4/2/1998
LEYLA ZANA À NOUVEAU PROPOSÉE POUR LE PRIX NOBEL DE LA PAIX De retour de son voyage d'études en Turquie au cours duquel il a pu rendre visite à Leyla Zana et s'entretenir longuement avec elle, le congressman américain John Porter a écrit le 23 janvier une lettre à l'Institut Nobel de Norvège pour proposer la candidature de la parlementaire kurde emprisonnée pour le Prix Nobel de la Paix 1998. Dans cette lettre M. Porter rappelle que le problème kurde se pose depuis le siècle dernier, que le 28ème président des États-Unis Woodrow Wilson avait senti qu'ils s'agissait d'un problème d'auto-détermination, évoque " les difficultés extrêmes auxquelles ce peuple ancien continue de faire face ", affirme que Leyla Zana est devenue un symbole de la coexistence des Kurdes avec leurs voisins et demande en conséquence à l'Institut Nobel d'accorder la plus haute considération sa nomination pour le Prix Nobel de la Paix afin de " frayer le chemin pour l'initiation d'un dialogue qui pourrait apporter la paix ". Déjà en 1995 Leyla Zana avait été pressentie pour ce prix et donnée parmi " les candidats favoris ". La Turquie avait menée une vaste campagne de presse pour la discréditer.
LA TURQUIE CONDAMNÉE POUR LA DISSOLUTION D'UN PARTI POLITIQUE Le 30 janvier, la Cour européenne des droits de l'homme a, pour la première fois, condamné la Turquie pour la dissolution abusive du Parti communiste unifié de Turquie (TBKP). Selon la Cour le gouvernement turc a, dans cette affaire, violé l'article 11 de la Convention européenne des droits de l'homme qui garantit la liberté d'association. Elle a accordé une somme de 120.000 FF pour frais et dépens à deux anciens dirigeants de ce parti.
Le TBKP fondé le 4 juin 1990 avait été interdit dès le 14 juin. Depuis 1994, 14 partis politiques ont été interdits en Turquie. Quatre d'entre eux, dont les partis pro-kurdes HEP et DEP, ont déposé des plaintes devant la Cour européenne qui les a toutes déclarées " recevables " et les instruit. Après sa dissolution le 16 janvier le Refah, première formation politique du pays, avait annoncé qu'elle déposerait formellement une plainte devant la Cour européenne. Mais cette perspective n'émeut pas outre mesure le gouvernement turc. L'un des dirigeants de la coalition au pouvoir, Husamettin Cindoruk, par ailleurs avocat et ancien président du Parlement turc, a déclaré le 31 janvier à l'Agence de presse Antatolie que les condamnations de la Cour européenne n'étaient pas graves et que " le Refah obtiendra probablement la même chose que le TBKP. Au pire nous aurons une amende " a-t-il commenté. Les amendes prononcées par la Cour européenne font désormais partie des pertes et profits calculés du régime et de son " damage controlig system " .
NOUVELLES CONDAMNATIONS POUR DÉLIT D'OPINION En dépit des promesses faites par le Premier ministre turc lors de sa visite à Washington, en décembre dernier, d'améliorer rapidement la situation des droit de l'homme dans son pays et de libérer les prisonniers d'opinion les tribunaux turcs continuent de condamner intellectuels et hommes politiques pour leurs déclarations et leurs écrits. Le 19 janvier, la Cour de cassation a confirmé la condamnation à un an de prison de Feridun Yazar, ancien président du parti pro-kurde HEP (Parti du travail du peuple), aujourd'hui interdit. La justice turque reproche à M. Yazar certains passages de son discours d'ouverture du 2ème congrès du HEP, le 19 septembre 1992. Le passage incriminé que les juges turcs considèrent comme " séparatiste " est le suivant : " uvrons pour la création d'un monde où, comme à la fondation de la République, chacun pourra vivre librement avec sa propre identité, où un Turc pourra vivre comme un Turc, un Kurde comme un Kurde, un Tcherkesse comme un Tcherkesse Arrêtons l'effusion du sang Discutons des raisons pour lesquelles le PKK recourt à la lutte armée, débattons, cherchons des solutions C'est parce que nous disons que le peuple kurde existe, un procès est intenté contre notre parti devant la Cour constitutionnelle. Le peuple kurde existe même s'il n'est pas reconnu dans la Constitution. Si la Constitution n'est pas de notre temps est-ce à nous la faute ? De Hakkari (extrême-est) à Edirne (extrême-ouest) la Turquie nous appartient. Elle appartient à tous ceux qui vivent dans ce pays. Nous, Kurdes, avons le droit de vivre avec notre identité kurde sur chaque portion du territoire de ce pays ". La Cour de sûreté de l'Etat n°1 d'Ankara, avait, en 1996, conclu que par ces propos l'accusé Feridun Yazar avait fait de la propagande séparatiste et l'avait condamné à un an de prison en vertu de l'article 8-1 de la loi de lutte contre la terreur qui sanctionne " le crime de propagande contre l'unité indivisible de l'Etat et de la Nation de la République de Turquie ". La Cour de cassation ayant confirmé cette condamnation l'ancien président de ce parti qui comptait à l'époque des faits une vingtaine de députés kurdes sera incarcéré dès la notification officielle du verdict.
Le 26 janvier l'universitaire et journaliste turc Haluk Gerger, condamné à 10 mois de prison pour un article publié en 1993 dans le quotidien Özgür Gündem, depuis interdit, a été emprisonné. Avant son incarcération H. Gerger a tenu une conférence de presse au siège de l'Association des droits de l'homme (IHD) en présence de nombreux journalistes turcs et étrangers. Critiquant sa condamnation pour délit d'opinion, Mr. Gerger a dit que pour lui c'était un devoir et un honneur que de continuer le combat pour la paix et la liberté. " L'Etat turc protège la mafia et des assassins et punit les intellectuels et des pacifistes " a-t-il ajouté avant de conclure : " Nous continuerons de dire la vérité et d'essayer d'abriter les innocents. Nous ne pouvons pas rester indifférents contre la terreur fanatique de cette sale guerre ". De son côté, Akin Birdal, président d'IHD a vivement critiqué les nouvelles condamnations pour délit d'opinion prononcées par les tribunaux turcs : " les écrivains des pays civilisés attendent à l'entrée des opéras et des théâtres avec des billets dans leurs mains , cependant en Turquie les écrivains attendent aux portes de prisons avec des verdicts dans leurs mains ".
L'arrestation de H. Geger, annoncée par les agences et dans la presse américaine, a suscité des réactions des organisations de défense des journalistes comme Reporters sans Frontières et Committee to Protect Journalistes qui ont écrit au Premier ministre turc pour dénoncer " cette violation du droit à la libre expression garantie par le droit international " et appeler le gouvernement turc à " remplir ses engagements d'initier une réforme significative de la loi turque afin de mettre un terme à la criminalisation du journalisme en Turquie ".
Par ailleurs, le quotidien Sabah du 22 janvier a annoncé l'arrestation le 12 janvier à Ankara par la police politique turque de M. Hamdi Turanli, dit Hemres Reso, citoyen allemand d'origine kurde, président du Parti démocratique du Kurdistan de Turquie. Ce parti prône la reconnaissance des droits des Kurdes par des moyens pacifiques. Agé de 59 ans, Mr. Turanli souffre d'un cancer de pancréas et de diabète. Déféré devant la Cour de sûreté de l'Etat n°2 d'Ankara il a été incarcéré. Le ministre allemand des Affaires étrangères Klaus Kinkel, est intervenu auprès de son homologue turc qu'il recevait à Bonn le 27 janvier pour demander la libération de ce citoyen allemand à qui aucun acte violent n'est reproché.
Pendant ce temps l'un des chefs des commandos d'extrême droite, dont le nom est cité dans de nombreux assassinats politiques, y compris dans la tentative d'assassinat contre le Pape et dans des affaires de drogue a été libéré le 26 janvier a Adana par la police turque après 2 jours de garde-à-vue. Celle-ci affirme que hormis une interdiction de quitter le territoire elle n'a rien de précis à reprocher à O. Çelik ! Le 28 janvier, toujours à Adana, deux correspondants du journal Kurtulus, Mehmet Topaloglu et Selahattin Akinci, ont été tués au cours d'une descente de police. Un troisième homme, qui se trouvait au domicile de Topaloglu et dont l'identité n'a pu être établie a également été tué. Un communiqué de la préfecture d'Adana parle de " gauchistes tués au cours d'affrontements avec la police " mais une dizaine d'organisations professionnelles contestant cette version officielle ont manifesté le 29 janvier devant l'Association des journalistes de Turquie (TGM) pour dénoncer " les assassinats par l'Etat de journalistes " et affirmer qu'on ne pourra pas faire taire la presse d'opposition.
L'UNION EUROPÉENNE ADOPTE UN PLAN D'ACTION SUR L'IMMIGRATION KURDE L'afflux des quelques centaines de réfugiés kurdes en Italie continue de préoccuper les Européens. Après la réunion des chefs de police à Rome, le 26 janvier les ministres des Affaires étrangères des Quinze ont longuement débattu de cette question à Bruxelles et adopté " un plan d'action ". Ce plan sécuritaire fait la part belle aux thèses allemandes. La plupart de ces réfugiés kurdes d'Irak ou de Turquie sont des " immigrés économiques " qui font appel à " des gangs pour atteindre des destinations en Europe du Nord où des amis et des parents sont déjà installés " affirme le document commun qui reconnaît cependant que " certains ont des raisons légitimes de chercher asile en Europe ". Les Quinze préconisent " une limitation des abus de droits d'asile " par une harmonisation des règles et par une mise en uvre de la Convention de Dublin, qui permet de renvoyer les immigrés illégaux dans le premier pays d'accueil et de créer un statut de protection temporaire pour éviter l'octroi de l'asile. Ils prônent également " une meilleure coopération entre les polices pour les contrôles aux frontières extérieures de l'UE et pour lutter contre les passeurs souvent liés au crime organisé ", de même qu'une collaboration entre les services consulaires. Il est notamment envisagé de créer une base européenne d'empreintes digitales de tous les réfugiés et demandeurs d'asile. Enfin les Quinze évoquent " la possibilité d'agir à la racine des problèmes en aidant la Turquie... " et soulignent l'importance de " venir en aide aux populations kurdes d'Irak ".
Ce plan a été vivement critiqué par des organisations de défense des droits de l'homme qui parlent de limitations graves au droit d'asile et aux libertés. Pour Friso Roscam Abbing, du Conseil européen pour les réfugiés et exilés, cité par The Independent de Londres du 29 janvier, " ce plan est extrêmement décevant. 33 de ses 47 points concernent le renforcement des contrôles et cherchent à rendre plus difficile l'entrée des Kurdes ". Dans une lettre à la présidence britannique, le Conseil, basé à Londres, accuse les Etats membres de l'UE " de manquer de développer une politique humaine d'asile et d'appliquer le système actuel, connu comme la Convention de Dublin, d'une manière tellement inflexible qu'il a pour effet de séparer familles et communautés et de maximiser la misère humaine ". Le Haut commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés, Mme. Osaka, a, de son côté déclaré, que la solution aux problèmes des réfugiés n'était pas l'exclusion, le contrôle policier ou la restriction du droit d'asile mais une action concertée pour résoudre les problèmes à la source. Pour sa part, M. Klaus Kinkel, ministre allemand des Affaires étrangères a déclaré le 26 janvier que l'Allemagne offre déjà l'asile à 100.000 personnes, plus que les États-Unis et deux fois plus que tous les autres pays d'Union européenne réunis ". " Nous ne pouvons accueillir la souffrance du monde entier " a-t-il conclu. Le 30 janvier, les ministres de l'intérieur et de la Justice des Quinze, réunis à Birmingham ont lancé un appel pour que le plan d'action sur l'immigration kurde soit rapidement mis en uvre. " Il ne faut pas que ce soit juste un autre papier pour l'Union européenne " a martelé le ministre britannique de l'Intérieur Jack Straw, qui a présidé cette réunion.
L'OPÉRATION " MAINS PROPRES " N'AURA PAS LIEU Le feuilleton des révélations sur les liens entre certains services de l'Etat turc, la mafia et les escadrons de la mort continue d'occuper une large place dans les média turcs. Intervenant longuement à la télévision, le jeudi 23 janvier, le Premier ministre a confirmé qu'entre 1993 et 1997 des criminels recherchés par la justice, des barons de la mafia de drogue, des magnats des casinos avaient bénéficié de complicités importantes et haut placées dans la police, les services de renseignement (MIT), la gendarmerie, plusieurs ministères, dont ceux de l'Intérieur, des Finances du Tourisme et des douanes, et que " ces gangs étaient sur le point de s'emparer de l'Etat ". Au nom de la défense de la patrie et de la lutte contre le terrorisme, l'Etat a utilisé des hommes de main et des trafiquants de drogue comme tueurs à gages pour se débarrasser des nationalistes kurdes, (écrivains, journalistes, hommes politiques, hommes d'affaires, syndicalistes etc., contre lesquels les moyens légaux s'avéraient inefficaces. Ces criminels, comme A. Çatli et M. Yildirim dit Yesil, ont pu bénéficier de plusieurs jeux de cartes de police, de cartes d'identité et de passeports diplomatiques. Cette mafia travaillant main dans la main avec les forces de sécurité et pilotée par Mehmet Agar, ancien directeur général de la Sûreté, ancien ministre de l'Intérieur du gouvernement Çiller, a tenté un coup d'Etat en Azerbaïdjan afin de renverser le président Aliev, en vue de mieux s'assurer des routes de transit de drogue passant par cette république et par la Turkménie. Pour les mêmes raisons il y a eu, en 1995, une tentative d'assassinat contre le président géorgien Edouard Chevernadze considéré comme " peu coopératif ".
Le roi des casinos, Ömer Topal dont les 17 établissements regroupés sous l'enseigne Emperyal était devenu un personnage puissant en mesure de donner des ordres aux préfets, aux directeurs de sûreté voire à certains membres du gouvernement. Malgré un chiffre d'affaires de deux milliards de dollars de son empire jouant un rôle clé dans le blanchiment de l'argent noir de la drogue il a pu obtenir un crédit de $15 millions d'une banque d'Etat turque Eximbank pour construire ses luxueux hôtels et casinos en Azerbaïdjan et en Turkménie.
Rappelant que ce scandale, par son ampleur et sa gravité, était " sans précèdent dans l'histoire de la République turque ", le Premier ministre a parlé de la nécessité de " nettoyer l'Etat ". Ce gros bonnet de la drogue, recherché par les polices américaine et européennes voyageait avec des passeports diplomatiques et les plus hauts dirigeants turcs, dont le président Demirel, descendaient dans ses hôtels.
C'est précisément là que l'opinion reste incrédule. D'une part parce que contre toute évidence, M. Yilmaz inscrit le scandale uniquement dans la période de 1993-1997 correspondant au règne de Tansu Çiller et cela donne un air de règlement de comptes d'autant qu'il est en Turquie de notoriété publique que des escadrons de la mort opèrent depuis une vingtaine d'années sous la direction du Bureau de la guerre spéciale (Özel Harp Dairesi) de l'armée, considéré comme l'équivalent turc du Gladio italien. M. Yilmaz tient ostensiblement à dédouaner l'armée.
Pour lui des officiers, y compris des généraux, impliqués dans ce scandale appartiennent à la gendarmerie; l'armée est restée propre. Ce que conteste à la fois plusieurs députés du Parti républicain du peuple (CHP) ainsi que l'ancien président de la Commission d'enquête parlementaire le député Elkatmis. Ce dernier demande pour quelles raisons le rapport ne mentionne même pas l'assassinat du général Esref Bitlis, commandant en chef de la gendarmerie, partisan comme le président Özal d'une solution pacifique au problème kurde.
Enfin le fait que le gouvernement n'ait rendu public qu'une version censurée du rapport d'inspection, déjà en lui-même limité dans le temps, nourrit les soupçons d'étouffement. Les 11 pages censurées recèleraients des " secrets d'Etat " sur les opérations menées dans les provinces kurdes, les meurtres des journalistes et certaines opérations extérieures des services turcs comme les attendants anti-arméniens en France.
Dans son tallk-show 32. Gün, le journaliste M. Ali Birand a, le 27 janvier, révélé certains passages de cette partie censurée. En voici des extraits concernant les assassinats de nationalistes kurdes tels qu'ils sont publiés par les quotidiens Sabah et Hürriyet du 29 janvier :
" Alors qu'il était évident qui il était et ce qu'il faisait, l'Etat n'arrivait pas à mater Canturk. Les moyens légaux s'étant révélés insuffisants les locaux de son quotidien Özgür Gündem (NdT. quotidien pro-kurde d'Istanbul) ont été plastiqués et détruits. Alors qu'on s'attendait à ce que Behçet Canturk se soumette à l'Etat, il a entrepris de mettre en place de nouvelles installations afin de poursuivre la publications de ce quotidien. La Direction nationale de la Sûreté a alors décidé de sa mort. Et cette décision a été exécutée. Ainsi un nom a été rayé de la liste des près de '100 hommes d'affaires financeurs du PKK ' selon les termes du Premier ministre de l'époque ".
Le rapport souligne que dans la Région d'état d'urgence peuplée de Kurdes " des gens fichés comme des partisans du PKK mais qu'on ne pouvait contrer par des moyens légaux ont été condamnées à mort de la même manière par la Sûreté nationale et exécutés (...). Quand on considère les caractéristiques des personnes exécutés au cours de ces actions, on relevé que les exécutions réalisées hors de la Région d'état d'urgence concernaient surtout des hommes ayant une puissance financière, dans la Région elle-même des nationalistes kurdes ordinaires ont été abattus. Cela est valable pour l'assassinat de Savas Buldan (NdT. homme d'affaires) (...). C'est également le cas des assassinats de Medet Serhat (avocat), Metin Can, Vedat Aydin (président de la fédération de Diyarbakir du HEP). Ceux qui ont mené des actions contraires à l'unité et à l'intégrité du pays ont mérité leur punition. Le seul différend qui nous oppose aux auteurs (de ces assassinats) concerne les modalités de ces actions et leurs conséquences. Ainsi dans l'assassinat de Musa Anter (poète âgé de 74 ans) même ceux qui avaient approuvé toutes les autres action ont éprouvé des regrets. Musa Anter n'était pas engagé dans une action armée, il s'occupait de la philosophie de la chose et son assassinat a engendré des réactions dépassant sa véritable efficacité et de ce fait la décision de le tuer était erronée. Il y a également d'autres journalistes qui ont été assassinés ".
Ce coin de voile levé sur les fameux " meurtres non élucidés " n'a, à ce jour, donné lieu à aucune action en justice. Depuis 1992 plus de 4000 " meurtres politiques non élucidés " ont été commis dans le Kurdistan turc.
|