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Liste
NO: 265 |
12/5/2003 SECONDE AUDIENCE DES DÉPUTÉS KURDES : NOUVEAU REFUS DE LIBÉRATION ET CACOPHONIE DANS LES TÉMOIGNAGESAu cours de la seconde audience du 25 avril, la Cour de sûreté de l’Etat (DGM) d’Ankara a une nouvelle fois refusé la libération provisoire des ex-députés kurdes du parti de la Démocratie (DEP). L’audience, présidée par Mme Sureyya Gonul en raison de l’absence pour des raisons médicales du président de la Cour, Mehmet Orhan Karadeniz, a été poursuivie avec l’audition des “ témoins-fonctionnaires ” ayant déposé à charge lors du procès de 1994. Me Yusuf Alatas, avocat des défendeurs, a rappelé le fait qu’il y a dix ans ces mêmes témoins avaient tout simplement effectué leurs dépositions au parquet sans aucun interrogatoire ni contre-interrogatoire et a souhaité à ce que cette procédure ne soit pas renouvelée à nouveau pour la bonne justice en demandant l’enregistrement vidéo et audio des témoignages et le droit d’interroger et de présenter des témoins. Mais, la Cour s’est opposée à la requête et a procédé à l’audition pure et simple des témoins. Ces derniers composés de 19 fonctionnaires dont 8 des policiers ; Mustafa Yazgan, Suleyman Altun, Ramazan Arslan, Mehmet Taner, Mustafa Gulyuz, Yahya Gocer, Erdogan Mus et Ziya Ergun, se sont pour la plupart cantonnés à répéter leurs précédentes dépositions. Un autre témoin Eyup Karakeçi, agriculteur à Urfa et membre du parti DEP, a quant à lui, déclaré : “ le directeur de la branche anti-terreur à Urfa à l’époque des faits, Mustafa Tekin, m’a demandé de mettre fin à mes activités politiques ou de quitter Urfa en une semaine. Ne cédant pas, la police a perquisitionné ma maison et m’a mis en détention à Ankara en 1994 où j’ai été torturé. Ils m’ont alors fait la proposition de lever toute poursuite contre moi en échange d’un témoignage contre L. Zana et H. Dicle. Mais j’ai refusé ”. Un autre témoin, Kerem Ok, vendeur ambulant de pains de sésame à Bursa, a déclaré à la question “ dans une déposition à la police tu as affirmé que l’argent allait au PKK ”, il a répliqué qu’il n’avait jamais fait une telle déposition et qu’il avait simplement signé un document préparé par la police. Chef de la tribu Babat, Mehmet Tahir Babat, a réaffirmé sa déclaration tout en soulignant qu’il a été témoin d’un discours “ en kurde, mais je ne me souviens pas d’autres choses ”. Cinq témoins de la même tribu ont simplement affirmé que “ cela faisait trop longtemps ” donc ils ne se souvenaient pas. Selim Sadak qui a été condamné sur la base de ces simples témoignages a rétorqué “ la tribu Babat nous calomnie. Cette tribu est impliquée dans des meurtres, trafic de drogue et la contrebande ”. Par ailleurs, Mehmet Sevki Temel, père de trois enfants dont deux protecteurs de village et l’autre policier, a ajouté qu’un de ses fils étant kidnappé, il a ravi une personne à son tour et qu’à la suite de cela il a reçu la visite de Leyla Zana et qu’il voulait porter plainte contre L. Zana et H. Dicle. Un autre témoin, Abdullah Dursun, a réitéré sa première déposition en déclarant que Leyla Zana et Hatip Dicle avaient fait subir des préjudices à la population kurde. La Cour s’est contentée de prononcer un mandat d’amener à l’encontre des témoins absents pour la prochaine audience et a statué contre la libération provisoire des anciens députés, en fixant au 23 mai la prochaine audience. L’audience a été suivie par une délégation du Parlement européen composé de cinq députés et présidé par Joost Lagendijk, mais également par Mme Claudia Roth du parti Vert allemand, Murat Bozlak, ancien président du parti HADEP (pro-kurde-dissous en 2003), et de nombreux observateurs d’organisations de défense des droits de l’homme. M. Lagendijk, également président de la délégation à la commission parlementaire mixte UE-Turquie, a déclaré à la presse qu’ils suivaient de près les réformes entreprises par la Turquie “ mais, d’après ce que je puis constater aujourd’hui, le rejugement se présente comme une copie du procès de 1994. Je souhaite que le rejugement se déroule d’une manière juste et que l’on pourra voir l’application effective des réformes adoptées sur le papier ”. La Cour a, par ailleurs, refusé dans la salle d’audience les roses apportées par C. Roth qui a déclaré : “ Ce procès est très important pour les droits de l’homme et la démocratisation de la Turquie. Je pense que la Turquie fera un pas important avec ce procès ”. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU MGK EN CAMPAGNE EN EUROPE CONTRE L’UNION EUROPÉENNE ET LES ISLAMISTESUne tournée européenne entreprise par le secrétaire général du tout puissant Conseil national de sécurité (MGK), le général Tuncer Kilinç, s’est révélée être une campagne ouvertement et officiellement anti-européenne dénoncée par la presse turque. Ainsi, des quotidiens ont tout particulièrement fait écho de la réunion le 15 avril à l’ambassade de Turquie à Bruxelles, rassemblant de nombreuses associations turques. Selon Fikret Bila, journaliste du quotidien turc Milliyet [22-04-03], le général Kilinç, qui s’est lancé dans ces rencontres depuis deux ans afin de réunir les personnalités et organisations fidèles à l’idée de la laïcité et d’unité de l’Etat que se fait l’armée turque, a publiquement insulté les représentants de Milli Görüs [ndlr :“ Vision nationale ”, organisation fondamentaliste turque] en scandant violemment au cours de la réunion : “ Taisez-vous, vous les sectaires, les fanatiques, les imprudents ”. Hurriyet dans son édition du 24 avril a d’ailleurs donné en sur-manchette l’événement, sous le titre de “ Altercation sur le sectarisme à l’Ambassade ”. Selon le journal, le général Kilinç se lançant dans un sermon déclare : “ Il n’y a pas de clergé dans l’Islam. Nous n’avons pas besoin de mollah ou de cheikh. Adaptez-vous au pays d’accueil, apprenez la langue ”, un groupe dans la salle réplique alors : “ Vous nous demandez d’oublier notre langue et notre religion. Vous êtes contre la religion. Nous ne vous reconnaissons pas ”. “ Vous êtes des fanatiques. Je pensais qu’il y avait des gens clairvoyants en Europe ” rétorque avec véhémence le général Kilinç. Le rédacteur en chef de Hurriyet, Ertugrul Özkök, divulgue le même jour dans ses colonnes une phrase du crypto officiel de l’Ambassade turque à Bruxelles envoyé à Ankara : “ Le général Kilinç a eu des propos contre l’Union européenne adressés aux responsables des associations turques rencontrées sur place ”. Ozkok poursuit : “ Nous connaissons les positions du général Kilinç sur l’UE. Au cours d’un de ses précédents discours à l’Académie de guerre, il avait déclaré que la Turquie devait abandonner l’idée d’adhésion à l’UE et chercher une union toute autre avec la Russie et l’Iran…Les propos du Pacha sont-ils un message pour les représentants turcs demandant à ce qu’ils travaillent pour que la Turquie n’adhère pas à l’UE ? Alors dans ce cas-là, pendant que le parlement turc se lance dans des réformes pour se conformer à l’UE, le secrétaire général de l’organisation où l’on discute de la sécurité de l’Etat fait une campagne contre l’UE… ” Par ailleurs, une fois les grands journaux lancés sur le sujet, le quotidien Zaman du 25 avril ajoute que son correspondant se trouvait dans la salle de réunion à Bruxelles et rapporte d’autres propos du général habitué à codifier sur tout, jusqu’au style vestimentaire : “ Je n’ai rencontré nulle part ailleurs dans le monde ce que j’ai pu constater dans le quartier de Schaerbeek. C’est le seul endroit au monde où l’on trouve des femmes portant des pantalons sous des jupes. Cette façon de s’habiller ne se retrouve même pas en Anatolie ”. Le journaliste rapporte qu’un auditeur réplique : “ Monsieur, vous pensez vous trouver dans une caserne et vous nous considérez comme des soldats ”. L’atmosphère devenant très tendue, le général Kilinç décide alors de sortir de la salle mais dissuadé au dernier moment revient terminer son sermon : “ Je suis pour l’adhésion à l’UE mais je n’ai aucun espoir sur la question. Ils ne nous ouvriront pas les portes. Depuis la conquête d’Istanbul, l’Europe a toujours vu en nous des ennemis…Ils n’accepteront jamais en leur sein les Turcs héritiers d’une nation arrivée jusqu’aux portes de Vienne. L’UE n’a jamais été proche de la Turquie que ce soit pour des raisons culturelles ou religieuses. L’Europe a mis à l’ordre du jour la question arménienne depuis 1850. En nous faisant ennemis avec les Arméniens après la première guerre du monde, ils ont bâti les raisons de déclenchement de dizaines d’événements. L’organisation du PKK est une création de l’UE. C’est l’UE qui est responsable de la mort de nos 33 000 habitants. L’UE a ouvertement ou d’une manière plus obscure soutenu les organisations terroristes en Turquie. L’UE est effrayée à l’idée que la Turquie se fortifie comme du temps des Ottomans… ” “ La religion islamique est très propice à la laïcité. Il ne peut avoir de démocratie sans la laïcité. L’Etat existe pour l’individu…Ces derniers temps la question du voile islamique vue comme symbole politique est devenue un problème…Celles qui le désirent peuvent se couvrir à l’extérieur comme les femmes d’Anatolie mais jamais dans les établissements publics… Le Premier ministre déclare que ses filles étudient aux Etats-Unis parce qu’il n’y a pas de démocratie en Turquie. “ Monsieur le Premier ministre si vous vous enchaînez les pieds, vous ne pourriez pas courir. Si vous voilez votre fille, vous ne pouvez pas la faire étudier, lui ai-je rétorqué ” déclare le général Kilinç. ARRESTATION PAR LES FORCES AMÉRICAINES À KIRKOUK DE 23 MEMBRES DES FORCES SPÉCIALES TURQUES SOUPÇONNÉS D’ACTES DE PROVOCATIONSelon l’hebdomadaire Time daté du 24 avril, les forces américaines à Kirkouk ont arrêté 23 membres des forces spéciales turques (TIM) soupçonnés de provocation et de manœuvre de déstabilisation de la région. Arrêtés lors d’un contrôle, en civil, ils étaient lourdement équipés d’armes, dont de nombreuses Kalachnikov, des M4, des grenades et même des mines antipersonnelles. Bill Mayville, le commandant américain de l’armée de l’air, a déclaré qu’ils avaient eu des informations et que les forces spéciales turques étaient attendues. “ Leur but était de créer une situation nécessitant l’envoi des militaires turcs à Kirkouk ” en ajoutant que les “ Turcs ont d’abord agi dans le cadre humanitaire mais qu’après ils se sont livrés à d’autres œuvres. ” Il a également ajouté que les organisations agissant sous le drapeau du Front Turkoman d’Irak (ITC), obéissent aux ordres et aux demandent turcs et qu’ils projettent avec l’aide des forces spéciales turques de provoquer l’intervention turque. Les membres du TIM ont été remis à la Turquie qui dans un premier temps s’est étonnée que leur allié américain divulgue l’information et qui plus tard s’est contentée de nier les faits en invoquant des raisons humanitaires pour la présence des ses soldats d’élite aussi lourdement équippés. D’autre part, le Parlement du Kurdistan irakien a, le 6 mai, demandé pour sa part le départ d'une force turque de “ maintien de la paix ” déployée depuis 1996 dans le Kurdistan autonome irakien. Le contingent turc, composé de quelque 800 hommes armés d'armes légères et semi-lourdes, est déployé dans les localités d’Amadiya et de Bamarnê. PROCÈS D’UN OUVRAGE HISTOIRIQUE ÉCRIT PAR MASSOUD BARZANILe procès “ pour propagande séparatiste ” contre deux éditeurs et un traducteur turcs d'un livre sur l'histoire des Kurdes écrit par le dirigeant kurde irakien Massoud Barzani s'est ouvert le 8 mai devant une Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul. Le procureur a réclamé jusqu'à sept ans de prison à l'encontre d'Ahmet Zeki Okcuoglu et Bedir Vatansever, respectivement éditeur et imprimeur de ce livre sorti en janvier 2003, et de Vahdettin Ince, traducteur de l'ouvrage en arabe. L'acte d'accusation incrimine l'emploi, dans ce livre intitulé “ Barzani et le mouvement de libération nationale kurde ”, du terme “ Kurdistan turc ” pour désigner le “ sud-est de la Turquie ”. Le parquet estime également que l'ouvrage du chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) critique le fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Ataturk. Le livre contient une correspondance entre le leader indien Nehru et sa fille, Indra Gandhi, future Premier ministre. Le passage en question dit : “ Kemal Pasha a brutalement massacré les Kurdes après le soulèvement de 1925. Il a fondé des cours spéciales d’indépendance pour juger des milliers de Kurdes et a envoyé le leader kurde et d’autres encore à la potence. Alors qu’ils donnaient leur dernier souffle, leur espoir d’un Kurdistan indépendant n’a jamais été ébranlé. Les Turcs qui ont combattu pour leur liberté, sont aujourd’hui, ironie de l’histoire, en train d’éliminer les Kurdes qui demandent à leur tour leur liberté. C’est tellement surprenant de voir comment le nationalisme cesse soudainement d’être un reflex de défense de la patrie et se transforme en une agression contre d’autres droits ”. Aucun des trois accusés n'était présent à l'audience et la cour a prononcé un mandat d'amener à l'encontre de M. Okcuoglu pour entendre son témoignage. L'audience a été ajournée à une date ultérieure. LA COUR CONSTITUTIONNELLE ACCORDE 45 JOURS AU DEHAP POUR LA PRÉPARATION DE SA DÉFENSELa Cour constitutionnelle a accordé un délai supplémentaire de 45 jours au parti démocratique du peuple (Dehap, pro-kurde) pour préparer sa défense dans deux procédures lancées par le procureur de la cour de cassation, Sabih Kanadoglu, contre le Dehap en mars et en avril 2003, a annoncé le 7 mai le vice-président de la Cour, Hasim Kilic. M. Kilic a indiqué que le président du Dehap Mehmet Abbasoglu avait demandé un délai de trois mois pour préparer la défense de sa formation mais que la Cour avait décidé de lui accorder 45 jours. La première l'accuse d'avoir falsifié des documents ayant trait à l'ouverture de représentations dans le pays afin de pouvoir présenter des candidats aux élections législatives de novembre 2002. La seconde concerne des accusations de “ collusion avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebaptisé Kadek) ”. Le Dehap, qui nie toute relation avec le PKK, n'a obtenu aucun siège au parlement au scrutin de novembre 2002 faute d'avoir franchi la barre des 10% de suffrages nécessaires à l'échelle nationale. Le parti a été fondé en 1999 par des sympathisants du parti démocratique du peuple (Hadep) qui a été interdit le 13 mars par la Cour constitutionnelle “ pour association avec les rebelles sécessionnistes kurdes ”. PAUL WOLFOWITZ SE DIT DEÇU PAR L’ATTITUDE TURQUE AU COURS DE LA GUERRE EN IRAK ET DEMANDE SA PLEINE COOPÉRATIONLe secrétaire adjoint à la Défense Paul Wolfowitz a sévèrement critiqué le 6 mai le refus de la Turquie d'appuyer l'intervention militaire américaine et demandé à Ankara de se conformer désormais à la ligne définie par Washington à l'égard de l'Iran et de la Syrie. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a rétorqué devant des journalistes : “ La Turquie, depuis le tout début, n'a jamais commis d'erreur et a pris toutes les mesures nécessaires en toute sincérité ”. Dans une interview à la télévision privée CNN-Türk, M. Wolfowitz s'est dit très déçu par l'attitude des militaires turcs. “ Je pense que pour une raison quelconque, ils n'ont pas joué le rôle clé et n'ont pas eu le comportement que nous attendions d'eux ”, a-t-il déclaré. M. Wolfowitz a prévenu qu'il appartenait désormais à la Turquie de se racheter par son attitude en Irak aussi bien que vis-à-vis de l'Iran et de la Syrie. “ Si nous voulons tourner la page, cela dépendra de la coopération de la Turquie qui au lieu de dire (...) “ Bon, nous ne nous soucions pas des problèmes des Américains en Iran et en Syrie, ils sont nos voisins ”, avancera et dira “ Nous avons fait une erreur, nous aurions dû savoir à quel point les choses étaient mauvaises en Irak, mais nous le savons maintenant. Essayons de voir quelle aide nous pouvons apporter aux Américains ” ”. “ Je voudrais voir une attitude différente de celle que j'ai détectée ”, a-t-il poursuivi, ajoutant, “ peut-être qu'elle est déjà là, je ne suis pas allé en Turquie depuis un moment ”. Le refus du Parlement turc de laisser débarquer les troupes américaines sur le sol turc avait conduit l'administration Bush à revoir ses plans de guerre et à annuler 6 milliards de dollars d'aide à destination d'Ankara. “ C'est vrai que nous n'avons pas obtenu le soutien complet que nous attendions, mais je crois qu'au bout du compte, la Turquie a payé un prix plus fort que nous ”, a commenté M. Wolfowitz. La semaine dernière les Etats-Unis ont fermé leur principale mission militaire turque, dans un remaniement global de leur dispositif militaire au Proche-Orient. PERQUISITION AU SIÈGE DE L’ASSOCIATION TURQUE DES DROITS DE L’HOMME ET SAISIE DES ARCHIVES ET DU MATERIELLe secrétaire général de la fondation turque des droits de l’homme (TIHV), Sedat Aslantas, dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a vivement critiqué les perquisitions effectuées le 6 mai par la police turque au siège de l’association turque des droits de l’homme (IHD). “ Au cours d’une perquisition de deux heures, les policiers ont saisi deux nombreuses archives, mais aussi les ordinateurs et les disquettes au siège de l’IHD puis ont procédé à la même perquisition à la branche d’Ankara de l’association ”. Les documents saisis constituent les 17 ans d’histoire de l’association des droits de l’homme et contiennent les bilans de violations des droits de l’homme, comme des témoignages ou encore des correspondances avec des organisations de défense des droits de l’homme et des officiels. Sedat Aslantas tout en dénonçant la violation de plusieurs conventions internationales par ces perquisitions, souligne que celles-ci ont eu lieu alors que le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gul, faisait le discours d’ouverture de la réunion de consultation organisée par le secrétariat général de l’UE avec la présence de l’IHD. LE CONSEIL NATIONAL DE SÉCURITÉ (MGK) DÉCIDE DE L’OUVERTURE DE TROIS CONULATS TURCS AU KURDISTAN D’IRAKSelon le quotidien Hurriyet du 1er mai, le Conseil national de sécurité (MGK), au cours de sa réunion ordinaire du 30 avril, a décidé l’ouverture de trois consulats turcs au Kurdistan d’Irak, dans les villes de Mossoul, Kirkouk et Suleymaniyeh. “ Le dialogue sera ouvert et chaleureux avec les Kurdes afin d’éviter les conflits entre les Arabes et les Kurdes ” a précisé le MGK, qui a également décidé de dépêcher un émissaire spécial auprès de Massoud Barzani. LES FAILLITES DES BANQUES TURQUES ONT COÛTÉ 40 MILLIARDS À LA TURQUIE SELON LE FMIÀ la réunion organisée le 8 mai par le conseil de contrôle et d’organisation bancaire turque (BDDK) à Istanbul, la première adjointe du président du FMI, Mme Anne Krueger, a déclaré que la gestion risquée et le mauvais contrôle du système bancaire avaient coûté à la Turquie 40 milliards de dollars. “ Si une organisation et un contrôle nécessaire avaient été élaborés au préalable, on n’aurait pas à affronter une telle perte ” a-t-elle déclaré. LE MINISTÈRE TURC DE L’ÉDUCATION NATIONALE DEMANDE AUX ETABLISSEMENTS SCOLAIRES D’ORGANISER DES CONFÉRENCES ET DES CONCOURS DE COMPOSITION POUR LUTTER CONTRE TOUT ARGUMENT RELATIF AU GÉNOCIDE ARMÉNIENSelon le quotidien turc Hurriyet du 12 mai, une circulaire du ministère turc de l’éducation nationale datée du 14 avril 2003 envoyée à tous les établissements scolaires en Turquie, y compris les écoles arméniennes, demande l’organisation “ des conférences et de concours de compositions ” dans le but de “ lutter contre les arguments relatifs au génocide arménien ”. La circulaire précise que les rapports sur l’organisation des conférences devront être adressé par la direction des établissements au ministère de l’éducation nationale avant le 30 mai 2003 et cite des livres de référence - selon les turcs- sur la question tel que “ Les massacres perpétrés par les Arméniens à Adana et les relations franco-arméniennes ” de Yusuf Ziya Bildirici ou encore “ l’église arménienne et la terreur ” de Erdal Ilter. Le document prévoit également l’organisation dans tous les collèges d’un concours de composition sur le thème de “ la révolte et les activités arméniennes au cours de la première guerre mondiale ”. Les résultats devront être proclamés le 1er septembre et les lauréats publiés dans la Revue d’éducation éclairée par la science et l’intelligence. LA COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME CONDAMNE LA TURQUIE POUR NE PAS AVOIR MENÉ “ D’ENQUÊTE ADÉQUATE ” SUR LES CIRCONSTANCES DU DÉCÉS D’UN JOURNALISTE KURDELa Cour européenne des droits de l'Homme a condamné le 9 mai la Turquie à indemniser le père d'un journaliste tué estimant qu’Ankara n'avait pas mené une “ enquête adéquate ” sur son décès. La cour a en revanche rejeté le grief d'atteinte au droit à la vie invoqué par le père qui reprochait à des membres des services secrets de l'Etat d'avoir enlevé, torturé et tué son fils, Ferhat Tepe, reporter au journal pro-kurde Ozgur Gundem à Biltis, ou d'avoir été commanditaire de ces actes. “ Les circonstances du décès de Ferhat Tepe et le fait qu'il ait travaillé pour un journal pro-kurde militent en faveur des allégations de son père ”, a estimé la cour dans son arrêt. La juridiction ne peut toutefois “ conclure au-delà de tout doute raisonnable ” qu'il a été la victime d'un agent de l'Etat ou d'une personne agissant en son nom. Le gouvernement soutenait que Ferhat Tepe avait été assassiné par le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Pour tenter d'élucider les circonstances controversées de la mort du journaliste, trois représentants de la Cour ont entendu 24 témoins à Ankara en octobre 2000. La cour a souligné que l'enquête n'avait pas été approfondie et que les autorités policières et judiciaires n'avaient pas pris de mesures pour identifier de possibles témoins. Elle a conclu qu'il y avait eu violation de la Convention européenne des droits de l'Homme “ du fait que les autorités nationales ont failli à mener une enquête adéquate et effective sur les circonstances du décès du fils du requérant ”. Elle a alloué au requérant 14.500 euros de préjudice moral et 14.500 euros pour les frais et dépens. L’ANCIEN PREMIER MINISTRE TURC, NECMETTIN ERBAKAN, DE RETOUR SUR LA SCÈNE POLITIQUE APRÈS CINQ ANS D’INTERDICTIONL'ancien Premier ministre turc Necmettin Erbakan a été élu à la tête de son parti pro-islamique, le 11 mai, après avoir été empêché de briguer un mandat politique pendant cinq ans. Il a été élu à l'unanimité chef d'un nouveau parti islamique, le Parti du Bonheur (Saadet partisi), réuni en congrès. Son retour ne devrait cependant pas changer beaucoup la donne sur l'échiquier politique turc. En 1998, une décision de justice l'avait exclu de la vie politique nationale après avoir dissous pour “ activités anti-laïques ” le parti de la Prospérité (Refah), alors unique parti islamique de Turquie, qu'il présidait depuis 30 ans. Necmettin Erbakan avait été désigné Premier ministre d'un gouvernement de coalition en 1996, avant que celui-ci ne s'effondre un an plus tard sous les menaces de la toute-puissante armée turque. Le parti du Bonheur n'a pas enregistré de suffrage suffisant pour entrer au Parlement lors des élections législatives de novembre 2002, remportées de façon écrasante par un autre parti islamique, le Parti de la Justice et du Développement (AKP), fondé par une grande partie des élus qui étaient auparavant proches de M. Erbakan. M. Erbakan, 76 ans, représente la vieille garde par rapport au plus jeune et plus charismatique Premier ministre actuel Recep Tayyip Erdogan, dissident du Parti du Bonheur. MORT D’UN KURDE RENNAIS RECONDUIT À LA FRONTIÈRE PAR LA FRANCESiddik Kaya, kurde de Turquie, père de 6 enfants, âgé de 43 ans, a été retrouvé mort le 25 avril à Varto dans la province de Mus. Victime de persécutions et craignant pour sa vie, il avait sollicité le statut de réfugié politique auprès de l'OFPRA (Office Français pour la Protection des Réfugiés et des Apatrides), mais avait été débouté et éloigné du territoire français en 1992. Dès son retour forcé en Turquie, Siddik Kaya, de nouveau victime de persécutions et de violences, disparaît le 20 novembre 2002, après s'être présenté à la gendarmerie de Varto. “ Son corps a été retrouvé le 25 avril 2003, dans un état qui ne laisse aucun doute sur les circonstances de sa mort : une exécution sommaire ”, déclare la Délégation rennaise “ Kurdistan ”, qui l’a connu pendant son séjour à Rennes. Le corps, conduit à la morgue de Mus, dans un premier temps, a été, en pleine nuit, transporté à Istanbul à l'insu de la famille. |