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Liste
NO: 223 |
28/11/2001 L’ETAT D’URGENCE PROLONGÉ POUR LA 44ÈME FOIS DANS QUATRE PROVINCES KURDESPour la 44ème fois, le Parlement turc a, le 27 novembre, reconduit l’état d’urgence en vigueur depuis 14 ans dans quatre provinces kurdes : Tunceli, Diyarbakir, Hakkari, et Sirnak. Ces quatre provinces étaient régies sous le régime de la loi martiale jusqu’en 1987 où les autorités turques ont adopté sa “ version civile ”, soit le régime d’état d’urgence. Rustu Kazim Yucelen, le ministre turc de l’intérieur, a déclaré que “ les incidents terroristes avaient chuté de 83 % en 2000 dans la région par rapport à l’année 1999 ” et ceci s’est poursuivi en l’an 2001 avec une “ baisse de 26 % par rapport à l’année précédente ”. Il a également déclaré que le gouvernement faisait “ des pas pour le retour des villageois évacués durant la campagne terroriste ” avec un projet de 5,65 trillions de livres turques [ndlr : 28 millions de Frs] et qu’entre 2000 et 2001, 35 227 villageois ont été autorisés à revenir pour habiter dans 393 villages et hameaux. Le Parlement se prononce tous les quatre mois sur le maintien de ce régime d’exception, sa levée fait partie des mesures politiques réclamées à “ moyen terme ” à la Turquie par l’Union européenne si elle veut ouvrir des négociations d’adhésion. AUGMENTATION DE 50 % DES CAS DE TORTURE EN TURQUIEDans un rapport rendu public, le 22 novembre, l'Association turque des Droits de l'Homme (IHD) a dénoncé une augmentation de 50 % des cas de torture et une spectaculaire multiplication des entraves à la liberté d'expression au cours des 9 premiers mois de l'année par rapport à l'an passé. L'association a recensé de janvier à septembre un nombre record “ d'au moins ” 762 cas de torture dans ce pays candidat à l'Union européenne, contre 508 pour la même période de l'an 2000, soit une augmentation de moitié d'une année sur l'autre. En 1999, ce décompte s'établissait à 472 cas, rappelle l'IHD, soit 7 % de moins que l'an dernier sur la même période. Par ailleurs, l'Association regrette une multiplication quasiment par 8 du nombre de personnes poursuivies pour leurs opinions entre les trois premiers trimestres de l'an 2000 et ceux de cette année. 1 921 personnes ont ainsi été poursuivies pour des délits d'opinion, contre 254 l'an dernier, précise le rapport. L'ensemble des peines encourues représente une augmentation de près de 350 % entre les 3758 années d'emprisonnement encourues cette année et les 1098 années requises l'an dernier, relève encore le rapport. La situation des Droits de l'Homme est le principal obstacle à l'entrée de la Turquie dans la future Union Européenne élargie, comme le constate le rapport sur l'avancement des pays candidats, publié le 13 novembre, qui stipule que “ la situation actuelle et ses répercussions sur les individus nécessitent des progrès ”. L'IHD déplore en exergue de son rapport que les 12 autres pays candidats à l'élargissement de l'UE soient eux parvenus à remplir les critères de Copenhague en “ un an et demi à deux ans ”, alors que la Turquie n'a pu en deux ans, depuis l'acceptation de sa candidature au sommet d'Helsinki de décembre 1999, que “ modifier 34 articles de la Constitution ”. Contrairement aux 12 autres candidats, la Turquie n'a pas encore ouvert de négociations d'adhésion. Pour Husnu Ondul, président de l’IHD, c'est dû principalement au “ manque de détermination ” des hommes politiques et des bureaucrates à appliquer les réformes démocratiques. “ Il faut d'urgence prendre des mesures légales, administratives, judiciaires et éducatives ” a-t-il estimé. Le vice-Premier ministre Mesut Yilmaz, chargé des négociations avec l'UE, avait reconnu que son pays n'avait pas réussi à atteindre les critères fixés par les Quinze, notamment en termes de progrès de la démocratie, malgré les 34 amendements passés en octobre 2001. L'IHD, principale organisation de défense des Droits de l'Homme de Turquie fondée en 1986, précise que ces chiffres s'appuient sur les plaintes verbales et écrites reçues dans ses différentes branches régionales, dont plusieurs sont fermées par les autorités. LE PRÉSIDENT TURC CRITIQUE LA FERMETURE D’UN PARTI PRO-KURDE, L’ESTIMANT BASÉE SUR DE SIMPLES “ HYPOTHÈSES ”Selon la presse turque du 23 novembre, le président turc Ahmet Necdet Sezer a, dénoncé la fermeture d'un parti pro-kurde par la Cour Constitutionnelle, l'estimant basée sur de simples “ hypothèses ”. M. Sezer commentait la décision de la Cour prise en 1999 -qu'il présidait à l'époque - publiée, le 22 novembre, au Journal Officiel. Il a regretté que le Parti Démocratique de Masse (DKP) ait été interdit sans crime ou délit avéré. “ Ce jugement aurait dû être différent ”, a-t-il estimé, cité par le quotidien turc Radikal. Ancien magistrat, respecté pour son engagement démocratique, le président constate qu'au contraire, “ le programme [du DKP] professait l'égalité des groupes ethniques et religieux, et, au lieu de s'opposer à l'unité de la nation, se démarquait des idées séparatistes ”. “ Les opinions exprimées par le DKP et ses membres n'ont pas été concrétisées par des actes, et il ne sied pas à la loi de fermer un parti en se basant sur l'hypothèse que celui-ci peut commettre des actions répréhensibles ”, a expliqué M. Sezer, cité par le journal turc Sabah. Le DKP a été fermé en février 1999 pour avoir évoqué dans le chapitre “ problème kurde ” de son programme l'existence d'une nation kurde “ assimilée ”, “ sous pression ”, qui possède une “ identité ethnique ” propre. Sous la houlette de sa puissante armée, la Turquie, ces dernières années, a interdit plusieurs partis pro-kurdes, dont le parti de la Démocratie (DEP) dont quatre députés, parmi eux Leyla Zana, restent emprisonnés depuis 1994 ainsi que des partis marxistes ou encore islamistes. Fin juillet 2001, la Cour Européenne des Droits de l'Homme avait donné à une petite majorité de voix raison à Ankara sur l'interdiction du parti islamiste de la Prospérité (Refah), arguant, contrairement à M. Sezer, qu'un Etat “ peut raisonnablement empêcher la réalisation d'un projet politique incompatible avec les normes de la Convention européenne avant qu'il ne soit mis en pratique par des actes concrets ”. La principale formation pro-kurde de Turquie, le Parti Démocratique du Peuple (HADEP), est également menacée d'interdiction pour “ liens organiques ” avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). LE N°2 DU PARTI MHP DÉCLARE QU’ANKARA N’EST “ PAS PRÊT ” À ACCORDER DES DROITS CULTURELS AUX KURDES ET QUE LA TORTURE EST “ INCRUSTÉE DANS LES ESPRITS ” EN TURQUIELa Turquie n'est “ pas prête ” à accorder des droits culturels aux Kurdes car cela peut “ diviser ” le pays, a, le 26 novembre, estimé Sevket Bulent Yahnici, vice-président du parti de l’Action nationaliste (MHP), l'un des trois partis de la coalition gouvernementale (ultra nationaliste). “ Certainement, cela diviserait [le pays]. La Turquie n'est pas prête à l'heure actuelle pour ce genre de choses. Ce n'est pas un pays où l'atmosphère est propice à ces arrangements ”, a déclaré Sevket Bulent Yahnici au quotidien libéral Radikal. M. Yahnici, a affirmé que la “ Turquie ne se précipite pas pour adhérer à l'UE ”. Selon lui, “ de toute façon, les Quinze ont la même attitude ” envers ce processus d'adhésion. Mais il est une priorité pour la Turquie, a-t-il déclaré. Concernant le bilan négatif de la Turquie en matière de droits de l'Homme, M. Yahnici a déploré l'existence de la torture dans le pays mais souligné que même si elle respectait tous les critères [de Copenhague] en la matière, cette pratique restera en vigueur car elle est “ incrustée dans les esprits ”. Par ailleurs, M. Yahnici a accusé l'UE d'agir avec “ mauvaise volonté ” au sujet de Chypre, soulignant qu'une solution à ce problème relevait de l'ONU. Chypre est divisée depuis 1974, à la suite d'une intervention de l'armée turque en riposte à un coup d'Etat d'ultranationalistes chypriotes grecs visant à rattacher l'île à la Grèce. La Turquie a récemment menacé d'annexer la partie nord [turque] de Chypre si le Sud [grec] entre dans l'UE lors de la première vague d'élargissement en 2004 La Commission européenne a publié le 13 novembre un rapport annuel sur la Turquie où elle reconnaît qu'Ankara a fait un pas en adoptant des amendements pour libéraliser sa Constitution, mais les juge insuffisants pour l'ouverture de négociations d'adhésion. L'Union européenne (UE) lui réclame plus de droits culturels pour sa population kurde, notamment une télévision et un enseignement en kurde. SELON LE QUOTIDIEN ALLEMAND BILD, LE GOUVERNEMENT ALLEMAND AUTORISE L’EXPORTATION DE 400 CANONS POUR BLINDÉS VERS LA TURQUIESelon le quotidien populaire allemand Bild du 23 novembre, le gouvernement allemand a autorisé l'exportation vers la Turquie de quatre cents canons pour blindés. Cette révélation risque de provoquer de nouveaux remous au sein de la coalition gouvernementale entre Verts et sociaux-démocrates. La vente de ces canons de production germano-sud-coréenne a été autorisée lors d'une réunion du conseil de sécurité du gouvernement, poursuit Bild. Interrogé sur la chaîne de télévision ARD, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Ludger Volmer a refusé de démentir ou de confirmer l'information. Selon lui, elle a été distillée “ dans le but de casser le congrès des Verts ” qui se tenait à Rostock le week-end suivant. Une porte-parole du gouvernement s'est refusée à commenter ces informations, soulignant le caractère confidentiel des décisions du conseil de sécurité [ ndlr : le conseil de sécurité est une instance qui regroupe notamment, autour du chancelier Gerhard Schroeder, les ministres des Affaires étrangères, de la Défense, des Finances, de l'Intérieur, de la Justice, ainsi que de la Coopération et de l'Economie] La livraison d'un char Léopard II, en octobre 1999 à la Turquie, à des fins de test avait suscité une vive polémique au sein de la coalition SPD-Verts, de nombreux défenseurs des droits de l'Homme arguant du risque de voir l'armée turque utiliser ces armes pour la répression de la minorité kurde. Le conseil de sécurité, qui tient également compte de critères de droits de l'Homme, s'est souvent opposé par le passé, notamment à l'initiative du ministère des Affaires étrangères, aux contrats d'armement vers la Turquie. En août, une affaire similaire avait secoué l'Allemagne, la presse révélant que sous la pression d'une entreprise d'armement, le conseil de sécurité avait décidé de lever l'obstruction qu'il maintenait depuis un an à la vente de détonateurs à la Turquie. Trop tard cependant, l'entreprise avait fait savoir que le contrat lui était passé sous le nez. Le gouvernement allemand avait alors assuré que la politique d'exportation d'armement vers la Turquie était “ inchangée ”. “ LA CRISE, UNE OCCASION À SAISIR… ” : LE HOLDING MILITAIRE, OYAK, ENREGISTRE UN BÉNÉFICE RECORD DE PLUS DE 3 MILLIARDS DE FRANCS POUR L’AN 2001La crise économique qui sévit en Turquie n’est décidément bénéfique qu’à l’armée turque. Ainsi le rapport d’activité de l’organisation d’entraide de l’armée (OYAK), une des sociétés les plus prospères en Turquie, publié, le 22 novembre, pour la première fois depuis sa création il y a 40 ans, montre qu’elle a eu pendant la crise sur la base du dollar une croissance de 50 % de ses revenus, et de 250 à 300 % sur la base de la livre turque. Coskun Ulusoy, le directeur général d’OYAK, a déclaré qu’ils avaient en 2001 atteint plus de 3 milliards de francs de bénéfice, et ajouté : “ S’il y a une crise, il y a aussi des opportunités, si nous ne profitons pas des opportunités nous serions injustes envers nous-mêmes pour une société qui s’attend à 600 trillions de livres turques [ plus de 3 milliards de Frs] de bénéfices… Là où il y a une crise, il y a aussi des occasions à saisir. Il y a même des aubaines si la crise n’est pas encore terminée… Nous l’avons vu et nous l’avons saisi… ”. M. Ulusoy ajoute “ Notre bénéfice déborde les capacités d’investissement de la Turquie, nous devons nous ouvrir à l’étranger ”. Créée en 1961, OYAK, composée de 26 sociétés couvrant des activités d’équipement de véhicules, de finance, du ciment, d’alimentation, de la chimie et de service, emploie 12 572 personnes et compte 180 000 membres officiers militaires. Son conseil d’administration n’est composé que de militaires de carrière et son directeur général, seul civil, précise bien que son père était officier de l’armée. Le jour même de la publication du rapport OYAK, la crise économique turque que certains n’hésitent pas à qualifier des “ plus graves jamais rencontrée jusqu’à présent ” rentrait dans sa première année : Selon les dernières prévisions, le revenu national turc, chiffré à $201 milliards en 2000, perd 71 milliards et atteint $130 milliards en 2001. Le revenu par habitant passe de $ 3 060 à $ 2 200, ainsi $860 par an de moins pour chaque citoyen. La dette extérieure se monte à $112 milliards. Selon la confédération turque syndicale TURK-IS, le seuil de pauvreté pour une famille composée de quatre membres vivant à Ankara est d’environ $ 574 pour le mois de novembre. Le montant minimum utilisé par cette même famille a augmenté de 64,2 % en une année. RÉFORME DU CODE CIVIL TURC : FIN OFFICIELLE DE LA SUPRÉMATIE MASCULINELes députés turcs ont adopté, le 22 novembre, une importante réforme du code civil qui met notamment fin à la suprématie masculine dans le mariage. Le nouveau code supprime un article proclamant que “ l'homme est le chef de l'union matrimoniale ”. Autre changement significatif, tous les biens acquis lors d'un mariage seront communs au couple, alors qu'actuellement, ils appartiennent à celui au nom duquel ils ont été enregistrés. Les femmes n'auront plus besoin d'une autorisation de leur mari pour exercer un travail rémunéré, à condition que cela ne remette pas en cause “ l'harmonie de leur alliance ”. Elles pourront garder leur nom en l'accolant à celui de leur époux. Ce dernier pourra abandonner son nom pour celui de son épouse. L'âge légal pour pouvoir se marier est porté à 18 ans pour tous, contre 15 ans pour les femmes et 17 ans pour les hommes actuellement. En cas de divorce, les époux auront le droit de réclamer une pension alimentaire. Le code facilite en outre la procédure légale pour l'adoption et protège les droits des enfants nés hors mariage, qui pourront également réclamer des droits d'héritage. Les couples ayant des enfants auront également le droit à l'adoption. Le nouveau code civil entrera en vigueur l'an prochain, une fois approuvé par le président de la République. Le ministre de la Justice, Hikmet Sami Turk, qui a farouchement défendu le projet, débattu depuis deux ans dans différentes commissions parlementaires, a salué le vote au Parlement. “ La grande révolution juridique de 1926 a ainsi été renouvelée au XXIème siècle ”, a-t-il dit aux journalistes. Le code civil turc a été adopté en 1926, trois ans après la proclamation de la République par Mustafa Kemal Ataturk sur les ruines de l'empire Ottoman au régime théocratique. Bien que les femmes jouissent depuis des décennies de droits assez vastes en Turquie, notamment dans les grandes villes où elles sont présentes, certes en faible nombre, dans tous les échelons de la vie sociale et administrative, ils sont encore souvent bafoués dans les campagnes. “ SYNDROME DU KURDISTAN ” : UN POLICIER TURC, MUTÉ DEPUIS PEU DE BATMAN, ABAT TOUTE SA FAMILLEUn officier de police turc, Turgut Karahan, en poste depuis de longues années dans la province kurde de Batman, muté depuis peu à Buca auprès de la section anti-terroriste, s’est tiré, le 27 novembre, une balle dans la tête après avoir abattu sa femme et ses trois enfants dans le domicile conjugal à Gaziemir, district d’Izmir. Le sous-préfet Gökhan Velikisioglu, a déclaré que le T. Karahan avait 15 ans de métier et n’avait aucun problème économique et familial. L’affaire est officiellement classée pour “ démence ”, mais certains préfèrent parler de “ syndrome du Kurdistan ”, qui touche de nombreux appelés et officiers de l’armée turque en poste au Kurdistan et qui ne sortent guère indemnes de ces années de terreur utilisée à l’excès et en toute impunité. AU PAYS DE LA JUSTICE PARTIALE, LES INCORRUPTIBLES SONT EXILÉSLe procureur de la république d’Eyup, Cafer Koman, chargé d’instruire le dossier sur l’ “ opération de retour à la vie ” lancée dans la prison de Bayrampasa, [ndlr : raid militaire le 19 décembre 2000, causant la mort d’une vingtaine de prisonniers] a été banni par le ministère turc de la Justice. Le procureur Koman, qui n’avait pas hésité à aller enquêter sur place pour réunir les preuves, a été exilé à Sakarya avant la fin de sa mission de sept ans à Eyup. Par ailleurs, Ibrahim Can Demircioglu, procureur de la république près de la cour d’Edremit, chargé de l’instruction de l’affaire des “ jeunes de Manisa ”, qui avait mis en cause, Kemal Iskender, directeur de la sécurité de Manisa [aujourd’hui en fonction à Balikesir]sur la base de “ pratique de tortures causant le décès ”, a été exilé à Erzurum. LA CRISE ÉCONOMIQUE N’ÉBRANLE PAS LA COURSE À l’ARMEMENTSelon le quotidien turc Hurriyet du 21 novembre, l’armée turque se lance dans de nouveaux marchés d’armement malgré la crise économique : Ainsi, en collaboration avec les Allemands, elle projète de moderniser ses 162 chars Leopard-1 pour un montant de 130 millions de dollars. Par ailleurs, 190 millions de dollars seront consacrés à l’équipement des 80 avions de combat F-16 avec des systèmes électroniques de brouillage ALQ-178V (5) de fabrication Mikes. De son côté, le quotidien Milliyet du 23 novembre, annonce que les nouveaux crédits octroyés par le FMI, sauveront en premier lieu les firmes israéliennes, puisque la Turquie s’apprête à conclure le plus grand accord jamais réalisé entre les deux pays d’un montant de 700 millions de dollars pour la modernisation de 170 chars. Ankara ayant déclaré que le montant ne pouvait pas dépasser les 500 millions de dollars, l’accord était jusqu’alors suspendu… LU DANS LA PRESSE TURQUE : LA FORCE DU HADEP EST-ELLE UNE SURPRISE ?Ilnur Çevik, l’éditorialiste du quotidien anglophone Turkish Daily News, dans ses colonnes du 27 novembre, revient sur la situation du Kurdistan à travers l’évolution du parti pro-kurde HADEP, dont l’importance ne manque pas d’inquiéter l’armée turque qui impose la question des moyens de son déclin sur la scène politico-médiatique. Dans son éditorial intitulé “ la force du HADEP est-elle une surprise ? ”, le journaliste décrit la force réelle et sous-estimée du HADEP et parallèlement l’impéritie manifeste des autorités turques dans la région. Voici de larges extraits de cet article : “ Selon le gros titre du quotidien populaire Milliyet [nldr : 26 novembre 2001], le conseil de sécurité nationale (MGK) va se réunir aujourd’hui et peut-être discuter du fait que pendant que le parti pro-kurde de la démocratie du peuple (HADEP) préserve sa force dans le sud-est de la Turquie, tous les autres partis manquent de pouvoir dans la région… HADEP, ou les opinions qu’il représente, ont reçu un fort soutien dans la région pour une longue période. HADEP a essayé d’entrer au Parlement à plusieurs reprises mais ne dépassant pas le seuil de 10 % requis, a échoué. Toutefois, HADEP a reçu des voix substantielles dans de nombreuses provinces du sud-est, beaucoup plus que n’importe quel de ses adversaires. C’est pourquoi le parti a emporté les principales municipalités aux élections locales dans le Sud-est et a prouvé sa force. Si les membres du HADEP avaient concouru aux élections parlementaires sur des listes indépendantes, ils auraient également gagné aisément des sièges au Parlement… simplement parce qu’ils ont obtenu plus de voix que le seuil régional. HADEP a recueilli un pourcentage respectable de 4,3 % des voix mais n’a pu dépasser les 10 %… La population de la région sent que le parti se consacre à leurs problèmes et représente leurs aspirations. Le seul autre parti qui a eu un quelconque impact dans la région était le parti pro-islamiste de la Prospérité (RP-dissous) de Necmettin Erbakan, toutefois ce parti ne pouvait remporter autant de sièges dans le Sud-est que dans la mesure où HADEP ne pouvait pas entrer au Parlement. Maintenant que l’establishment a fermé le RP, puis son successeur le parti de la Vertu (FP), le HADEP jouit d’un soutien plus important qu’avant. Aussi les autorités sont-elles inquiètes. Ils sentent qu’aux prochaines élections, les responsables du HADEP pourraient trouver le moyen d’entrer au Parlement, et ils n’aiment tout simplement pas cette idée. Mais quelle autre option l’establishment laisse-t-elle à la population locale ? Ils pourraient voter pour le parti de la Justice et du développement (AKP), mais même ce parti a été menacé (de fermeture). Personne ne veut voter pour les partis qui ont prouvé qu’ils étaient tellement nationalistes (turcs) et qui regardent toujours avec suspicion la population du Sud-est de la Turquie… Une fois que la lutte contre l’organisation séparatiste terroriste du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a été remportée, les autorités ont tout simplement oublié le Sud-est de la Turquie. La crise économique qui sévit en Turquie a eu en général un impact beaucoup plus sévère sur la population déjà indigente du Sud-est… C’est pourquoi l’armée est inquiète à ce sujet. Cette Turquie-là a complètement abandonné la population de la région, et en payera le prix aux prochaines élections. Il est donc inévitable que le HADEP gagne et les autres perdent. Le MGK peut discuter de cela, mais les mots seront vides aussi longtemps que la Turquie n’aura pas une administration viable, prête à se lancer dans des défis et encourageant réellement le bien-être du Sud-est de la Turquie à travers l’élevage et permettant aux habitants un commerce frontalier réel sans ou bien très faibles obstructions bureaucratiques. Comme dans n’importe quel endroit en Turquie, vous devez faire réaliser à la population que vous vous inquiétez de leurs problèmes, et que vous ne les traitez pas comme des citoyens de troisième classe mais comme “ un des nôtres ”. |