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Liste
NO: 155 |
22/12/1999 MESUT YILMAZ PLAIDE POUR LES DROITS DES KURDESMesut Yilmaz, ancien Premier ministre turc et partenaire de la coalition actuelle, a déclaré au cours d’un voyage à Diyarbakir le 15 décembre 1999 que la Turquie ne peut adhérer à terme à l’Union européenne sans avoir réglé le conflit kurde. " Appelez-le, soit conflit kurde, soit problème du sud-est anatolien, la Turquie ne peut devenir un grand Etat au XXIe siècle et adhérer à l’UE sans avoir réglé cette question (…) La conjoncture actuelle est très propice à un règlement " a-t-il affirmé. Le chef du parti de la mère patrie (ANAP) qui demandait ces derniers temps " plus de démocratie et plus de liberté " a souligné que " la route de l’Union européenne passe par Diyarbakir ". Il a ainsi demandé la levée de l’état d’urgence (OHAL), en vigueur depuis 20 ans dans la région et a indiqué la nécessité de réformer le fameux article 8 de la loi anti-terreur qui s’oppose tant à la liberté d’opinion. Mesut Yilmaz a également précisé que le retour des villageois déplacés de force devrait être assuré en toute sécurité. L’intervention de M. Yilmaz a soulevé des réactions vives de la part de son partenaire de coalition le parti de l’Action nationaliste (MHP-- néo-fasciste) mais la plupart des journaux ont salué les propos de l’ancien Premier ministre sans toute fois oublier de souligner qu’aucune des propositions n’a été à l’ordre du jour du gouvernement de Mesut Yilmaz pendant son mandat. Ainsi une caricature publiée le 21 décembre 1999 à la Une du quotidien turc Sabah avec comme légende " Un matin Mesut se réveille… ", représente Mesut Yilmaz au réveil balbutiant " Démocratie, droits de l’homme, la question kurde " et une voix lui répond seulement " Bonjour ! ". SIX ENFANTS DE 11 À 14 ANS RISQUENT TROIS ANS DE PRISON POUR AVOIR PORTÉ DES PANCARTES DEMANDANT PLUS DE PROFESSEURS POUR LEUR ÉCOLESix enfants âgés de 11 à 14 ans risquent trois ans de prison pour avoir tenu des pancartes " nous voulons des professeurs ". Terrifiés, les enfants ont été présentés à la justice le 16 décembre 1999 pour répondre de l’accusation de " manifestation illégale ". Ils ont simplement répondu candidement qu’ils étaient loin de se douter que cela pouvait constituer un crime. Le parquet turc a considéré ces enfants, élèves à l’école primaire d’Atatürk Çiftligi dans le quartier Gazi d’Istanbul, comme des " éléments perturbateurs ". CRISE GOUVERNEMENTALE SUR FOND DE DÉBAT SUR LA PEINE DE MORTLa question de la peine de mort commence à diviser la coalition gouvernementale en Turquie. Alors que le Premier ministre se dit favorable à l’abolition, il se heurte à une résistance de son partenaire le parti de l’Action nationaliste (MHP) qui doit son succès électoral au slogan " pendons Apo ". De son côté, l’armée turque qui exerce une forte influence sur la vie politique turque a indiqué, le 17 décembre 1999, qu’elle ne s’opposerait pas à l’abolition éventuelle. " Nous combattons l’organisation terroriste depuis quinze ans. Nous sommes le camp qui se bat " a souligné Huseyin Kivrikoglu, chef d’état-major turc, en précisant toutefois qu’une abolition devrait être décidée par les autorités légales et le parlement " Nous sommes respectueux des décisions du parlement " a-t-il ajouté. M. Suayip Üsenmez, ministre d’Etat du parti MHP, a déclaré à ce sujet " l’UE a donné jusqu’en 2004 à la Turquie pour qu’elle puisse résoudre certains problèmes. Nous pendrons Apo d’ici là. Ensuite nous ferons les réformes nécessaires pour la peine de mort ". Il a également ajouté que son parti était opposé à une quelconque télévision kurde en soutenant obstinément : " la langue de la République turque est le turc. Le kurde n’est pas une langue. En outre il n’a même pas d’alphabet propre. Comment pourrait-on (leurs) donner des droits d’émissions ". M. Üsenmez a par ailleurs plaidé pour la République de Chypre du Nord (KKTC) et a déclaré qu’ " on ne peut pas cacher le fait qu’il y a deux peuples en Chypre ". Un autre député MHP, Sefkat Çetin, a demandé la pendaison d’Abdullah Öcalan quel qu’en soit le prix et a ajouté que si les condamnations précédentes non exécutées posaient un problème il faudrait alors les exécuter. M. Çetin a ponctué en disant que si " Abdullah Öcalan n’est pas pendu on ne trouvera pas d’hommes à envoyer au service militaire ". D’autres ont été plus loin dans leur propos. Mehmet Gül, député MHP d’Istanbul n’a pas hésité à proférer des menaces : " Il n’y aura pas de député qui dira ‘non’ à la pendaison d’Apo au Parlement (…) Celui qui dira ‘non’ sera tabassé dans les toilettes ". Par ailleurs, le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a indiqué le 21 décembre 1999 qu’il allait poursuivre son cessez-le-feu et le retrait de ses derniers combattants. "Nous sommes décidés à honorer notre engagement de mettre un terme aux combats et de retirer notre guérilla de la zone des combats (…) Jusqu’à présent, nous ne pouvions pas évacuer complètement, en raison des opérations militaires de l’armée turque et des conditions hivernales. Quand les conditions seront réunies, le petit nombre de nos troupes encore présentes partiront " précise un communiqué de la direction du PKK. Des sources turques et kurdes soutiennent que depuis que le chef du PKK a ordonné à ses troupes d’arrêter de se battre et de se retirer de Turquie à partir de septembre, les combats ont diminué de 90 % d’intensité dans la région. LA NORVÈGE DÉCIDE D’EXPORTER 16 MISSILES ANTI-NAVIRES PENGUIN À LA TURQUIE. L’ALLEMAGNE EST EN LICE POUR LA VENTE DES CHARSLa Norvège a décidé le 20 décembre 1999 d’autoriser la vente de missiles anti-navire à la Turquie, mettant ainsi un terme à quatre ans d’interdiction de vente d’armes à Ankara, principalement pour la situation des droits de l’homme. Le ministre norvégien des affaires étrangères a déclaré que la société Kongsberg Gruppen a obtenu une licence pour la vente de 16 missiles anti-navire Penguin à l’armée turque d’un montant de $ 37,49 millions. Le ministère norvégien a indiqué que " toute demande d’export de matériel de défense à la Turquie sera traitée au cas par cas " et que la décision d’autorisation avait été prise en considération du fait que la situation actuelle dans le Kurdistan n’était pas comparable à la guerre civile d’il y a cinq ans et que la Turquie avait arrêté ses opérations militaires dans le nord de l’Irak. [ndlr : quelque 5000 soldats turcs appuyés par des hélicoptères avaient lancé une incursion militaire le 27 septembre 1999 au Kurdistan irakien-- bulletin CILDEKT 144] Par ailleurs, Rudolp Scharping, ministre allemand de la défense, en visite officielle les 21 et 22 décembre 1999 en Turquie, a annoncé le désir de son gouvernement de prendre part à l’offre publique d’achat lancée par la Turquie voulant acquérir 1000 chars d’un montant de 14 milliards de DM. Gerhard Schroder, le chancelier allemand, avait lui-même argumenté, il y a peu, que ce contrat garantirait 6000 emplois en Allemagne. La livraison d’un char Leopard allemand à la Turquie pour des essais avait suscité une crise dans la coalition gouvernementale entre les Verts et le SPD. Rudolp Scharping a déclaré au cours de sa visite : " Je pense que les Kurdes devraient avoir le droit de parler leur langue, d’avoir un enseignement en leur langue et d’exprimer leur culture en leur langue. C’est une question de droit de l’homme et non d’autonomie de l’Etat. " ALAATTIN ÇAKICI RISQUE DE SORTIR DE PRISON DÈS L’ANNÉE PROCHAINEAlaattin Çakici, un des plus importants chefs de mafia turc, livré par la France à il y a deux semaines à la Turquie, commence d’ores et déjà à secouer la justice turque. Poursuivi initialement dans neuf affaires distinctes dans son pays, les autorités françaises avaient autorisé son extradition en ne reconnaissant que deux d’entre elles, lui évitant ainsi une condamnation à la peine de mort. Or, la 6ème chambre du tribunal correctionnel d’Istanbul a statué le 20 décembre 1999 qu’une de ces affaires tombait pour prescription. En l’espèce, A. Çakici, était poursuivi pour avoir commandité la fusillade sur la personne de Hincal Uluç, journaliste au quotidien turc Sabah. Le 4 mars 1994, ce dernier avait été pris à partie par les hommes d’A. Çakici dans une station d’essence et avait reçu des balles à la jambe. Le chef mafieux n’avait pas apprécié un article de H. Uluç qui mettait en cause Alaattin Çakici dans le meurtre de sa femme. L’affaire avait débuté le 25 mars 1994 et la législation turque en vertu de l’article 102, 103 et 104 du code pénal turc, fixe à 5 ans le délai de prescription. Interrogé sur la question le ministre turc de la justice, Hikmet Sami Türk, rétorque que l’ancien procureur en charge de l’affaire, avait fixé le délai de prescription à 7,5 ans alors que l’actuel affirme que ce délai est de 5 ans. À ce rythme-là, A. Çakici ne sera jugé que pour " association de malfaiteurs " risquant une peine maximale de 3 ans de prison. Il ne lui restera plus qu’à purger 21 mois conformément à la loi d’application des peines sans compter l’application d’une éventuelle loi d’amnistie. La presse turque accuse le ministre de la justice d’impéritie et d’avoir obstrué la tâche du ministère de l’intérieur qui avait chargé une équipe de la direction de la sécurité nationale de l’interrogatoire à l’arrivée d’A. Çakici. CANDIDATURE TURQUE À L’UNION EUROPÉENNE VUE PAR L’HEBDOMADAIRE SATIRIQUE LE CANARD ENCHAINÉ |