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Liste
NO: 21 |
31/1/1996 EXACERBATION DE LA TENSION ENTRE LA TURQUIE ET LA GRÈCEAu moment où la Turquie s'enlise dans crise politique et économique profonde, une "guerre de drapeaux" sur les quelques rochers de l'îlot non habité Kardak (Imia), situé à 3 miles au large des côtes turques suscite une vive tension entre Grecs et Turcs. Le 26 janvier deux journalistes de Hurriyet arrivés en hélicoptère sur cet îlot y avaient planté un drapeau turc. La marine grecque est intervenue pour enlever ce drapeau et le remplacer par un drapeau grec pour bien affirmer la souveraineté grecque sur ces roches. Et la presse turque d'évoquer la possibilité d'une "guerre de Falkland" entre Grèce et Turquie. En plein milieu de cet imbroglio et de l'échec de Mme. Çiller dans sa tentative de former une coalition, tous les principaux chefs militaires turcs se retrouvent en "sommet" dans la station de ski d'Uludag. La presse publie la lettre du président Clinton à un groupe de sénateurs américain où il évoque le risque d'une confrontantion turco-grecque. Après le détournement apparement téléguidé par le MIT, service de renseignement turc, d'un ferryboot en Mer Noir, une "guerre de Falkland" à la turque semble tenter certains milieux turcs en mal de diversion. MESUT YILMAZ DIT "NON" À UNE COALITION DIRIGÉE PAR MME. ÇILLERL'entrevue entre les leaders des deux formations de la droite turque a eu lieu le 27 janvier et elle a duré à peine 10 minutes. La réponse de M. Yilmaz est un "non définitif". Son parti de la Mère-Patrie (ANAP) n'acceptera pas de participer à une coalition dirigée par Mme. Çiller. La plupart de dirigeants de ce parti ne veulent même pas d'un gouvernement confiant quelque portefeuille que ce soit à Mme. Çiller, pas même celui de la météorologie! Ils jugent "désastreux" sa conduite des affaires du pays depuis son accession au pouvoir en juillet 1993. Et ils affirment qu'il est grand temps de "changer la vitrine politique du pays". Mme. Çiller va donc devoir rendre son tablier au président Demirel qui pourrait charger M. Yilmaz de la mission de la formation du gouvernement. L'hypothèse de la formation d'une coalition du parti de M. Yilmaz avec le Refah islamiste et le soutien direct ou tacite du parti de la gauche démocratique (DSP) de Bulent Ecevit semble gagner du terrain. Mais une partie de députés d'ANAP s'y oppose et Mme. Yilmaz, qui se dit "laïque militante" menace de divorcer de son mari si celui-ci s'allie avec le parti islamiste. Si d'ici le 21 mars aucune coalition investie de la confiance d'une majorité des membres du Parlement n'émerge, le Président Demirel doit dissoudre ce dernier et convoquer de nouvelles élections. LE GOUVERNEMENT TURC RECONNAIT FINALEMENT LA MORT SOUS LA TORTURE DU JOURNALISTE METIN GOKTEPEAprès deux semaines de déclarations contradictoires et devant les témoignages nombreux et accablants pour la police sur ce meurtre commis en plein Istanbul, le gouvernement turc a reconnu, le 25 janvier, que ce journaliste du quotidien Evrensel avait été arrêté, gardé à vue et interrogé par la police et qu'il est mort des suites des tortures infligées par les policiers du district d'Eyup d'Istanbul. Dans un rapport de l'inspection générale de la police rendu public le 25 janvier on apprend qu'en application des instructions données par le ministère de l'intérieur pour prévenir des incidents au cours des obsèques des deux prisonniers (Orhan Ozen et Riza Boybas) tués lors de la mutinerie de la prison d'Umraniye 1054 personnes ont été, le 9 janvier, gardées à vue dans le stade d'Eyup. Dans la soirée au moment de procéder aux formalités de libération des prévenus le corps inanimé de Metin Goktepe, né en 1968, correspondant du quotidien Evrensel a été trouvé près du buffet. Le nom de ce journaliste ne figurait pas sur le registre officiel des personnes gardées à vue mais à la suite des témoignages parus dans la presse et après enquête une quinzaine de fonctionnaires de police ont été trouvés coupables des crimes allant de négligences graves, d'arrestation sans motif valable et de coups qui, selon le rapport d'autopsie, ont entraîné la mort à la suite d'hémorragie cérébrale. Ces policiers ont été suspendus de leurs fonctions et devraient faire l'objet de poursuites judiciaires". On se souvient que le 9 janvier le Premier ministre Çiller avait affirmé que le journaliste n'avait jamais été gardé à vue et que la police étant étrangère à cette affaire tandis que son ministre de l'intérieur, T. Ünüsan, prétendait que le journaliste était sans doute mort en tombant du mur du stade. La mobilisation d'une partie de la presse émue par le sort réservé en plein Istanbul à un journaliste turc, donc n'ayant pas de raison de grossir les rangs de ces milliers de "disparus" et autres victimes kurdes de meurtres anonymes perpétrés par la police et ses escadrons de la mort, a finalement permis d'empêcher cette affaire d'être classée. Assurée jusque là d'impunité, la police d'Istanbul a très vivement réagi à ces mesures disciplinaires. Certains policiers ont appelé la presse pour dire qu'ils avaient été sauvagement torturés par leurs collègues pour passer aux aveux. D'autres ont menacé des journalistes et des "chefs traîtres" de graves représailles. "A chaque événement nous arrêtrons et ferons taire un journaliste" ont-ils menacé. Le directeur de la Sûreté d'Istanbul a été vivement pris à partie par ses hommes. Tirant les conclusions de cette affaires, le ministre chargé des droits de l'homme, Adnan Ekmen, dont le mandat touche à son terme, a rappelé "qu'il était temps de stopper le règne de l'impunité des forces de sécurité, sinon demain ce sera notre tour de mourir sous la torture" a-t-il averti selon Hurriyet du 27 janvier. 3 EXÉCUTIONS EXTRA-JUDICIAIRES DE KURDES À HAZROLe sort de 6 civils kurdes désarmés arrêtés le 18 janvier près de la localité de mihrani (ülgen), dans le district de Hazro, dans la province de Diyarbakir commence à s'élucider. D'après des témoignages cités par le quotidien Ozgür Politika, du 27 janvier, 3 d'entre eux ont été passés par les armes par les soldats: il s'agit de Murat Tasan, M. Ali Yasa et d'une jeune femme dont l'identité n'a pas encore été établie. Leurs cadavres ont été remis par un groupe de soldats à la municipalité de Hazro. Les trois autres civils, dont Esref Yasa sont portés "disparus". La famille Yasa semble faire l'objet d'une politique planifiée de destruction de la part des autorités. L'un des ses membres, Hasim Yasa, avait été abattu pour vente à son kiosque du quotidien pro-kurde Ozgür Gündem. La même année, deux autres frères, Yalçin et Yahya Yasa avaient été mitraillés devant leur domicile à Diyarbakir sous prétexte qu'ils continuaient à vendre ce quotidien mal vu par l'armée. L'un d'eux Yalçin Kaya est mort, l'autre grièvement blessé. Esref Yasa, actuellement porté "disparu" avait lui-même subi, le 15 octobre 1992, une agression armée en plein jour à Diyarbakir et été grièvement blessé. Il avait, par l'intermédiaire de l'Association turque des droits de l'homme, saisi la Commission européenne des droits de l'homme de Strasbourg pour demander la protection de sa vie menacée par l'État turc. Sa mère, Hediye Yasa, frappe à toutes les portes pour que la lumière soit faite sur le sort de son fils "disparu". LE MASSACRE DE 11 VILLAGEOIS KURDES DE SIRNAK EST ATTRIBUÉ AUX FORCES DE L'ORDRE PAR L'ASSOCIATION TURQUE DES DROITS DE L'HOMMED'abord attribué au PKK par le gouvernement et les médias contrôlés par celui-ci, le massacre de 11 villageois kurdes morts asphyxiés dans un car, le 15 janvier, dans la province de Sirnak, est perpétré par les forces de l'ordre selon la branche locale de l'association turque des droits de l'homme à Diyarbakir. Les victimes qui étaient tous des "protecteurs de village", milice mise sur pied et armée par Ankara, avaient été convoqués par les forces de sécurité dans leur quartier général basé à Taskonak, sous prétexte qu'ils étaient des "collaborateurs suspects" dont les fils feraient partie des militants du PKK. Après intervention du maire pro-gouvernemental du village de Güçlükonak en faveur de ces villageois, ceux-ci ont été relâchés et devaient être escortés chez eux par les gendarmes. L'"incident" a eu lieu sur la route menant au village d'origine des miliciens. Selon la version officielle, les villageois ont été attaqués et brûlés vivants par les militants du PKK. Cette version des faits est démentie par l'enquête menée par l'Association des droits de l'homme et par des témoins oculaires. Deux cars civils ont croisé le véhicule transportant les 11 protecteurs de villages escortés par les gendarmes, et les passagers des deux cars civils ont noté que les protecteurs avaient les yeux bandés. Par ailleurs, aucune victime, ni blessé ni tué, n'a été signalée dans les rangs des gendarmes chargés de leur "sécurité". On note aussi que cette "attaque" n'a pas été revendiquée par le PKK, organisation qui revendique ses attaques, même les plus sanglantes contre les protecteurs de villages et leurs familles. Ayant, en réponse à l'appel du 13 décembre du Parlement européen, déclaré un cessez-le-feu unilatéral, le PKK a rapidement démenti toute implication dans cette tuerie. Ce genre d'"incidents" sont de plus en plus fréquents en Turquie, les forces turques qui, après avoir fait faire la sale besogne aux protecteurs de villages, les livrent à eux-mêmes. En cas de protestation ou de "mauvaise conduite" ils sont tout simplement liquidés. Récemment un protecteur de village se confessait à une correspondante locale de l'agence de presse Reuter dans les termes suivants : "En cas d'attaque contre les guérilleros par les forces de sécurité, on est mis aux postes d'avant-garde, pareil en cas d'incursion dans le nord de l'Irak, et après on nous accuse d'héberger des militants du PKK car on est kurde et donc de même origine". UN JOURNALISTE CONDAMNÉ À 4 ANS DE PRISON D'APRÈS LA NOUVELLE VERSION DE L'ARTICLE 8Appelée à réexaminer, à la lumière de l'article 8 modifié, trois dossiers de "propagande séparatiste" impliquant le journaliste Ocak Isik Yurtçu, la Cour de Sûreté de l'État n° 2 d'Istanbul a condamné celui-ci à un total de 4 ans de prison ferme et à une amende de 400 millions de livres turques. Directeur de la publication du quotidien pro-kurde Ozgur Gundem, interdit depuis, M. Yurtçu était poursuivi pour la publication dans ce journal des "articles séparatistes" en septembre 1992. Incarcéré à la prison de Sakarya, M. Yurtçu, 51 ans, fait l'objet d'autres poursuites pour délit d'opinion. La demande de sa mise en liberté en attendant l'examen par la Cour d'appel des condamnations prononcées par la Cour de Sûreté d'État a été rejetée. L'EX-DÉPUTÉ A. FIRAT PASSIBLE DE 8,5 ANS DE PRISONLe procureur militaire de la Cour de Sûreté de l'État d'Erzurum a requis une peine de 8,5 ans de prison contre M. Abdulmelik Firat, ex-député d'Erzurum, élu sur la liste du parti de la Juste Voie de M. Demirel et de Mme. Çiller. M. Firat est accusé de "propagande séparatiste et d'aide au PKK". Détenu à la prison de Bayrampasa d'Istanbul, il devrait comparaître le 7 mars prochain devant la Cour de Sûreté de l'État d'Istanbul. DIX MILLE PERSONNES ONT COMPARU DEVANT LA COUR DE SÛRETÉ DE L'ÉTAT DE DIYARBAKIRSelon un bilan établi par le procureur général de cette Cour, Bekir Selçuk, cité par le quotidien turc Milliyet du 26 janvier, celle-ci a, en un an, instruit 5523 dossiers dont 2512 ont donné lieu à des poursuites judiciaires, 1155 classés sans suite. Dans 2456 dossiers les auteurs des crimes n'ont pas été identifiés. La Cour a condamné 600 accusés à des peines de prison pour des crimes politiques et 4802 prévenus ont été acquittés. Le nombre de prisonniers politiques en Turquie est évalué à 12 000 par les organisations locales de défense des droits de l'homme. Par ailleurs, selon le journal turc en langue anglaise Turkish Daily News du 18 janvier en moyenne, plus de 100 personnes par jour, pour la plupart des intellectuels, comparaissent devant les Cours de Sûreté de l'État en Turquie. AMNESTY INTERNATIONAL DÉNONCE LES ASSASSINATS DURANT LA PÉRIODE DE GARDE-À-VUE ET LES VENTES D'HÉLICOPTÉRES PAR L'OCCIDENT À LA TURQUIESelon Amnesty International, le bilan des morts durant la période de garde-à-vue ne cesse de s'alourdir en Turquie. Seulement en dix jours, du 1er au 10 janvier, six personnes ont trouvé la mort sous la torture dans les commissariats de police durant leurs interrogatoires. Par ailleurs, l'organisation non gouvernementale basée à Londres brise le silence, dans un communiqué daté du 14 janvier, sur les ventes d'armes à destination de la Turquie et demande un arrêt immédiat de vente d'hélicoptères militaires. Parmi les pays exportateurs d'hélicoptères et d'autres matériels militaires figure notamment les États-Unis, la France, l'Allemagne et l'Italie. Ce genre de matériel est utilisé contre les maquisards mais aussi dans une large mesure contre les civils dans la politique d'évacuation de villages et de transferts de populations par les forces armées turques dans les provinces kurdes. 8,68 MILLIONS DE PERSONNES EN DESSOUS DU SEUIL OFFICIEL DE LA PAUVRETÉ QUI EST DE 44,5 DOLLARS PAR MOISC'est ce qui ressort d'une étude de l'Organisation Nationale de la Planification (DPT) citée par le quotidien Milliyet du 29 janvier. Environ 14% des 62 millions d'habitants de la Turquie doivent survivre avec un revenu mensuel de 230F par mois. Cela dans pays qui entretient la deuxième armée de l'OTAN et qui a, en 1994, englouti 12,5 milliards de dollars dans la guerre au Kurdistan. La misère ne cesse de s'étendre mois après mois, en particulier dans les provinces kurdes. Les oeuvres caritatives locales sont totalement dépassées et Ankara refuse aux ONG occidentales le droit de venir en aide à ces populations en détresse. Le revenu moyen par tête d'habitant était de 2158 dollars par an en Turquie en 1994 (contre $ 7471 pour la Grèce par exemple), mais la richesse nationale est très inégalement répartie et la pauvreté connaît une progression alarmante depuis 1992. SELON DEUX EXPERTS TURCS LE TRIPLE ASSASSINAT DE LA TOUR SABANCI EST L'OEUVRE DE LA POLICE POLITIQUE (MIT)Intervenant dans l'émission Euroshow d'une chaîne privée turque, le 18 janvier, deux experts turcs, le professeur Mahir Kaynak, ancien haut responsable de la MIT et spécialiste reconnu des services de renseignements turcs, et le professeur Dogu Ergil, auteur d'une récente étude du patronat turc sur le problème kurde, ont déclaré que le triple assassinat de la Tour Sabanci, attribué par les autorités à un groupuscule d'extrême gauche, était "sans aucun doute l'oeuvre de la police politique". Ils ont l'un et l'autre cité le nom du service policier spécialisé dans ce genre d'action. Rappelant que quelques semaines plus tôt, M. Sakip Sabanci, patron du second conglomérat industriel turc, avait lors d'une visite à Diyarbakir prôné "le modèle basque espagnol d'autonomie " pour le règlement politique du problème kurde et que cette proposition lui avait valu un sévère rappel à l'ordre des milieux conservateurs turcs, les deux experts turcs affirment que le message adressé par la tuerie de la Tour Sabanci aux hommes d'affaires est limpide: "Faites de l'argent, pas de politique!" Aucun groupuscule n'est techniquement en mesure de réussir une opération aussi complexe, connaître l'emploi du temps des hauts dirigeants de cet empire industriel, entrer et sortir sans être inquiétés dans une tour hautement protégée et surveillée ont déclaré les deux experts turcs qui se sont dits convaincus que les auteurs de ce triple assassinat ne seront pas davantage arrêtés que ceux de l'assassinat du célèbre journaliste Ugur Mumcu. Malgré ce "message fort" adressé aux hommes d'affaires. Ceux-ci, après quelques jours de réflexion, ont décidé, "dans l'intérêt du pays, de poursuivre leur recherche de la paix". La Fondation TESEV, qui est le Think-Tank du patronat turc, vient d'annoncer qu'il organisera en mars prochain à Istanbul, en collaboration avec Peace Research Institute d'Oslo une conférence sur le règlement politique du problème kurde. Des universitaires, des intellectuels kurdes et turcs vivants en Turquie seront invités à débattre de ce problème avec un parterre de représentants du monde des affaires. Des bureaucrates civils et militaires pourraient également être invités à cette conférence. TESEV envisage d'ores et déjà d'organiser une seconde conférence sur le même sujet en automne, avec la participation de spécialistes américains. "Si nous ne trouvons pas rapidement une solution à ce problème, le terrorisme ne sera plus cantonné à une région du pays; nous pourrions tous être égorgés un à un dans les rues d'Istanbul" a déclaré au quotidien Milliyet le président de TESEV. Le même quotidien publie dans son numéro du 28 janvier une longue interview de Mme. Mumcu où celle-ci explique comment ce "crime d'État" a été étouffé par la justice et la police. Avant d'être assassiné le journaliste Mumcu, qui enquêtait précisément sur les relations dangereuses de la police politique avec la mafia et les groupes terroristes, sur le mystère de la contre-guèrrilla turque et la série de "meurtres politiques non élucidés" et sur la pratique turque "de la stratégie de la tension". Cette enquête explosive lui a valu d'être assassiné. Les autorités ont tout de suite attribué cet assassinat à des formations islamistes et promis que les tueurs seront arrêtés rapidement. Voici la suite racontée par Mme. Mumcu: "Le procureur militaire Ulkü Coskun qui instruisant cette affaire m'a dit: ne m'en demandez pas trop Madame, car c'est l'État qui a tué votre mari(..) plus tard, il a été dessaisi du dossier par le jeu d'une promotion. Malgré mes démarches réitérées, on n'a jamais voulu me dire les raisons de ce dessaisissement six mois plus tard nous avons appris que le dossier était confié au procureur Kemal Ayhan, qui avait le même âge que mon mari et qui enquêtait lui aussi sur les meurtres politiques non élucidés. Un jour de juin ce procureur a été trouvé mort à son domicile, il a été enterré en 24 heures par les autorités qui ont attribué sa mort à "une insuffisance cardiaque". Curieusement il n'y a eu aucune autopsie. J'ai souligné cette bizarrerie en m'étonnant que la mort suspecte d'un procureur chargé des meurtres mystérieux ne donne lieu à aucune autopsie. Mais que faire? (..) Quant à Ayhan Aydin, témoin oculaire de l'assassinat, il a disparu de la circulation. Nul ne sait s'il est encore en vie(..) l'État compte sur la lassitude, le temps, l'oubli. Le procureur Nusret Demiral a bien dit "dans 15 ans cette affaire sera classée, oubliée". Mais il y avait un million de citoyens aux obsèques de mon mari, pour eux, pour la mémoire de mon mari, je me battrais jusqu'au bout pour que la lumière soit faite sur cet assassinat politique. Je continue de penser que toute une société ne peut pas vivre longtemps engluée dans la pourriture". |