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Liste
NO: 224 |
6/12/2001 RAID POLICIER SUR LE PARTI PRO-KURDE HADEPLa police turque a, le 30 novembre, interpellé une cinquantaine de membres du parti pro-kurde de la Démocratie du peuple (HADEP) lors de perquisitions dans ses bureaux à Istanbul. Les perquisitions se basaient sur une décision d'une Cour de sûreté de l'Etat dont le parti ignore la teneur. Par ailleurs, les bureaux du HADEP ont également été perquisitionnés dans la province kurde de Siirt. Le HADEP, qui plaide pour une solution pacifique à la question kurde, est sous le coup d'une procédure d'interdiction pour “ liens organiques ” avec le PKK. L’EX-DÉPUTÉ KURDE MAHMUT ALINAK, QUALIFIÉ D’ “ IMMORAL ”, RISQUE SIX ANS DE PRISON POUR AVOIR “ MÉPRISÉ LA PERSONNALITÉ MORALE DU GOUVERNEMENT ”Poursuivi sur la base de l’article 159 du code pénal turc pour “ avoir insulté et méprisé la personnalité morale du gouvernement ”, Mahmut Alinak, ancien député indépendant de Sirnak, jugé et condamné en 1994 au même titre que les députés du parti de la démocratie (DEP - dissous), risque six ans de prison. Selon le quotidien turc Hurriyet du 4 décembre, l’enquête “ sociale, économique et morale ” menée par la direction de sûreté de Kars à la demande du procureur de la République, Sinan Tur, se résume ainsi: l’intéressé “ pratique toujours le métier d’avocat et n’éprouve pas de difficulté économique sans toutefois disposer de revenu régulier ”, “ il consomme de l’alcool sans être pour autant alcoolique ” et “ ne retenant pas ses promesses ” il est “ immoral ”. Le dossier à charge risque d’être maigre. LA POLICE TURQUE DÉCLARE AVOIR CAPTURÉ LE MEURTRIER DE MEHMET SINCAR À ISTANBULLes autorités turques affirment [Hurriyet 6-12-2001] que l’assassin de Mehmet Sincar, député kurde de Mardin, membre du parti de la Démocratie (DEP), abattu le 4 septembre 1993 à Batman, a été capturé au cours d’une opération de police entre Yalova et Istanbul, visant l’arrestation des assassins de trois policiers tués en octobre 2001 à Sefakoy (Istanbul). Rifat Demir, présenté comme le responsable militaire d’Ilim, une des branches de l’organisation Hizbullah, et cousin d’Huseyin Velioglu [ndlr : chef du Hizbullah, tué il y a peu lors d’un affrontement avec la police turque] aurait avoué le meurtre en déclarant : “ Celui qui était réellement visé était Nizamettin Tokuç, député de Siirt. On a appris plus tard que celui que l’on avait exécuté était Sincar et non Tokuç ”. R. Tokuç, a été arrêté en compagnie d’une dizaine de ses camarades pour détention d’armes et de faux papiers d’identité. Par ailleurs, au cours d’une opération menée contre le Hizbullah à Idil, province de Sirnak, de nombreuses armes dont 20 Kalachnikov et 3 lances roquettes saisies par les forces de sécurité, se sont révélées être des armes appartenant à l’armée turque. À partir des numéros de séries, l’on a inopinément découvert que ces armes étaient inventoriées par l’armée turque. Le commandant adjoint de la gendarmerie de Sirnak, Albay Nevzat Alyanak, a le plus simplement du monde envoyé un courrier à la cour de sûreté de l’Etat N°3 de Diyarbakir pour demander la restitution de ces armes : “ Les armes identifiées, dénombrées et inventoriées, saisies à la suite des opérations menées par le commandement de la gendarmerie de Sirnak et confiées pour le déroulement de l’enquête, appartiennent à l’armée. Veuillez restituer ces armes, répertoriées initialement au commandement de la gendarmerie de Sirnak afin qu’elles soient remises à la direction de la comptabilité N°173 de l’armée ”. Ce dernier événement vient corroborer les accusations selon lesquelles le gouvernement turc a très longtemps soutenu l’organisation Hizbullah et s’est servi de ses militants comme hommes de main dans les escadrons de la mort qui ont assassiné plus de 4500 personnalités et militants kurdes non violants. COLIN POWELL EN VISITE EN TURQUIELe secrétaire d'Etat américain Colin Powell est arrivé le 4 décembre à Ankara pour discuter du soutien de la Turquie à la coalition contre le terrorisme international après la campagne militaire en Afghanistan. La Turquie a fait part de sa profonde inquiétude, craignant que Washington, après l'Afghanistan, ne s’en prenne à l'Irak, son voisin du Sud-est. Washington est inquiet depuis longtemps des velléités irakiennes de production d'armes de destruction massive, et accuse Bagdad d'être un des Etats soutenant le terrorisme. Les partisans de la ligne dure au sein de l'administration Bush souhaitent une intervention d’envergure contre Bagdad, et le président lui-même avait tenu le mois dernier des propos menaçants à l'encontre des dirigeants irakiens. Colin Powell a déclaré, le 5 décembre, que le président George W. Bush n'avait pas encore décidé si la prochaine phase de la lutte contre le terrorisme devait inclure l'Irak. “ Cela continue d'être une de nos préoccupations… mais le président n'a pas pris de décision concernant la prochaine phase de notre campagne contre le terrorisme ” a déclaré Colin Powell. La Turquie, premier pays musulman à engager des troupes en Afghanistan, s'oppose à ce que la campagne militaire menée par les Etats-Unis contre le terrorisme s'étende à l'Irak. “ Nous ne voulons pas d'une opération américaine concernant l'Irak ”, avait déclaré le 4 décembre le président Ahmet Necdet Sezer. Cependant, Faruk Logoglu, ambassadeur turc à Washington, suivi de Sabahattin Çakmakoglu, ministre turc de la défense, [ndlr : fraîchement sorti de la réunion du conseil national de sécurité (MGK)] avaient il y a une semaine donné l’image d’une Turquie plus flexible sur sa politique irakienne en déclarant qu’Ankara n’aura pas d’objections à une attaque militaire américaine si “ les circonstances changeaient ”. SCANDALE AUTOUR DU MOT “ KURDISTAN ” CONTENU DANS UNE BROCHURE DE PRÉSENTATION D’UN FESTIVAL DE FILMLa brochure de présentation en version anglaise du festival du film d’Ankara, s’est attirée les foudres des nationalistes, lorsqu’ils ont constaté que la région kurde était qualifiée de Kurdistan et non du terme officiel “ Sud-est Anatolien ”. Face aux attaques, entre autres d’Emin Çölasan, influent chroniqueur conservateur du quotidien Hurriyet, proche des militaires, Cetin Oner, président du festival, s’est empressé de demander l’absolution : “ À la suite de vos remarques, nous avons agi rapidement, en arrêtant la distribution de la brochure. Nous vous remercions pour votre avertissement ”. Le quotidien Hurriyet où Emin Çolasan se livre régulièrement à du lynchage médiatique, annonce fièrement le 6 décembre que grâce à l’intervention de leur journaliste dans cette affaire, deux membres de l’Université Atilim ont “ démissionné ” de leur poste. |