La répression sanglante qui sévit en Syrie depuis de longs mois révèle la nature milicienne du clan Assad au pouvoir depuis 1970. Trente ans après les massacres de Hama, le pouvoir syrien se particularise de nouveau par sa guerre contre sa société, comme l’avait analysé Michel Seurat (1947-1986), autre victime du régime Assad. La destruction de l’espace urbain, de Deraa à Homs, en passant par les zones désertiques ou les côtes, va de pair par la volonté affichée de Damas de déstabiliser deux pays fragiles de la région, l’Irak et le Liban.
Le colloque organisé par l’Institut kurde sur la Syrie part de l’urgence de s’interroger autant sur les ressorts de survie d’un régime aux abois que sur les dynamiques de résistance d’une société menacée dans son existence même.
Quels sont les acteurs d’une contestation surtout provinciale qui change pourtant la « carte politique » du pays dans son ensemble ? Quelles sont les chances des instances politiques de l’opposition syrienne qui se structure depuis l’exil ? Quel rôle les courants politiques, islamiste, libéral ou de gauche, jouent-ils dans l’espace politique dissidente ? Dans quelle mesure la donne confessionnelle participe-t-elle de la répression ou de la contestation ? Quelles marges de manœuvre disposent les minorités chrétiennes du pays ? Quelle place les acteurs kurdes occupent-ils dans la résistance ? Comment analyser le poids des « grands Etats » de la région (l’Arabie saoudite, l’Iran et la Turquie) dans l’évolution de la crise syrienne ?
Telles sont quelques-unes des questions auxquelles les spécialistes de la Syrie et des personnalités syriennes réunis pour l’occasion tenteront de répondre.