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Liste
NO: 190 |
9/1/2001 SELON L’ANCIEN CHANCELIER HELMUT SCHMIDT, PRIVER LES KURDES DE LEUR ETAT FUT " UNE FAUTE GRAVE ET UNE ERREUR HISTORIQUE "Dans un article publié par le quotidien allemand Berliner Tagesspiegel du 31 décembre 2000, l’ancien chancelier allemand, Helmut Schmidt a considéré que le traité de Versailles du 1919 entravant la création d’un Etat kurde était grave et constituait une erreur historique. " D’un point de vue géostratégique, la question est comme suit. En Turquie, un cinquième d’une population de 70 millions d’habitants est formé par les Kurdes. Les deux parties s’affrontent avec des armes dans les rues de Hambourg. Le fait de ne pas accorder aux Kurdes un Etat dans le traité de 1919 était une faute grave. Va-t-on aujourd’hui introduire ce grave conflit dans l’Union européenne ? Il faudrait s’appeler Joscka Fisher pour supporter tout cela au nom d’un idéalisme européen " a déclaré M. Schmidt. Il a d’autres part souligné que " donner le statut de candidat à la Turquie constitue une grave erreur… Cela s’est fait sur un faux espoir. Outre le fait qu’elle risque d’entraîner avec elle d’autres problèmes immédiats, elle emmène des problèmes dont la solution risque de coûter très chère". 10 000 SOLDATS TURCS SERAIENT AU KURDISTAN IRAKIENQuelque 10.000 soldats turcs auraient de nouveau franchi la frontière nord de l'Irak pour s'attaquer aux bases du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont annoncé le 6 janvier des officiels et des média turcs. Selon le quotidien turc Hurriyet, les troupes turques, appuyées par des chars, sont au Kurdistan irakien depuis le 20 décembre, stationnées à proximité de la ville de Suleymaniyeh. Les soldats turcs prépareraient une " vaste opération de nettoyage ", a précisé le journal. Une information confirmée par des représentants turcs présents dans le Kurdistan turc, ajoutant que des unités spéciales étaient parmi les forces postées en Irak. De son côté, l'armée turque a refusé de confirmer les informations de Hurriyet qui n'ont pas pu être commentées non plus par l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK). Dans une émission télévisée diffusée sur la chaîne nationale TRT le 7 janvier, le Premier ministre turc Bülent Ecevit a déclaré : " le PKK est à peu près à sa fin. Mais je ne peux dire qu’il soit complètement fini, car les terroristes ne sont pas tous arrêtés, ils attendent dans un guet-apens au nord de l’Irak …Ils existent des problèmes entre Talabani et le PKK. Nous apportons une aide technique à Talabani, mais ils mènent eux-mêmes la lutte. Tout cela prouve l’existence du PKK encore aujourd’hui ". Interrogé sur la possibilité d’une télévision en kurde, M. Ecevit a soutenu que : " la terreur armée a fléchi alors que le séparatisme politique a pris le pas. Certains pays occidentaux ont apporté leur soutien à cela. S’ils nous laissaient tranquille nous pourrions résoudre le problème mais ce n’est pas le cas ". M. Ecevit a également déclaré : " Nous ne sommes pas toujours en mesure de satisfaire immédiatement les attentes de l’Union européenne…Le texte d’adhésion va être à l’ordre du jour du gouvernement en milieu du mois. Il est naturel d’avoir des opinions différentes dans un gouvernement de coalition. Nous allons essayer d’avoir un accord. Si les pays occidentaux avaient autant de menaces intérieures que nous, ils auraient pris des mesures beaucoup plus coercitives. Nous devons leur expliquer la différence de situation et obtenir leur compréhension ". L’état-major turc a, quant à lui, complètement nié la présence de l’armée turque en territoire kurde en Irak dans un communiqué daté du 7 janvier. Toutefois, à ce jour, aucun affrontement n'a été enregistré entre les Turcs et les combattants kurdes. Ce même journal ainsi que la télévision kurde Medya TV, qui émet depuis l’Europe, ont annoncé que l'Union patriotique du Kurdistan qui contrôle la région de Suleymaniyeh, avait demandé à la Turquie de lui envoyer des troupes pour l'assister dans sa bataille contre les combattants du PKK dans la région. Medya TV ainsi que le quotidien irakien Al-Irak, un journal contrôlé par le régime de Saddam Hussein, ont rapporté que près de 200 combattants de l'UPK auraient été tués dans des affrontements avec le PKK, un bilan qui n'a pas pu être confirmé. RENCONTRE ENTRE MASSOUD BARZANI ET JALAL TALABANI ET VISITE DE M. TALABANI EN TURQUIEMassoud Barzani, président du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et Jalal Talabani, chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), ont eu un entretien "constructif" à Salahaddine, quartier-général de M. Barzani, a dit un porte-parole du PDK. Les chefs des deux parties kurdes qui contrôlent le Kurdistan d'Irak se sont rencontrés pour la première fois depuis trois ans, le 8 janvier, à Salahaddine afin d'évoquer le "processus de paix" entre les deux groupes. Cet entretien est intervenu avant l'arrivée le même soir à Ankara de M. Talabani pour y rencontrer le lendemain, le Premier ministre Bulent Ecevit et le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Faruk Logoglu, au moment où l’UPK mène avec l'armée turque une opération dans le Kurdistan irakien contre le PKK. "Nous voulons renforcer notre coopération avec la Turquie. Ankara et nous voulons la stabilité dans le nord de l'Irak", a déclaré M. Talabani à l'aéroport. Il a indiqué qu'il demanderait l'appui des autorités turques pour la relance du "processus d'Ankara", parrainé par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Turquie. Ce processus est au point mort depuis septembre 1998, date à laquelle MM. Barzani et Talabani ont signé un accord de paix à Washington pour régler leurs différends. Ankara a fustigé cet accord, indiquant qu'il a été conclu sans sa participation. L’ARMÉE TURQUE AFFIRME S’ENGAGER DANS UNE OPÉRATION DE " MAINS PROPRES " EN COURT-CIRCUITANT LE GOUVERNEMENT" L’opération d’énergie blanche " menée par la gendarmerie turque contre la corruption dans le marché d’énergie s’est transformée en une véritable controverse politique depuis qu’un " gradé " de l’armée a déclaré dans le journal turc Hurriyet du 8 janvier que le ministre de l’énergie Cumhur Ersumer a été complètement mis de côté par l’armée dans le cadre de cette opération et que le Premier ministre Bülent Ecevit a soutenu que ces allégations sont " infondées et mal intentionnées ". L’article publié à la Une du quotidien Hurriyet soutient qu’" un important général " discrédite les déclarations de M. Ersumer, ministre de l’énergie, qui affirme avoir ordonné " l’opération d’énergie blanche ", opération de mains propres dans les marchés publics d’énergie en Turquie. Le général qui a gardé son anonymat déclare ceci au quotidien : " Ce n’est pas Ersumer qui a appuyé sur le bouton. Le ministre a entendu parler de l’opération à la dernière minute. Veuillez, s’il vous plait, indiquer cela très clairement. Aujourd’hui nous sommes déterminés à confronter n’importe qui impliqué dans des affaires malpropres, dans la corruption, sans savoir qui ils sont. Ce qui est triste c’est que des bureaucrates ont été impliqués dans toutes ces affaires sales. Mais, pour la première fois, une opération a été menée contre les bureaucrates. Ceci devrait être un exemple. Ce phénomène est aussi important que la lutte contre le PKK. Nous sommes en train d’exposer l’étendue de la corruption. Les intérêts vitaux stratégiques de l’Etat sont en train d’être monnayés. L’avenir des enfants de la nation est en vente. Nous ne pouvons pas rester indifférents. Tout ceux qui aiment ce pays devrait s’opposer à cela ". Réagissant à l’article, le Premier ministre Bulent Ecevit a déclaré que les affirmations étaient infondées mais en même temps incompatibles avec les normes d’un Etat de droit démocratique. Il a ajouté qu’il a contacté le chef d’état-major turc Huseyin Kivrikoglu qui a lancé une investigation pour découvrir l’identité de " l’important général ". Le vice-Premier ministre Mesut Yilmaz a, quant à lui, souligné que " c’est le plus grand problème que nous avons à changer entant qu’Etat… de temps en temps certains cercles de pouvoir risquent tout pour venir au pouvoir ". Il a également déclaré qu’il se demandait si en Turquie il ne restait pas des " admirateurs de coups " d’état. Dans le cadre de " l’opération d’énergie blanche ", un ancien ministre, un adjoint du sous-secrétaire du ministre de l’énergie, le directeur général et directeur adjoint du TEAS, l’équivalent turc de l’EDF et d’autres bureaucrates bien placés ont été mis derrière les barreaux. Le code de la procédure relatif aux fonctionnaires stipule qu’avant toute comparution en justice de ces bureaucrates, l’accord du ministre auquel leur département est affilié est requis. Certaines voix s’élèvent pour dire que craignant d’être eux-mêmes mis en cause, les ministres rechignent à donner leur accord. Mis en examen toujours dans le cadre de cette affaire, Huseyin Arabul, appelé " le super entrepreneur " par la presse turque est soupçonné d’avoir donné à des députés de différents bords quelque 790 villas de 400 m2 après expropriation des villageois par la mairie d’Ankara. Parmi les heureux propriétaires figurent des proches de l’ancien président turc Suleyman Demirel comme Cavit Çaglar en fuite à l’étranger, son beau-frère Ali Sener, mais aussi des hommes politiques comme Mesut Yilmaz, Yildirim Akbulut, Deniz Baykal, Tansu Çiller, Husammettin Cindoruk, Cumhur Ersumer, Hikmet Çetin… " OPÉRATION RETOUR À LA VIE " SUITE… : LES ORGANISATIONS DE DÉFENSE DES DROITS DE L’HOMME ACCUSENT LA TURQUIE DE TORTURE DANS LES PRISONSL'organisation Amnesty International ainsi qu'une commission des Droits de l'homme basée à New York ont appelé le 6 janvier les autorités turques ainsi que le Conseil de l'Europe à ouvrir une enquête sur la pratique de la torture dans certains nouveaux établissements pénitentiaires turcs. " Il devrait y avoir une enquête détaillée, indépendante et impartiale sur la pratique supposée de la torture et de mauvais traitements ", a souhaité dans un communiqué Heidi Wedel, membre d'Amnesty international, appelant également le Conseil de l'Europe - dont la Turquie - est membre, à mener l'enquête. Jonathan Sugden de la commission des Droits de l'homme et Heidi Wedel se sont entretenus avec des avocats, des docteurs, des proches des prisonniers ainsi qu'avec trois détenus sortis récemment des nouvelles prisons turques. " Nos sources concordent pour dire que les prisonniers sont battus et parfois même torturés, avant et après leur transfert en prison ", ont avancé dans leur communiqué Jonathan Sugden et Heidi Wedel. " Nous supposons que les prisonniers ont reçu des coups de fouet et ont été violés avec des matraques dès leur arrivée à la prison de Kandira, près Izmit, mais les plaintes ne pourront être recoupées puisque les demandes formulées par les avocats pour effectuer des examens médico-légaux sont restées sans réponse ", précise encore le communiqué. Cette supputation fait écho au transfert de près de 1.000 détenus dans de nouveaux établissements pénitentiaires - dans lesquels les organisations affirment avoir été interdites d'accès - effectué le mois dernier après quatre jours de mutinerie au terme desquels 32 personnes ont trouvé la mort. Quelque 5.000 soldats turcs avaient alors donné l'assaut à une vingtaine de prisons à travers le pays pour mettre fin à une grève de la faim suivie depuis deux mois par des dizaines de détenus. Il s'en était suivi des mutineries dans les prisons et un siège des établissements par l'armée. Ces deux organisations des Droits de l'homme soutiennent encore que les détenus ont été placés en isolement total et appellent les autorités turques à autoriser les prisonniers à sortir de leur cellule dans la journée pour se regrouper. Le même jour, dans un communiqué, le ministère turc de la justice a démenti ces accusations de torture et de mauvais traitement, ajoutant que trois inspecteurs avaient été chargés de mener une enquête. LU DANS LA PRESSE TURQUE : AVEC UN CHIFFRE D’AFFAIRES DE $ 45 MILLIARDS PAR AN, LA MAFIA TURQUE EST LA TROISIÈME DU MONDELe journaliste turque Ilker Sarier dénonce, dans un article publié par le quotidien Sabah du 2 janvier sous le titre de " Notre très chère mafia ", l’importance croissante des bandes mafieuses turques qui rapportent 45 milliards de dollars par an. " Dans son dernier rapport, le Conseil américain de recherche nationale a couvert d’éloges la Turquie… Nous serions donc les troisièmes. Vous allez me demander : " mais, mon ami, dis nous dans quel domaine nous sommes troisièmes ? " Est-ce en matière de démocratie, des droits de l’homme, de développement économique, de littérature ou de recherche scientifique ? Quel est donc ce classement ? Et bien ce n’est autre que ceci : Parmi les plus puissantes mafias du monde, la mafia turque arrive en troisième position avec 45 milliards de dollars de recettes par an… À mon avis, cette information a de quoi rendre fiers tous les Turcs. Nous ne pouvons peut-être pas obtenir un prix Nobel, mais il n’y a rien à nous dire en ce qui concerne le domaine mafieux. Le champion de la catégorie serait la mafia russe avec 200 milliards de dollars de recettes… suivie de l’Italie avec 50 milliards de dollars de gains…La mafia turque talonnant de très près serait en troisième position… Les plus proches associés de la mafia turque seraient la florissante mafia albanaise et le fonds de commerce englobe le trafic de drogue, trafic d’hommes, d’armes, de bonnets et tous ce qu’elle peut trouver et peut transporter vers l’Europe… Alors que nous autres, nous nous obstinons à revendiquer à toute voix la démocratie, la suprématie du droit, les droits de l’homme, notre valeureuse et chère mafia faisant preuve d’une performance extraordinaire, se positionne troisième du monde… C’est aussi un succès. Je félicite de tout cœur notre mafia bien aimée. Au moins dans une branche, elle nous permet de montrer notre force au monde entier. Je veux dire par là qu’étant donné que les branches relatives à la science, la démocratie, les droits de l’homme ou le droit, sont en totale ruine, au moins consolons-nous fièrement avec notre mafia ". LU DANS LA PRESSE TURQUE : " QUI POURRAIT FAIRE CONFIANCE À UN TEL ETAT ? "Le journaliste turc Bekir Çoskun dans ses colonnes du 3 janvier 2001 au quotidien turc Hurriyet, fait une rapide rétrospective des derniers évènements en Turquie pour finalement conclure : " qui pourrait faire confiance à un tel Etat ? ". Voici de larges extraits de l’article : " Nous avons parfois du mal à expliquer des choses à nos collègues étrangers qui travaillent en Turquie… Par exemple ; un groupe de journalistes turcs a été embarrassé d’expliquer à un écrivain canadien pourquoi on appelait " Baba " (papa) l’ancien président turc Demirel, qui a été renversé par deux coups d’Etat, écarté sept fois du pouvoir et revenu huit fois sur la scène politique… Admettons. Mais comment alors expliquer le fait que les forces de sécurité se soient battues pendant trois jours pour rentrer dans les prisons, finalement par les toits, la mort de plus de trente personnes du fait de l’opération qui a été appelée " opération de retour à la vie " et l’annonce enjolivée par le ministre de la justice qui a déclaré " nous avons réussi " après l’opération…mais aussi les congratulations et embrassades des ministres après l’entrée dans les prisons… À supposer que vous réussissiez à éclaircir cela… Comment expliquer la détention en prison pendant deux ans de Pinar Selek, accusée d’avoir déposé une bombe qui s’est avérée être une explosion due au gaz ! Et puis : Comment expliquer les bonnes nouvelles de nos média informant l’opinion publique que " les kebaps épicés, les pizzas turques, les boulettes de viande crue, ne rentreront plus en prison… " et annonçant victorieusement la fin " de la révolution de kebap "… Il ne peut pas avoir un tel système pénal, exécutoire, juridique ou de droit… S’il y avait une véritable assemblée nationale, les derniers évènements des prisons seraient pris en main, auraient été analysés après débats généraux, interrogé, et les anciens ministres en charge du dossier et responsable de la situation actuelle aurait été jugés… Ensuite, on en serait venu aux bureaucrates du ministère de la Justice… À ses fonctionnaires et aux directeurs pénitenciers… Mais les seuls sanctionnés ont été les quelques détenus qui ont résisté… Le président de la sous-commission parlementaire des droits de l’homme, M. Bekaroglu a déclaré hier après sa visite dans des prisons de type F que " à l’intérieur il n’y a que des personnes fracturées au bras, à la tête, les yeux tuméfiés, et des blessés, il n’y a personne qui soit en pleine forme… " Qui pourrait croire à un Etat qui a mis deux ans à comprendre que ce qui a explosé n’était pas une bombe mais une bonbonne de gaz ? [ndlr : cf. la déflagration au bazar d’Istanbul faisant sept morts et plus d’une centaine de blessés attribuée à Pinar Selek, affichée par les média et les autorités turcs comme une militante du PKK]. |