L'an passé le tourisme avait rapporté plus de 7 milliards de dollars (42 milliards de FF) mais selon l'Association des agences de voyages turques, plus de 200 000 Européens ont d'ores et déjà annulé leurs réservations à destination de la Turquie. Pour attirer les touristes, la Turquie a baissé de moitié le prix de l'essence sur les vols charters et réduit les taxes d'aéroport.
Par ailleurs, le conseil de présidence du PKK mis en place par le 6ème congrès a invité les partisans du parti à l'étranger à "éviter tout acte violent en Europe et à poursuivre leurs manifestations de protestations dans le respect des lois des pays d'accueil".
La campagne 1999 pour les élections générales en Turquie s'est déroulée dans des conditions déplorables pour le parti pro-kurde HADEP. Fatih Altayli, dans son éditorial du 15 avril 1999 à Hurriyet et Melih Asik, le 16 avril 1999 dans Milliyet, ont décrit une des dernières journées de campagne de HADEP à Diyarbakir.
"Avez-vous vu les images diffusées sur les écrans du meeting du HADEP à Diyarbakir ? Inchallah non! Car si vous les aviez vues, vous auriez été bien tristes de vivre dans un pays pareil. Et cela quelles que soient vos inclinations politiques.
Le HADEP a eu l'autorisation pour un meeting électroral qui a été cependant annulé le dernier jour. Peu importe. Qu'est ce qui se passe si cela se déroule sans autorisation? Pretextant la dispersion du meeting les gens se font tabasser sans vergogne. Le citoyen s'écroule sous les coups des bâtons en bois ou en fer. Le sang coule à flots. Tableau d'un lynchage qui reflette le moyen-âge. Cela dépasse l'entendement et atteint l'insupportable. À la vue de ces images on a honte d'être un homme. Par conséquent je souhaite que vous ne les ayez pas vues. Mais inchallah ceux qui déclarent qu'ils vont embrasser avec amour tous les citoyens de ce pays auront vu ces images. Car si c'est ainsi qu'on embrasse avec amour les citoyens dans ce pays, alors malheur à ce pays"
Milliyet 16 avril 1999- Melih Asik
"Vous avez certainement dû voir les images du passage à tabac des sympathisants du HADEP réunis à Diyarbakir pour un meeting. Matraques, coups de pied, coups de poings etc. les bâtons en bois qui s'élèvent et descendent sur les têtes: Les civils munis de bâtons qui apportent par charité leur aide à la police Que dit l'Etat depuis des années: "la terreur n'est pas une solution, la solution est dans la démocratie…" Mais l'Etat ne se conforme pas aux règles qu'il a lui même établies. Les régles démocratiques ne sont pas appliquées à un parti qui est autorisé à participer aux élections. Et quel est le message donné: "Vous n'avez pas le droit de vie dans la démocratie, le mieux est de rejoindre la montagne… " Est-ce cela que l'on veut? "
De son côté Me Hasip Kaplan, l'un des avocats de Leyla Zana, candidat à la députation dans la ville de Sirnak a, dans une interview accordée au quotidien turc Cumhuriyet du 22 mars 1999, raconté les obstacles qu'il a rencontrés lors du dépôt de sa candidature à Sirnak (lieu de sa naissance) et les aberrations de cette campagne à la turque. Voici de larges extraits de son interview:
"le 24 février était le jour de clôture des candidatures. Pour déposer ma candidature à Sirnak, je suis parti d'Idil le 22 février. À partir de cette date, les contrôles et les poursuites ont débuté. Un char et des véhicules de police en civil stationnaient aux trois coins de ma maison. Le matin du 23 février je voulais me rendre (…) à Sirnak pour déposer personnellement ma candidature au juge du dépôt. Mais j'ai été arrêté et fouillé à 9 reprises entre Idil et Sirnak qui ne se situent qu'à 70 kms de l'un de l'autre. Les sièges de la voiture ont été enlevés, le coffre a été vidé, tout a été passé au peigne fin (…) à chaque arrêt nous avons dû attendre une heure.
"En plus, au cours de la fouille près du détroit de Kasrik, les policiers en civil ont placé sous le paillasson du siège une enveloppe contenant de la drogue, des faux billets de dollars, des fausses pièces d'identité et une facture du PKK. Nos chauffeurs ayant remarqué la manœuvre, ils ont nettoyé la voiture (…) À 10 kms de Sirnak, on nous a confisqué nos pièces d'identité. Lorsque je leur ai demandé la raison pour laquelle ils les gardaient, ils m'ont répondu que: "les ordinateurs servant aux renseignements sont en panne, les réponses n'arrivent pas". Ils nous ont gardé deux heures et demi. J'ai prévenu le barreau d'Istanbul et le ministère de la justice mais je n'ai pas pu accéder à Sirnak et j'ai du retourner à Idil.
Le lendemain c'était le dernier jour du dépôt. Ce jour là, dès que je suis sorti de chez moi, j'ai été encerclé immédiatement par sept véhicules de police qui m'ont signifié que je ne pouvais pas aller à Sirnak et qu'ils avaient reçu des ordres en ce sens. A la suite de cela, je me suis rendu à Diyarbakir au bureau du Haut conseil des élections (YSK). Ils m'ont expliqué que je pouvais déposer ma candidature par l'intermédiaire d'un notaire. J'ai fait le nécessaire et déposé ma candidature à la poste pour le YSK (…) On m'a dit que les obstacles sont dus à un circulaire du premier ministre… La direction de sûreté est ennuyée par ma personne depuis l'affaire de Yesilyurt à Cizre [ndlr: la Cour européenne des droits de l'homme a condamné la Turquie dans cette affaire où les forces de sécurité turques étaient accusées de faire manger aux villageois de Yesilyurt (au Kurdistan) des excréments. L'affaire a été plaidé par Me Kaplan], mais aussi une autre affaire concernant Sirnak à l'ordre du jour de la Cour européenne récemment et quatre autre affaires concernant Idil …"
L'INJUSTICE FAITE AUX KURDES. (Le Monde diplomatique, Le Monde diplomatique version anglaise, Le Monde diplomatique version allemande, mars 1999), p.1-2, 8-9, 10-11.
L'AVOCATE D'ÖCALAN ENTEND DÉNONCER LE CONFLIT KURDE. (Reuters, 2 mars 1999), p.3.
KURDES: LES PARIAS DE LA TURQUIE. – Les Kurdes aiment tellement la vie qu'ils sont prêts à mourir pour elle. (Le Point, 27 février 1999), p.4-7.
UN ENFER KURDE. Derrière la vie d'Abdullah Ocalan comme un fugitif et sa capture, et les troubles de colère dans les rues d'Europe– Un test pour la justice turque. (Newsweek, 1er mars 1999), p.12-16.
OCALAN N'A JAMAIS FAIT L'UNANIMITÉ PARMI LES SIENS. Révolutionnaire, paranoïaque, violent, il est pourtant le gourou qui a su exporter leur foi. – L'ETERNELLE ERRANCE KURDE. (Paris Match, 4 mars 1999), p.18-25.
LA CHASSE À OCALAN. – Nationalistes sans une nation. – Une fenêtre brisée d'opportunité. Après l'arrestation d'Ocalan, l'union européenne devrait répondre aux griefs légitimes des Kurdes. (Time, 1er mars 1999), p.26-30.
ARMÉNIENS ET KURDES, VICTIMES DE L'IMPUNITÉ D'UN ETAT CRIMINEL. – Cours de sûreté : vous avez dit équitables ? – Le périlleux destin des Kurdes de Turquie. – Le problème kurde vu par des représentants de la Communauté arménienne. (France-Arménie, mars 1999), p.31-34.
LA PATRIE KURDE S'INSTALE SUR SATELLITE. – Med-TV, la chaîne de la diaspora, a réussi en un tournemain une mobilisation mondiale en faveur d'Abdullah Ocalan. – Jack Lang : " Nous sommes beaucoup trop complaisants à l'égard de la Turquie ". (Marianne, 1er-7 mars 1999), p.35.
LES KURDES SONT LOIN D'ÊTRE MONOLITHIQUES. (International Herald Tribune, 4 mars 1999), p.36.
UNE LUTTE FÉROCE POUR L'EAU CONDUIT TOUS LES JOUEURS VERS LE CONFLIT KURDE. (International Herald Tribune, 2 mars 1999), p.37.
LA TURQUIE ENVISAGE LE DÉVELOPPEMNT DE LA RÉGION KURDE DÉFAVORISÉE. (International Herald Tribune, 2 mars 1999), p.37-38.
LE LEADER RÉFORMISTE D'ITALIE NE GASPILLE PAS DU TEMPS À FAIRE DU CHARME. (International Herald Tribune, 5 mars 1999), p.38.
ABDULLAH OCALAN ACCUSE SON EX-ÉPOUSE D'AVOIR COMMANDITÉ L'ASSASSINAT D'OLOF PALME EN 1986 À STOCKHOLM. (Le Monde, 2 mars 1999), p.39.
LE PROGRAMME HUMANITAIRE EN IRAK POURRAIT ÊTRE RÉVISÉ. (Le Monde, 2 mars 1999), p.39.
" L'ARRESTATION D'ABDULLAH OCALAN A PORTÉ LA QUESTION KURDE SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE INTERNATIONALE ". (Gamk, 5 mars 1999), p.39.
LA PETITE GUERRE AMÉRICANO-BRITANNIQUE CONTRE SADDAM HUSSEIN. (Le Monde, 6 mars 1999), p.40.
LES GARDES ISRAÉLIENS AVAIENT TIRÉ DANS LE DOS DES MANIFESTANTS KURDES. (The Indemendent, 5 mars 1999), p.41.
LES REBELLES KURDES EN APPELLENT À " TOUS LES MOYENS " POUR CONTINUER LA LUTTE. (International Herald Tribune, 6-7 mars 1999), p.41.
INSTANTANÉS TURCS. – La Turquie est une et indivisible, disent les autorités d'Ankara, grisées par l'arrestation d'Abdullah Ocalan. Derrière cette homogénéité érigée en dogme, vit un pays multiple, contradictoire, fragile. (Le Monde, 6 mars 1999), p.42-43.
KHATAMI EN ITALIE POUR ROMPRE L'ISOLEMENT. Sa visite en Europe de l'Est est la première d'un leader iranien depuis 1979. (International Herald Tribune, 10 mars 1999), p.44.
TURQUIE : UN ATTENTAT FAIT TROIS MORTS. (Libération, 7 mars 1999), p.44.
LA PREMIÈRE VISITE OFFICIELLE D'UN CHEF D'ÉTAT IRANIEN EN OCCIDENT DEPUIS 1979. (International Herald Tribune, 11 mars 1999), p.45.
LA NÉVROSE TURQUE. (Libération, 12 mars 1999), p.46.
LE PKK AURAIT ATTAQUÉ UN PUITS DE PÉTROLE DANS L'EST. (Reuters, 14 mars 1999), p.47.
LES KURDES D'OUTRE-RHIN : UNE COMMUNAUTÉ BLESSÉE. (Courrier International, 11-17 mars 1999), p.48.
OCALAN, LES KURDES ET L'HISTOIRE. (The Nation, 15 mars 1999), p.49.
LA POLICE D'ISTANBUL RECHERCHE LES MILITANTS DANS L'INCENDIE DU MAGASIN QUI A TUÉ 13 PERSONNES. (International Herald Tribune, 16 mars 1999), p.50.
DES JETS AMÉRICAINS FRAPPENT À NOUVEAU DES SITES DANS LE NORD DE L'IRAK. (International Herald Tribune, 16 mars 1999), p.50.
AVEC DES SALVES DE PLUSIEURS FRONTS, LE CHAOS ATTEINT LA TURQUIE. (International Herald Tribune, 16 mars 1999), p.50-51.
SOIRÉE-DÉBAT : LES AMIS DU CINOCH' ÉVOQUENT LE PROBLÈME KURDE. (Dépêche, 16 mars 1999), p.51.
LE PKK DÉCLARE LA GUERRE AU TOURISME. (A.F.P., 15 mars 1999), p.52-53.
TROUBLE ET TERREUR À UN MOIS DES ÉLECTIONS EN TURQUIE. (A.F.P., 17 mars 1999), p.53-54.
MED-TV : PRESSIONS TURQUES SUR L'ALLEMAGNE ET LA GRANDE-BRETAGNE. . (A.F.P., 17 mars 1999), p.54.
LA TURQUIE EN TENAILLES ENTRE MILITAIRES ET KURDES. (Le Monde, 15 mars 1999), p.55.
LA TURQUIE SOUS LE CHOC APRÈS UN NOUVEL ATTENTAT. (Le Monde, 16 mars 1999), p.55.
ATTENDAT D'ISTANBUL : LES AUTORITÉS ACCUSENT LE PKK, QUI DÉMENT. (Le Monde, 18 mars 1999), p.55.
PROCÈS OCALAN : ANKARA REFUSE DES OBSERVATEURS MAIS ACCEPTE DES " AUDITEURS ". (A.F.P., 17 mars 1999), p.56.
18 REBELLES DU PKK TUÉS DANS L'EST ANATOLIEN ET DANS LE NORD DE L'IRAK. (A.F.P., 17 mars 1999), p.56.
MADRID A RECOURS À LA JUSTICE POUR EMPÊCHER LA RÉUNION DU " PARLEMENT KURDE ". (A.F.P., 18 mars 1999), p.57.
ABDULLAH OCALAN ASSURE DEPUIS SA PRISON VOULOIR " LA PAIX ET LA DÉMOCRATIE ". (A.F.P., 18 mars 1999), p.57.
ATTENTAT-SUICIDE À VAN : UN MORT ET 3 BLESSÉS. (A.F.P., 20 mars 1999), p.57-58.
ENLÈVEMENT D'OCALAN : UN OFFICIER DU MOSSAD RECONNU À NAIROBI. (A.F.P., 19 mars 1999), p.58.
TROIS PARLEMENTAIRES EUROPÉENS EMPÊCHÉS DE SE RENDRE DANS LE SUD-EST. (A.F.P., 20 mars 1999), p.58.
TURQUIE : MÊME LES DÉMOCRATES KURDES SONT CENSURÉS. – L'interdiction du Parti démocratique de masse (DKP), la principale formation politique kurde favorable à une solution démocratique, prouve l'incapacité des dirigeants turcs à comprendre les réalités du pays. (Courrier International, 18-24 mars 1999), p.59.
LE PKK MENACE LES TOURISTES EN TURQUIE. (Libération, 16 mars 1999), p.60.
ETAT D'ALERTE À ISTANBUL. La sécurité renforcée après les attaques terroristes. (International Herald Tribune, 17 mars 1999), p.60.
HUIT HÉLICOPTÈRES FRANCO-ALLEMANDS POUR ÉQUIPER LA POLICE TURQUE. (Le Monde, 20 mars 1999), p.60.
ARRESTATION D'UNE FEMME S'APPRÊTANT À UN ATTENTAT-SUICIDE. (A.F.P., 20 mars 1999), p.61.
ARRESTATION D'ALLEMANDS EN TURQUIE : PROTESTATION DE BONN. (A.F.P., 21 mars 1999), p.61.
LA TURQUIE RÉPRIME LA JOURNÉE KURDE DE PROTESTATION. (Reuters, 21 mars 1999), p.62.
FORTE RÉPRESSION POLICIÈRE EN TURQUIE. (Gamk, 22 mars 1999), p.63.
SOUS PRESSION : OCALAN : INCAPABLE DE PRÉPARER SA DÉFENSE. (Reuters, 19 mars 1999), p.64.
L'ORGANISME DE TV BRITANNIQUE SUSPENDS LA CHAÎNE KURDE MED-TV. (Reuters, 22 mars 1999), p.64.
PREMIERS PAS PRIS DANS LES RELATIONS TURCO-SYRIENNES DE L'ÈRE POST-PKK. (Turkish Daily News, 23 mars 1999), p.65.
UNE NATION DE TROP. – L'enlèvement, le jugement expéditif d'Abdullah Öcalan, le chef du PKK , voie peut-être son exécution, constituent un tournant capital dans l'histoire tragique de la plus grande minorité nationale au monde encore privée d'Etat. (Le Nouvel Afrique Asie, avril 1999), p.66-69.
LES IRAKIENS FONT FACE À DE SÉRIEUSES DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUE. (Turkish Daily News, 4 avril 1999), p.70-71.
RAPPORT : OCALAN PLAIDE POUR LE PARDON DE LA TURQUIE. (CNN-Interactive, 6 avril 1999), p.70.
ENTRE TURCS ET KURDES, UNE HISTOIRE DE TENSION. (International Herald Tribune, 3-4 avril 1999), p.72.
LE PARTI KURDE CRITIQUE L'APPEL DU PROCUREUR À L'INTERDIRE DE PARTICIPER AUX ÉLECTIONS. (Reuters, 10 avril 1999), p.72.
FRANCE- LA COMMUNAUTÉ KURDE S'INQUIÈTE DANS UNE LETTRE AU PS. (Reuters, 1er avril 1999), p.73.
INCURSION DE TROUPES TURQUES DANS LE NORD DE L'IRAK. (Associated Press, 7 avril 1999), p.73.
UNE DÉLÉGATION D'AMNESTY À ANKARA POUR REMETTRE UN PRIX À AKIN BIRDAL. (A.F.P., 8 avril 1999), p.73.
LE PARLEMENT KURDE EN EXIL APPELLE LA TURQUIE À " SAISIR LA MAIN TENDUE ". (A.F.P., 8 avril 1999), p.74.
ABDULLAH OCALAN LANCE UN NOVUEL APPEL AU CESSEZ-LE-FEU. (Associated Press, 11 avril 1999), p.74.
UN ATTENTAT FAIT QUATRE MORTS EN TURQUIE. (Associated Press, 11 avril 1999), p.74.
AIMÉE ET HAÏE LA TÉLÉVISION KURDE PEUT ÊTRE FERMÉE. (International Herald Tribune, 6 avril 1999), p.75.
À ANKARA, UNE AFFAIRE DE FAMILLE. – Des quelque 100.000 Kosovars, qui vont être transférés vers des pays d'accueil, ceux qui iront en Turquie seront les seuls à avoir une chance de retrouver des proches. (Le Figaro, 8 avril 1999), p.75-76.
UN FILM KURDE EN TURQUIE YOL SUR LES ECRANS TURCS. (International Herald Tribune, 14 avril 1999), p.76.
LES LEÇONS DU KURDISTAN N'ONT PAS ÉTÉ TIRÉES. (Le Monde, 14 avril 1999), p.76-77.
EXPOSITION À LA MAIRIE D'ÉQUEURDREVILLE : LES KURDES QU'ON ASSASSINE. (Ouest-France, 15 avril 1999), p.77.
ALORS QUE LES TOURISTES BOUDENT LA TURQUIE, OCALAN LANCE UN APPEL AU CESSEZ-LE-FEU. – La Communauté kurde de France interpelle François Hollande. (Gamk, 12-13 avril 1999), p.78.
SI LA TURQUIE DOIT JOINDRE L'UNION EUROPÉENNE, ELLE DOIT ARRÊTER D'OPPRIMER LES KURDES. (The Independent, 12 avril 1999), p.79.
LES TROUPES KURDES COMBATTENT LES REBELLES KURDES DANS LE NORD DE L'IRAK. (Reuters, 12 avril 1999), p.79-80.
IL N'Y A PAS DE FRAPPES AÉRIENNES CONTRE JAKARTA, ANKARA OU JÉRUSALEM. ET QUANT AUX KURDES. (The Guardian, 14 avril 1999), p.80.
DES MILLIERS DE PERSONNES DÉTENUES QUAND LA TURQUIE INTERDIT UN RASSEMBLEMENT KURDE POUR LES ÉLECTIONS. (The Guardian, 14 avril 1999), p.81.
BAISSE DE L'AFFLUENCE TOURISTIQUE EN TURQUIE. (Associated Press, 11 avril 1999), p.82.
LA COUR CONSTITUTIONNELLE REJETTE LA SUSPENSION DU HADEP. (Turkish Daily News, 16 avril 1999), p.82-83.
LA COUR ESPAGNOLE SUSPEND PROVISOIREMENT LE PARLEMENT KURDE INTERDIT. (Turkish Daily News, 16 avril 1999), p.83.
KURDES CONTRE KURDES À SANLIURFA. (A.F.P., 15 avril 1999), p.84.
LA RUSSIE CONDAMNE L'OPÉRATION MILITAIRE TURQUE CONTRE LE PKK EN IRAK. (A.F.P., 19 avril 1999), p.84.
L'EXTRÈME-DROITE TURQUE SORT SES CROCS. – Le Parti d'action nationale vrai vainqueur des élections. (Libération, 20 avril 1999), p.82.
LA COLÈRE DES DÉÇUS DE L'EUROPE. – Les deux partis nationalistes cumulent 40% des voix. – Ecevit glorifié par l'affaire Ocalan. (Libération, 20 avril 1999), p.86-87.
NATIONALISME TURC : LE NUAGE DE LA RÉCONCILIATION. (International Herald Tribune, 21 avril 1999), p.87.
LE VOTE EN TURQUIE RÉFLÈTE LE FOSSÉ ENTRE KURDES ET LA NATION TURQUE. (International Herald Tribune, 20 avril 1999), p.88.
LE RETOUR DE BÜLENT ECEVIT, VAINQUEUR DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES EN TURQUIE. (Le Monde, 20 avril 1999), p.88.
IRAK : L'ÉTERNEL RETOUR DE L'UNION DE L'OPPOSITION. (Le Monde, 17 avril 1999), p.89.
LA PRESSE GRECQUE INQUIÈTE DE LA MONTÉE DE L'EXTRÊME DROITE TURQUE. (A.F.P., 20 avril 1999), p.89-90.
LA VICTOIRE DU HADEP POSE PROBLÈME POUR LE GOUVERNEMENT TURC. (Reuters, 19 avril 1999), p.90.
LE SÉISME DU MHP FAIT OMBRAGE À LA VICTOIRE DE DSP. (Turkish Daily News, 20 avril 1999), p.91-92.
OPÉRATION TURQUE EN IRAK : BAGDAD DEMANDE L'INTERVENTION DE LA LIGUE ARABE. (A.F.P., 20 avril 1999), p.92.
ANNULATION DE LA LICENCE D'ÉMISSION DE MED-TV EN GRANDE-BRETAGNE. (A.F.P., 23 avril 1999), p.92.
LA ROUE DE L'HISTOIRE. – Je ne sais quel mal engendre l'oubli, mais la mémoire semble avoir la vertu d'entretenir la haine et a vengeance. (Le Monde, 25-26 avril 1999), p.93.
LE PÉTROLE INTERDIT COULE DE THAW ENTRE SYRIE ET IRAK. (International Herald Tribune, 27 avril 1999), p.93-94.
SUCCÈS DU PARTI PRO-KURDE EN TURQUE. – Le Hadep a remporté plusieurs villes du Sud-Est aux municipales. (Libération, 21 avril 1999), p.94.
" POUR LES KURDES AUSSI, IL FAUDRA UN ARBITRAGE EXTÉRIEUR ". Pourquoi pas celui de l'Europe ? (Le Nouvel Observateur, avril 1999), p.94.
LA GRANDE-BRETAGNE FERME LA CHAÎNE DE TÉLÉVION KURDE. (Reuters, 23 avril 1999), p.95.
TURQUIE : L'EUROPHOBIE MONTE À ANKARA. – LE PROCÈS DU CHEF REBELLE KURDE ABDULLAH OCALAN EST UNE AUBAINE POUR LES NATIONALISTES. (L'Express, 30 avril 1999), p.95-96.
LE PROCÈS D'OCALAN S'OUVRIRA LE 31 MAI SUR L'ÎLE-PRISON D'IMRALI. (A.F.P., 30 avril 1999), p.96.
RENCONTRE AVEC DES DÉFENSEURS D'OCALAN. (Réforme N° 2820, 29 avril 1999), p.97.
TROIS MILLIONS DE CIVILS KURDES DÉPLACÉS. (Clara-Magazine, avril 1999), p.97.
Près de 2 400 personnes ont été, le 21 mars 1999, arrêtées à l'occasion de la fête du Newroz en Turquie par la police turque. Bien que l'État turc s'approprie depuis 1995 le Newroz en le présentant comme un Nouvel An traditionnel de nombreux peuples de la région, dont les Turcs, les célébrations ont été interdites au Kurdistan et la police s'est livrée à l'interpellation de près de 500 personnes à Diyarbakir. À Istanbul où vivent environ trois millions de Kurdes, la police a arrêté plus d'une centaine de personnes le 20 mars par mesure préventive avant Newroz. Les incidents ont eu lieu dans les quartiers populaires de Gazi, Yenibosna, Bagcilar, Umraniye, Pendik, Merdivenkoy. Refusant de se disperser, plusieurs dizaines de manifestants ont attaqué les forces de sécurité à coup de pierres et de bâtons. Au total 1 695 personnes ont été placées en garde à vue à Istanbul. À Adana, où près d'un million de Kurdes sont implantés, sept policiers ont été blessés lors d'échauffourées avec des manifestants. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et a tiré en l'air pour disperser une foule d'une centaine de personnes. À Konya, une cinquantaine de personnes, dont des femmes, ont été interpellées par la police. Plus d'une centaine d'interpellations ont eu lieu à Ankara et à Gaziantep.
Dans la province de Mardin, la police a expulsé un correspondant de l'agence Reuters et trois autres journalistes turcs. La police a montré à ces journalistes une directive du gouvernorat de la province, qui stipule "les membres de la presse nationale et étrangère sont susceptibles de ne pouvoir travailler dans la région sans autorisation de la Direction de la presse et de l'information". Le service de presse de province de Mardin avait auparavant déclaré à Reuters que les journalistes seraient les bienvenus pour les fêtes de Newroz et Reuters n'avait été averti d'aucun changement. D'autre part deux attentats-suicide ont eu lieu, l'un près de la frontière iranienne, l'autre dans la région de Silopi, près des frontières syrienne et irakienne. En 1992, la journée avait été marquée par des affrontements sanglants, faisant une centaine de morts.
Selon un rapport publié Le 25 mars 1999 par le Comité de protection des journalistes (CPJ), une association de défense de la presse basée aux Etats-Unis, au moins 118 journalistes étaient incarcérés dans 25 pays et 24 auraient été tués dans l'exercice de leur métier à la fin de l'année 1998.
Pour la cinqième année consécutive, c'est la Turquie qui arrive en tête des pays qui emprisonnent les journalistes. 27 d'entre eux se trouvaient derrière les barreaux en 1998, la plupart pour avoir écrit sur le conflit kurde.
Ainsi, la Cour d'Appel turque a confirmé, le 23 mars 1999, la sentence de 13 mois de prison du journaliste Haluk Gerger sur la base de loi anti-terreur. Ce dernier avait été précédemment condamné par la Cour de Sureté de l'Etat pour un article écrit dans le journal pro-kurde Ozgur Gurdem, interdit depuis lors.
Par ailleurs, l'organisation Reporters Sans Frontières (RSF) a dénoncé dans un communiqué rendu public le 2 avril 1999 la mort de Çetin Gunes, âgé de 28 ans, éditorialiste dans une périodique gauchiste Hedef. Le journaliste avait été placé en détention le 5 juillet 1998 et avait été condamné la même année à un an et quatre mois de prison pour "propagande séparatiste" pour un article publié en septembre 1994 dans le mensuel l'Alternative Socialiste. Condamné une première fois, il avait participé à une grève de la faim en 1996 et souffrait depuis des problèmes cardiaques. Il est mort à la prison d'Ankara après une nouvelle grève de la faim.
De son côté, Amnesty International a dénoncé les menaces formulées contre le journaliste (de Dayanisma) Bayram Namaz, harcelé depuis le 9 mars 1999 par la police à la suite d'une conférence de presse au cours de laquelle il a dénoncé la mort de son compagnon de cellule Suleyman Yeter qui a succombé aux tortures subies au cours de sa garde à vue du 5 au 8 mars.
Par ailleurs, un tribunal turc a, 9 mars 1999, condamné pour "propagande séparatiste" 114 intellectuels et de défenseurs de droit de l'homme à un an de prison pour avoir signé en 1993 une déclaration appelant à une solution pacifique à la question kurde. Parmi ces intellectuels figurent le sociologue turc Ismail Besikçi condamné d'ores et déjà à plus de 200 ans de prison pour ses écrits sur les Kurdes.
La société franco-allemande Eurocopter est sur le point de signer un contrat avec la Turquie pour l'achat de 8 hélicoptères Cougar AS-532 destinés à la police d'un montant de 100 millions de dollars. Ankara avait déjà signé en février 1997 avec Eurocopter un contrat de 430 millions de dollars pour la production en commun en Turquie de 30 hélicoptères moyens Cougar de logistique et secours d'urgence. Elle est également sur la liste des compagnies en compétition avec les sociétés américaines Boeing et Bell, italienne Agusta et russo-israélienne Kamov pour la fourniture de 120 hélicoptères à l'armée turque, pour un montant de quelque 2,7 milliards de dollars. Les États-Unis sont le premier fournisseur en armements de la Turquie, devant la France qui a fait son apparition sur le marché turc au début des années 1990. La Turquie avait tout récemment signé avec le constructeur américain Sikorsky un contrat de 560 millions de dollars pour l'achat de 50 hélicoptères Black Hawk.
Quelque 20 000 soldats turcs et 2 000 gardiens de village ralliés au gouvernement ont effectué, le 6 avril 1999, une nouvelle incursion militaire dans le Kurdistan irakien. C'est la seconde offensive turque dans la région depuis que le chef du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Ocalan, a été capturé le 15 février dernier. Selon le quotidien turc Cumhuriyet (7 avril 1999), un raid aérien de l'aviation turque sur les positions du PKK dans les régions kurdes irakiennes de Pirbela et de Sinath, appuyé par des hélicoptères, avait précédé l'incursion des troupes turques. Un communiqué militaire du 10 avril 1999, a indiqué que 44 combattants kurdes et 10 militaires turcs ont été tués dans cette opération.
L'armée turque lance fréquemment des opérations similaires violant ainsi toutes les lois internationales alors que le Kurdistan irakien se trouve dans la zone d'exclusion instaurée par les alliés après la guerre du Golfe de 1991 pour protéger les minorités chiite et kurde.
La section allemande d'Amnesty International a honoré Akin Birdal, président de l'Association turque des droits de l'homme (IHD) pour sa "contribution à la question des droits de l'homme" le 8 avril 1999. Outre des représentants d'Amnesty France, Finlande, et Hollande, tous les ambassadeurs des pays membres de l'Union européenne en Turquie mais aussi les ambassadeurs du Canada et de la Palestine étaient présents à la cérémonie à Ankara. Les responsables de l'IHD ont déclaré qu'ils se réjouissaient de voir qu'ils ne sont pas seuls dans leur lutte pour les droits de l'homme. La section allemande avait projeté de décerner le prix lors d'une cérémonie à Francfort en décembre 1998 mais les autorités turques avaient suspendu le passeport d'Akin Birdal pour l'empêcher de voyager à l'étranger.